La croissance de l'Inde a ralenti à 5,5% sur un an au premier trimestre de l'exercice 2012/13, mais s'est accélérée par rapport au trimestre précédent et s'avère supérieure aux prévisions des analystes, selon des statistiques publiées vendredi. La progression du Produit intérieur brut (PIB) est plus rapide que les 5,3% anticipés par les marchés et que les 5,3% enregistrés au dernier trimestre 2011/2012 (janvier-mars). Elle reste toutefois très loin de la croissance à deux chiffres observée en moyenne au cours de la décennie passée par la troisième puissance économique d'Asie, aux prises avec des difficultés d'ordres financier, monétaire et plus largement structurels. La production manufacturière ne s'est accrue que de 0,2% lors du trimestre sous revue, tandis que le secteur du BTP a vu son activité augmenter de 10,9%. "Le ralentissement actuel a des explications diverses, et nous ne voyons pas grand chose à l'horizon qui puisse dévier la croissance de son cours", a estimé Glenn Levine, analyste chez Moody's Analytics, qui avait néanmoins tablé sur un plus modeste 5,2% du PIB pour le premier trimestre. L'annonce de ces chiffres n'a pas notablement modifié l'orientation de la Bourse de Bombay qui cédait 0,20% à 17 506,39 points à midi (06H30 GMT). La situation de l'Inde s'est détériorée ces derniers mois en raison notamment d'une forte inflation, de taux d'intérêt élevés, d'un important déficit budgétaire, d'une roupie malmenée et de restrictions à l'investissement qui limitent l'afflux de capitaux étranger. Les chiffres de la croissance indienne restent toutefois enviables selon les critères des pays développés, mais ils demeurent encore bien éloignés des 10% souhaités par le gouvernement pour pouvoir sortir de la misère les millions d'Indiens vivant encore sous le seuil de pauvreté. Le Premier ministre, Manmohan Singh, a récemment promis de "tout faire pour encourager l'investissement" au moyen, notamment, d'une hausse des dépenses dans des projets d'infrastructures, citant les réseaux routier, ferroviaire et électrique, notoirement déficients. Ses engagements sont cependant peu pris au sérieux par la population et les milieux économiques qui lui reprochent sa passivité et son incapacité à relancer la machine. Le gouvernement a encore renforcé les inquiétudes jeudi en révisant en catimini une série d'indicateurs. Parmi les changements, l'Office central des statistiques (CSO) a fortement baissé le taux de croissance du dernier trimestre de l'année fiscale 2009 finissant en mars. Celui-ci est passé de 5,9% à 3,5%. "Une révision d'une telle ampleur plus de trois ans après les faits ne suscite pas la confiance dans ces chiffres", a déclaré l'économiste de Credit Suisse Robert Prior-Wandesforde. Selon le CSO, les révisions sont dues à une nouvelle méthode de calcul de la production industrielle: élément clef du PIB et baromètre de l'activité économique, celle-ci s'est contractée de 1,8% en juin sur un an, en raison d'une baisse de la production manufacturière. Globalement, le gouvernement table sur une croissance marginalement supérieure à celle de 2011/2012 (6,5%), estimation confirmée par la Commission du conseil économique auprès du Premier ministre. Mais ces prévisions sont raillées par certains économistes et l'opposition qui les jugent trop optimistes. Sujan Hajra, analyste chez Anand Rathi Securities, prévoit ainsi pas plus de 5,8% de croissance alors que les services (commerce, transport, communication), après le secteur manufacturier, semblent à leur tour marquer le pas, a-t-il indiqué à l'agence financière DowJones Newswire.