Les principales Bourses européennes ont ouvert sur une note prudente, hier, au début d'une nouvelle semaine cruciale pour l'avenir de la zone euro, sur fond d'inquiétudes pour la conjoncture mondiale. À Paris, le CAC 40 gagnait 0,04% à 3 520,35 points peu après l'ouverture. À Francfort, le Dax progressait de 0,08% et à Londres, le FTSE prenait 0,02%. L'indice paneuropéen Eurostoxx 50 cédait en revanche -0,13%. Aux valeurs, les minières sont recherchées, les investisseurs pariant sur de nouvelles mesures de soutien en Chine et aux Etats-Unis. Le secteur des produits de base signe ainsi la plus forte hausse sectorielle (+0,95%), dans le sillage notamment de Xstrata (+3,3%) après le rejet par le fonds activiste Knight Vinke de l'OPA améliorée de Glencore. "En écartant le risque d'un effondrement immédiat, le président de la BCE Mario Draghi a permis aux investisseurs de détourner les yeux du Sud de l'Europe pour le moment, et de se demander si les sociétés sont bien placées pour retrouver la croissance tout en regardant les fondamentaux pour prendre des décisions en termes d'investissements", estime Jerry Webman, chef économiste chez Oppenheimer Funds. Après l'euphorie suscitée par le plan d'achat d'obligations de la Banque centrale européenne (BCE), la zone euro passera un nouveau test demain à Karlsruhe, où la Cour constitutionnelle allemande doit s'exprimer sur la légalité du nouveau fonds de sauvetage permanent de l'Union européenne, le Mécanisme européen de stabilité (MES). La Grèce reviendra sur le devant la scène en fin de semaine, lors de la réunion de l'Ecofin et de l'Eurogroupe à Nicosie - même si aucune décision sur le déblocage ou non d'une nouvelle tranche d'aide à Athènes n'est prévue avant le rapport de la mission d'inspection de la "troïka" des créanciers internationaux, début octobre. Entre temps, la Réserve fédérale américaine pourrait avoir annoncé des mesures de soutien à l'économie à l'issue de sa réunion de politique monétaire demain et après demain, les investisseurs pariant sur un nouvel assouplissement monétaire (QE) après les chiffres de l'emploi décevants publiés vendredi. Cette perspective de QE aux Etats-Unis soutient l'euro et le yen face au billet vert, même si la monnaie unique recule un peu en ce début de journée pour revenir autour de 1,2790 dollar, soit 20 cents de moins que son plus haut cours de la nuit. Sur le marché obligataire, les taux de rendement des dettes de l'Espagne et de l'Italie se sont fortement détendus en fin de semaine dernière, retombant pour le papier espagnol à dix ans en-dessous de 6% pour la première fois depuis mai. Il remontait légèrement à 5,61%, hier dans les premières cotations. Mais en s'éloignant du seuil de 7% au-delà duquel la Grèce ou l'Irlande ont dû se résoudre à demander un plan de sauvetage, cette baisse des rendements pourrait paradoxalement constituer un obstacle à l'efficacité du plan d'achat d'obligations dévoilé par la BCE, celui-ci étant conditionné à une demande d'aide formelle de la part des Etats. "Le problème, c'est qu'avant que la BCE intervienne, il faut solliciter une aide et que cela n'arrivera que quand des pays comme l'Espagne ou l'Italie seront proches de perdre l'accès aux marchés (pour refinancer leur dette)", note Gianluca Ziglio, stratège chez UBS. Certains analystes pensent donc que les marchés devront faire remonter la pression sur les pays "périphériques" dans les semaines qui viennent pour les convaincre d'accomplir leur part du contrat. Paris reste prudente avant la Fed et le verdict sur le MES La Bourse de Paris oscillait autour de l'équilibre, hier matin, dans un marché attentiste avant le verdict de la Cour constitutionnelle allemande sur le futur fonds de secours européen et la réunion très attendue en milieu de semaine de la Réserve fédérale américaine. L'indice CAC 40 grignotait 0,15% à 3 524,35 points, dans les premiers