La récession européenne freine l'économie mondiale, a averti l'OCDE, revoyant à la baisse ses prévisions de croissance pour 2012 pour la quasi-totalité des pays riches du G7 et appelant les Européens à agir de manière coordonnée. "La situation économique mondiale se détériore en grande partie du fait que celle de la zone euro continue de se détériorer et qu'une solution complète doit encore être mise en place et appliquée", a lancé à Paris l'économiste en chef du club des pays riches, Pier Carlo Padoan. "La récession européenne ralentit l'économie mondiale", résume l'Organisation de coopération et de développement économiques dans la présentation de son rapport. Elle révise en conséquence à la baisse ses prévisions de croissance pour 2012 pour la quasi-totalité des pays riches du G7 (Etats-Unis, Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie et Canada), à l'exception du Japon, dont l'activité est soutenue par les efforts de reconstruction après le tremblement de terre et tsunami de mars 2011. Qui plus est, "une ultérieure intensification de l'instabilité de la zone euro aurait des effets de contagion significatifs pour la demande mondiale", souligne l'OCDE. Elle fait un autre constat, encore plus alarmant: "au sein de la zone euro, la faiblesse de la périphérie", c'est-à-dire essentiellement des Etats du Sud en difficulté comme la Grèce et l'Espagne, "est en train de s'étendre aux principaux pays". Du coup, les trois premières économies de la monnaie unique voient leur activité marquer le pas, voire reculer. L'Allemagne, principal moteur continental, ne devrait enregistrer qu'une croissance de 0,8% cette année (contre 1,2% attendus dans les précédentes prévisions publiées en mai), et traverserait même une légère récession au second semestre. La France verrait son économie stagner (+0,1% en 2012, contre +0,6 auparavant) et l'Italie devrait encaisser une récession de 2,4%, encore plus profonde qu'attendu jusque-là (-1,7%). La révision à la baisse de la croissance est en revanche minime s'agissant des Etats-Unis (2,3% cette année contre 2,4% auparavant). Elle est plus importante au Canada (+1,9% au lieu de 2,2%). Au Japon, l'OCDE table désormais sur une croissance de 2,2% (contre 2% dans les précédentes prévisions publiées en mai). M. Padoan, appelle à des "ajustements qui doivent impliquer tous les pays de la zone euro, tant débiteurs que créditeurs", les premiers devant rétablir leur compétitivité, poursuivre l'assainissement budgétaire, faire preuve de "retenue" dans l'évolution des salaires, mener des "réformes structurelles". Les créditeurs comme l'Allemagne devraient eux "accepter plus d'inflation par les salaires qui, au passage, soutiendrait la consommation", a-t-il jugé. Dans son rapport, l'organisation appelait également la Banque centrale européenne (BCE), réunie au même moment à Francfort, à intervenir sur le marché de la dette pour ramener les taux d'intérêts des Etats en difficulté de la zone euro à des niveaux "justifiés". "Il est crucial d'enrayer les craintes" d'un éclatement de l'Union monétaire et "cela peut être réalisé par la BCE en intervenant sur les marchés de la dette", insistait l'OCDE dans ce document diffusé en fin de matinée. En clair, racheter de la dette publique espagnole et italienne. Dans l'après-midi, le président de la BCE, Mario Draghi, a annoncé que la banque centrale allait intervenir de manière illimitée sur le marché de la dette des Etats de la zone euro. La BCE va lancer un nouveau programme, baptisé "Outright monetary transactions" (OMT) moyennant des efforts accrus d'assainissement de leurs finances publiques par les Etats qui souhaitent en bénéficier. Mais selon l'OCDE, elle devrait aussi abaisser ses taux directeurs, ou à tout le moins celui auquel elle prête aux banques. Les gouvernements de la zone euro doivent de leur côté accélérer leur projet d'union bancaire, avec une garantie des dépôts et un mécanisme de résolution des crises communs. La balance des comptes courants en excédent au 2e trimestre L'Union européenne a enregistré au deuxième trimestre un excédent de la balance des comptes courants de 4,6 milliards d'euros, contre un déficit de 37,1 milliards un an plus tôt, selon une première estimation publiée par l'office européen de statistiques Eurostat. Ce retour dans le vert s'explique à la fois par la forte réduction du déficit des biens (-12,2 milliards d'euros contre -41 milliards un an plus tôt), une diminution du déficit des revenus (-1,8 milliard contre -12,5 milliards un an plus tôt), et un accroissement de l'excédent du compte des services, passé en un an de 28,2 milliards à 32,5 milliards. La balance des comptes courants est la mesure la plus large des échanges de l'UE avec l'extérieur. Au premier trimestre, les comptes courants de l'UE à 27 avaient connu un déficit de 4,1 milliards d'euros (contre 8,8 milliards estimés précédemment), selon Eurostat. La balance des comptes courants de la seule zone euro a enregistré un excédent de 13,8 milliards d'euros au deuxième trimestre, contre un déficit de 18,6 milliards un an plus tôt et un déficit de 6 milliards au premier trimestre.