Décidément, la pomme de terre n'est plus le tubercule du pauvre, bien au contraire. Très appréciée par le consommateur algérien, la pomme de terre n'est pourtant plus accessible aux petites bourses, aux familles nombreuses, en particulier. Depuis quelque temps, son prix n'a pas descendu de la barre des 50 DA. En effet, à 60 et 65 DA le kilo, peu de gens peuvent, hélas, s'en procurer. Autrement dit, les frites deviennent un produit de luxe, ou presque, avec le doublement des prix de la pomme de terre, une envolée reflétant à la fois les mauvaises récoltes du tubercule et la spéculation qui gangrène le circuit de commercialisation. Par ailleurs, si l'oignon et la carotte sont proposés à 30 et 35 DA, les haricots verts sont proposés quant à eux à 60 DA, tout comme les poivrons et les aubergines. Néanmoins, d'autres produits maraîchers affichent tout de même des prix relativement abordables, grâce à une baisse constatée ces derniers jours à l'image de la tomate cédée à 25 DA et de la courgette à 35 DA. Côté fruits, la banane coûte 80 DA le kilo cela s'entend et la fraise 60 DA. Les belles pommes bien de chez nous sont écoulées à partir de 30 DA. Hormis ces fruits là, les autres restent pratiquement inaccessibles. La pêche à 140 et 150 DA, la cerise à 600 DA. Des prix qui donnent le tournis. Pour revenir aux prix de la pomme de terre, ils ont été multipliés par quatre en un an, pas seulement en Algérie, mais dans beaucoup de pays. Une hausse imputable aux mauvaises récoltes de l'été dernier en Europe. Mais pas seulement. Les agriculteurs délaissent la pomme de terre pour les biocarburants. Moins cultivé qu'avant, le tubercule devient rare et donc cher. En Algérie, les producteurs de la pomme de terre ont dû renoncer à l'activité durant la saison précédente à cause de la cherté des semences. Il faut, avant tout, savoir à ce propos que la quasi-totalité de la semence de ce tubercule est importée. Les besoins sont estimés à 120 000 tonnes alors que la production nationale ne dépasse pas les 30 000 tonnes. Il est donc nécessaire d'importer annuellement près de 95 000 tonnes de semences, les principaux pays fournisseurs sont la Hollande, le Danemark, la Belgique, la France et le Canada. La cherté de la semence a fait donc fuir les agriculteurs. Beaucoup d'entre eux ont renoncé à la plantation du tubercule et choisi d'autres créneaux de production. Cela induit forcément une réduction sensible dans la production comparativement aux saisons précédentes, notamment celle de 2005 où la filière a enregistré une surproduction de 500 000 tonnes. Aujourd'hui, les donnes ont changé. Et le malheur du consommateur ne s'arrête pas là. Car même s'il souhaite bouder le tubercule, il faudra que les autres produits maraîchers affichent des prix raisonnables. Ce qui n'est malheureusement pas évident dans tous les cas de figure.