échanges. Après une progression de près de 2% la semaine dernière, le marché parisien reprend son souffle "avant deux évènements à hauts risques: le verdict de la Cour constitutionnelle allemande et la réunion de la Réserve fédérale américaine", les 12 et 13 septembre, souligne Ishaq Siddiqi, analyste chez ETX Capital. Du côté des valeurs, LVMH (+0,45% à 133,50 euros) n'était pas affecté par le tollé provoqué par le patron du groupe, Bernard Arnault, qui a demandé la naturalisation belge. M. Arnault a tenté dimanche de désamorcer la polémique, réaffirmant qu'il continuera à payer ses impôts en France, en plein débat sur les projets fiscaux du gouvernement. PSA Peugeot Citroën prenait 0,51% à 6,47 euros. Le rapport commandé par le gouvernement pour évaluer la situation du constructeur automobile laisse "en suspens" la question de la fermeture de son usine d'Aulnay-sous-Bois, a indiqué une source proche du dossier. Faurecia enregistrait la plus forte baisse du SBF 120 (-2,95% à 14,30 euros). L'équipementier va lever 220 millions d'euros via une émission d'obligations à option de conversion et/ou d'échange en actions nouvelles ou existantes (OCEANE). Nyse Euronext perdait 2,63% à 19,80 euros, affecté par la chute de ses volumes de transactions sur ses marchés européen et américain. Eurodisney prenait 0,99% à 6,12 euros malgré l'abaissement de recommandation sur son titre d'"acheter" à "neutre" par Natixis, qui craint que les dépenses plus faibles des clients pèsent sur les résultats 2012 du groupe. Francfort: le Dax débute la semaine sans élan La Bourse de Francfort était, hier matin, presque à l'équilibre, des indicateurs asiatiques n'encourageant guère à l'enthousiasme au début d'une semaine chargée en rendez-vous importants, avec une décision de la Cour constitutionnelle allemande et la réunion de la Fed. Peu après l'ouverture, l'indice vedette Dax grignotait 0,01% à 7 215,33 points, tandis que le MDax, indice des valeurs moyennes, prenait 0,25% à 11 205,28 points. Après l'envolée de la semaine dernière, qui a mené le Dax à son plus haut en clôture à la suite de l'annonce, jeudi dernier, d'un nouveau programme de rachats d'obligations d'Etat par la Banque centrale européenne (BCE), "la dynamique va en quelque sorte retomber", anticipe Christian Schmidt, analyste de Helaba. D'autant que "d'importants événements sont à l'agenda cette semaine", ajoute-t-il. L'attention des investisseurs sera en effet concentrée, demain, sur la Cour constitutionnelle allemande, à Karlsruhe, qui doit juger recevable ou non des plaintes visant à bloquer la mise en œuvre du Mécanisme européen de stabilité (MES) et du pacte budgétaire. Un élu conservateur, Peter Gauweiler, a indiqué dimanche avoir déposé un nouveau recours, mais que la Cour n'accepterait pas nécessairement de recevoir, si proche de sa décision. Ensuite, jeudi, est vivement attendue la réunion mensuelle de la Réserve fédérale américaine, qui pourrait aussi prendre de nouvelles mesures extraordinaires pour redynamiser l'économie américaine. En attendant, les investisseurs ne pouvaient guère trouver nouvelles rassurantes en provenance d'Asie, avec une production industrielle en Chine au plus bas depuis plus de trois ans et une croissance revue en légère baisse au Japon, à 0,2% entre avril et juin. Côté valeurs, Lufthansa menait la cote, gagnant 1,73% à 10,30 euros, après un vendredi noir de grève. La mise en place d'une médiation avec le syndicat des hôtesses de l'air et des stewards, qui réclament une hausse de salaire, offre à la compagnie aérienne au moins six semaines de répit. La perspective d'interventions plus marquées des banques centrales continuait de profiter aux valeurs bancaires, Deutsche Bank s'appréciant de 1,39% à 31,79 euros et Commerzbank de 1,22% à 1,41 euros. Munich Re gagnait 0,71% à 121,15 euros, alors que le premier réassureur mondial a indiqué s'attendre