Les prix des métaux industriels échangés au London Metal Exchange (LME) ont fortement trébuché cette semaine, dans un marché miné par des indicateurs moroses en Europe comme aux Etats-Unis, qui ont ravivé les inquiétudes des investisseurs sur la croissance économique mondiale. Le répit enregistré fin avril par les cours des métaux de base aura été de courte durée: la première semaine de mai les a vu reculer de concert, le cuivre (baromètre du marché) abandonnant ainsi environ 3,5%. "Les inquiétudes persistantes sur le ralentissement de la croissance économique en Europe, en Chine et aux Etats-Unis pèsent fortement sur les cours", a constaté Edward Meir, analyste du courtier INTL FCStone. "Le marché des métaux manque d'élan, et il est bien en peine de tirer quoi que ce soit de positif dans la salve de statistiques macroéconomiques moroses qu'il a dû digérer" cette semaine, a-t-il souligné. Le ton a été donné dès lundi, avec l'annonce d'un retour de l'Espagne en récession en début d'année, alors que les difficultés du pays alimentent les craintes croissantes d'une aggravation de la crise de la dette dans la zone euro. Les cours des métaux "continuent de pâtir des incertitudes sur les perspectives économiques européennes, qui se conjuguent à la réticence de la Banque centrale européenne (BCE) à assouplir de nouveau sa politique monétaire" pour soutenir l'économie, a remarqué Michael Hewson, analyste du courtier CMC Markets. "La détérioration des indicateurs européens renforcent les risques que la récession dans les pays périphériques de la zone euro soit encore plus sévère qu'attendu", a-t-il ajouté. La tenue d'élections ce week-end en Grèce et en France ajoutaient encore à la nervosité du marché. Mais les investisseurs ont également tourné leur attention cette semaine vers les Etats-Unis. Ainsi, après avoir salué mardi une accélération de l'activité manufacturière américaine en avril, le marché a été refroidi mercredi par les estimations du cabinet de ressources humaines ADP, montrant que les embauches du secteur privé aux Etats-Unis avaient nettement ralenti le mois dernier, puis par l'annonce jeudi d'un ralentissement de l'activité des services dans le pays. Vendredi, les prix des métaux ont nettement accru leurs pertes, après le rapport mensuel sur l'emploi du département américain du Travail, considéré comme crucial pour évaluer la vigueur de la première économie mondiale. Ce rapport a tout de même fait état d'un recul inattendu du taux de chômage en avril, mais le nombre des créations nettes d'emploi en avril s'est cependant révélé inférieur aux prévisions des analystes, précipitant un mouvement de vente massive sur l'ensemble des marchés de matières premières. Dans cet environnement, le marché va rester "miné par une croissance mondiale décevante, la faiblesse de la demande chinoise, une production de métaux croissante, et un regain d'aversion des investisseurs pour les actifs jugés risqués (tel les matières premières) face aux dangers pesant sur la zone euro", a estimé Ross Strachan, analyste de Capital Economics. Selon les experts de Capital Economics, les prix du métal rouge pourraient d'ailleurs tomber à 6 000 dollars la tonne d'ici à la fin de l'année. Ces prévisions sur le cuivre étaient tempérées par Edward Meir qui ne croit pas à "un effondrement des prix", estimant que "l'économie américaine parvient encore à aller de l'avant et que la demande chinoise, bien qu'en repli, reste robuste", sans compter "les tensions persistantes" sur l'offre mondiale de métal rouge. Sur le LME, la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s'échangeait à 8 173 dollars cette semaine contre 8 408 dollars la semaine précédente à la même heure. L'aluminium valait 2 074 dollars la tonne contre 2 106 dollars. Le plomb valait 2 089 dollars la tonne contre 2 137 dollars. L'étain valait 21 575 dollars la tonne contre 22 451 dollars. Le nickel valait 17 456 dollars la tonne contre 18 362 dollars. Le zinc valait dollars 1 991 la tonne contre 2 042 dollars.