Les prix des métaux industriels échangés au London Metal Exchange (LME) se sont repliés cette semaine dans un marché dominé par la prudence, l'attention des investisseurs étant happée par un discours jugé crucial du président de la Réserve fédérale américaine (Fed). Après un week-end prolongé, le marché londonien étant fermé lundi en raison d'un jour férié au Royaume-Uni, les cours des métaux sont restés dans l'ensemble cantonnés dans une fourchette étroite tout au long de la semaine. "Les prix se sont pour l'essentiel stabilisés, alors que les investisseurs restaient sur le qui-vive avant le discours de Ben Bernanke", a souligné William Adams, analyste de la société Fast Markets. Dans ce contexte, les opérateurs ont fait peu de cas des indicateurs américains contrastés publiés dans la semaine - forte baisse du moral des ménages pour août, mais nette progression de la consommation des ménages en juillet et stabilisation des inscriptions hebdomadaires au chômage la semaine précédente. Le président de la Fed s'est exprimé cette semaine lors d'un séminaire de politique monétaire internationale à Jackson Hole (Wyoming), un discours guetté avidement par les investisseurs, en quêtes d'indices sur une nouvelle phase d'assouplissement monétaire de l'institution. Des mesures de la Fed pour soutenir un environnement économique morose peuvent se traduire par des injections de liquidités dans l'économie, de nature à stimuler les investissements dans les matières premières. "Comme on a beaucoup parlé (sur les marchés) d'éventuelles mesures de la Fed, la marge de déception était importante", poussant les opérateurs à jouer la carte de la prudence, a observé M. Adams. Finalement, M. Bernanke a jugé que la situation économique était "loin d'être satisfaisante" et que la Fed était prête à agir davantage si nécessaire, mais sans toutefois prendre d'engagement formel, ce qui a poussé le marché a accentuer légèrement ses pertes, dans un climat d'indécision persistante. "Au-delà du discours de M. Bernanke, les marchés vont aborder septembre prudemment, avec d'importants développements macroéconomiques en perspective dans la zone euro, notamment une réunion de la Banque centrale européenne (BCE) le 6 septembre", a souligné Edward Meir, expert du courtier INTL FCStone. Cette réunion s'annonce "importante puisque, pour s'y préparer, le président de la BCE Mario Draghi a décidé de ne pas se rendre à Jackson Hole", a précisé M. Meir, ajoutant que les actions de la BCE pour enrayer la crise dans la zone euro et les développements pour la Grèce, dans une situation financière critique, devraient continuer de hanter le marché des métaux. "Les mesures, ou l'absence de mesures, des banques centrales américaine et européenne devraient continuer d'orienter le marché, mais l'attention devrait être (à plus long terme) focalisée sur la Chine", premier pays consommateur de métaux et dont l'activité manufacturière montre toujours des signes de faiblesse, ont estimé de leur côté les experts de Barclays Capital.Le prix de l'ETAIN a perdu jusqu'à 7% cette semaine, dégringolant après l'annonce mercredi du principal producteur indonésien de ce métal, PT Timah, qu'il reprenait ses ventes d'étain. Il avait stoppé ses approvisionnements d'étain début août, jugeant trop bas les prix pratiqués sur le marché mondial. Depuis, les cours s'étaient vivement ressaisis, atteignant ce mardi 20.885 dollars la tonne, un sommet depuis début mai. L'Indonésie est le premier pays exportateur d'étain, avec environ 20% de la production mondiale. Sur le LME, la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s'échangeait à 7 563 dollars cette semaine contre 7 660 dollars une semaine plus tôt vers la même heure. L'aluminium valait 1 877 dollars la tonne contre 1 918 dollars. Le plomb valait 1 952 dollars la tonne contre 1 967 dollars. L'étain valait 19 450 dollars la tonne contre 20 325 dollars. Le nickel valait 15 905 dollars la tonne contre 16 531 dollars. Le zinc valait 1 824 dollars la tonne contre 1 882 dollars.