L'Espagne n'a finalement enregistré en 2011 qu'une croissance du PIB de 0,4%, contre 0,7% annoncé dans un premier temps, a annoncé, hier, l'Institut national de la statistique (Ine), ce qui confirme la faiblesse de son économie, retournée en récession depuis. L'institut a par ailleurs publié un recul du PIB en 2010 plus prononcé qu'estimé auparavant, le chiffrant à -0,3% contre -0,1% précédemment, tandis que les chiffres de 2008 (-3,7%) et de 2009 (0,9%) demeuraient inchangés. La quatrième économie de la zone euro, privée depuis 2008 de son moteur de croissance, la construction, peine depuis à se relever et a renoué ces derniers mois avec la récession, à peine deux ans après en être sortie. Le gouvernement table d'ailleurs sur un recul du PIB de 1,5% en 2012, puis de 0,5% en 2013. Et dans ce sombre panorama, ses difficultés à se financer, face à des investisseurs de plus en plus méfiants, augmentent la probabilité qu'elle doive solliciter, cet automne, un sauvetage financier auprès de l'Union européenne. Le pays bénéficie déjà, depuis juin, d'une ligne de crédit pouvant aller jusqu'à 100 milliards d'euros pour renflouer ses banques, une somme qui devrait être débloquée dans les prochaines semaines. Dans son communiqué, l'Ine explique, hier, sa révision des chiffres de la croissance par "l'intégration de données statistiques de caractère structurel" qui n'avaient pas été prises en compte jusqu'à présent, notamment celles concernant les entreprises, les services ou encore l'agriculture. De même, l'Ine a ajouté dans son calcul les données définitives de certaines statistiques jusqu'alors connues uniquement sous forme provisoire. L'Espagne n'utilisera qu'environ 60 milliards d'euros de l'aide aux banques L'Espagne ne prévoit d'utiliser qu'environ 60 milliards d'euros sur les cent milliards offerts par la zone euro pour renflouer ses banques, a déclaré le ministre de l'Economie Luis de Guindos dans un entretien publié, hier, par l'International Herald Tribune (IHT). Deux premiers audits indépendants évaluaient en juin à 62 milliards d'euros les besoins du secteur financier espagnol, fragilisé par son exposition au secteur immobilier sinistré depuis l'éclatement de la bulle en 2008. Mais le gouvernement attend encore les résultats des audits de quatre cabinets qui lui permettront de fixer le montant dont ont besoin ses banques. "Je ne pense pas que cela sera très différent" par rapport aux 62 milliards d'euros, a indiqué le ministre au IHT. Quant à l'hypothèse de voir l'Espagne présenter une demande de sauvetage global auprès de la zone euro, condition fixée par la Banque centrale européenne (BCE) pour acheter des obligations espagnoles, de concert avec les fonds de secours européens, et faire ainsi baisser ses coûts d'emprunts très élevés, "c'est quelque chose qui reste complètement ouvert", précise le ministre. Le chef du gouvernement, Mariano Rajoy, a déclaré à plusieurs reprises que l'Espagne attendait d'en savoir plus sur les conditions fixées par la BCE en échange de son intervention, avant de se décider à y faire appel. La pression monte en ce sens depuis plusieurs semaines, le pays devant faire face au mois d'octobre à de lourdes échéances de dette alors qu'il est forcé de concéder des taux d'intérêt très élevés pour se financer auprès d'investisseurs méfiants. "Le gouvernement espagnol admet que l'intervention de la BCE sur le marché secondaire ne doit pas entraîner une diminution de l'effort de réduction du déficit public, et nous devons rassurer la BCE en lui assurant que nous allons respecter notre engagement", a ajouté Luis de Guindos au Herald Tribune. Au prix d'un effort de rigueur historique, visant à récupérer 102 milliards d'euros, entre coupes budgétaires et hausses d'impôts, sur les deux ans et demi à venir, le gouvernement espère ramener le déficit public de 8,9% en 2011 à moins de 3% en 2014.