à nu maintien des prix début 2013. En queue du Dax, Infineon perdait 1,81% à 5,53 euros, après un abaissement de recommandation de "conserver" à "vendre" par la Deutsche Bank. Suisse : ouverture stable, prudence et manque d'impulsions La Bourse suisse a ouvert à un niveau quasi-inchangé, hier. Les indications en provenance d'outre-Atlantique sont par ailleurs mitigées. Les mauvais chiffres du chômage américain confortant les espoirs d'une action de la banque centrale américaine. Tokyo a clôturé quasi-stable, et Hong Kong sur une note plus ferme. Dans ce contexte, les cycliques et les financières étaient tendanciellement plus demandées, alors que les défensives marquaient le pas. Dans les premiers échanges, le SMI lâchait 0,01% à 6 536,48 points, le SLI montait de 0,34% à 981,87 et le SPI grappillait 0,04% à 6 047,88 points. Swiss Re (+0,2%) prévoit une augmentation modérée des tarifs de réassurance et d'assurance. Le groupe a déclaré être bien positionné pour soutenir ses clients de manière durable, à l'occasion des "Rendez-vous de Monte Carlo". Swiss Life (inchangé), Zurich (inchangé) et Bâloise (-0,3%) faisaient un peu moins bien. UBS (+1,2%) devrait retenir l'attention dans les jours à venir. Aujourd'hui à Londres s'ouvre le procès de Kweku Adoboli, le trader d'UBS jugé pour une fraude ayant coûté 2,3 milliards de dollars à la banque, entre 2008 et 2011. CS (+0,5%) et Julius Bär (+0,2%) avançaient également. Transocean (+2,2%) a annoncé la nomination d'Esa Ikäheimonen au poste de CFO et la vente de 38 plateformes de forage en eaux calmes pour 1,05 milliards de dollars. Le prestataire de services pétroliers prévoit pour le troisième trimestre un correctif de valeur sur les fonds placés à long terme ou sur le goodwill. SGS (inchangé) a annoncé l'achat du laboratoire de tests canadien Ludwig Group basé à Calgary et Edmonton, qui génère un chiffre d'affaires de 7 millions de dollars canadien avec 44 employés. ABB (+0,5%) a vu son objectif de cours abaissé par Goldman Sachs. Les analystes de l'institut maintiennent toutefois la recommandation "buy". D'autres cycliques avaient aussi le vent en poupe comme Holcim (+1,8%), Adecco (+0,7%), Geberit (+0,3%), Swatch (+0,7%). Richemont (+1,0% ou +0,60 franc) est négociée ex-dividende depuis aujourd'hui (dividende 0,55 franc). Straumann (+1,6%) a vu son rating relevé à "Buy" (neutral) par Citigroup. Nobel Biocare s'appréciait aussi de 1,1%. Les grosses capitalisations de la cote baissaient, comme Nestlé (-0,5%), Roche (-0,5%) et Novartis (-0,6%). L'analyste de Merrill Lynch a relevé l'objectif de cours des valeurs pharmaceutiques. Il assortit Roche d'une recommandation d'achat alors que Novartis devrait sous-performer la tendance selon l'analyste. Sur le marché élargi, Newron (+3,0%) a publié ses chiffres semestriels. La société a dégagé un bénéfice pour la première fois de son histoire. Le groupe zurichois Burkhalter (+1,8%) a amélioré ses bénéfices au premier semestre en dépit d'une baisse de ses ventes. Cham Paper Group (-1,9%) a annoncé le départ de son directeur financier Patrick Schmid, après 17 années passées à son service. Le groupe papetier zougois a aussi informé que sa restructuration se déroule plus rapidement que prévu. La Bourse de Tokyo finit en baisse de 0,03% La Bourse de Tokyo a fini quasiment inchangée hier, les pertes des exportateurs, dues à un yen renforcé par les perspectives d'assouplissement monétaire aux Etats-Unis, ayant été compensées par les gains des entreprises qui bénéficieront du programme de construction d'infrastructures en Chine. L'indice Nikkei a perdu -0,03% (2,28 points) à 8 869,37 points alors que le Topix, plus large, a pris 2,17 points (+0,30%) à 737,34 points. Le nouveau programme d'infrastructures chinois a notamment profité à Mitsui (+2,66%), la société nippone la plus sensible à l'évolution marché du fer, et à Sumitomo (+2,01%).
