La Banque centrale de Russie a décidé de relever son principal taux directeur à 8,25%, pour la première fois cette année, une décision visant à contenir les risques inflationnistes.L'institution financière a annoncé qu'elle allait augmenter, à partir de vendredi, d'un quart de point son taux de refinancement, pour le porter à 8,25%. "Cette décision a été prise en raison de la hausse des prix et des attentes concernant l'inflation (...) mais aussi en prenant en compte l'évaluation des perspectives de croissance économique", indique la BCR dans un communiqué. La Banque centrale ajoute avoir observé une hausse significative de l'inflation en août et début septembre, qui a dépassé ses prévisions, en raison notamment de l'augmentation des prix alimentaires. "La dégradation de la situation économique observée sur le marché alimentaire mondial et russe, en prenant en compte l'évaluation de la récolte des principales cultures cette année, est une source significative de risques inflationnistes", explique-t-elle dans son communiqué. Le ministère russe du Développement économique avait revu à la hausse fin août sa prévision d'inflation pour 2012 à 7% contre 5-6% prévus jusqu'alors, prévoyant une hausse des prix alimentaires en raison d'une récolte moins bonne que prévu. Fin août, le ministre de l'Agriculture avait annoncé que la récolte pour 2012 en Russie s'établirait autour de 75 millions de tonnes de céréales, soit nettement moins que ce qui avait été récolté en 2011 (environ 92 millions de tonnes). Par ailleurs, l'inflation risque de grossir au deuxième semestre avec l'augmentation des tarifs de l'électricité et du gaz, dont les hausses avaient été gelées au premier semestre avant la présidentielle et l'élection de Vladimir Poutine. En 2011, les prix à la consommation avaient augmenté de 6,1%, soit le plus bas niveau d'inflation depuis la chute de l'URSS 20 ans auparavant. Il s'agit de la première décision de resserrement monétaire cette année. En décembre 2011, la BCR avait annoncé baisser son taux directeur d'un quart de point à 8%: la première baisse de ce taux depuis juin 2010, époque à laquelle il avait atteint son taux le plus bas à 7,75%. La BCR avait ensuite relevé ce taux à deux reprises d'un quart de point en février puis en avril 2011. La Russie, malmenée par la crise économique mondiale de 2008-2009, avait baissé 14 fois de suite son taux directeur entre décembre 2008 et juin 2010, le faisant passer de 13% à 7,75%. La décision de relever ce taux de la Banque centrale témoigne du fait que la lutte contre l'envolée des prix est une des grandes priorités et que la perspective d'accélération de l'inflation suscite plus de craintes que les risques sur la croissance économique. L'économie russe a en effet remonté la pente depuis son effondrement en 2009, année où son Produit intérieur brut (PIB) avait chuté de 7,8%. En 2011, elle a enregistré une croissance de 4,3% et pour 2012, les autorités tablent sur une hausse dépassant les 4%, a indiqué mercredi le vice-Premier ministre Arkadi Dvorkovitch, cité par l'agence Interfax. Des analystes remettent néanmoins en cause la pertinence d'une telle politique pour contenir l'inflation. "Les récentes hausses de l'inflation ont été alimentées par des facteurs qui échappent au contrôle de la Banque centrale", avait ainsi estimé le cabinet Capital Economics, basé à Londres, avant l'annonce de la décision de la BCR. De plus, relever le taux de refinancement "n'est pas quelque chose qu'apprécient les hommes politiques qui espèrent maintenir de bonnes performances économiques", selon l'analyste de la banque Troïka Dialog, Chris Weafer.