Presque huit mois après le lancement officiel de la “grandiose” manifestation, “Alger, capitale de la culture arabe” que pouvons-nous en retenir ? Difficile d'admettre qu'à Alger comme dans certaines villes de l'intérieur, la culture est célébrée jusqu'à la lie. Il vrai que des œuvres naissent au gré des mois, mais qui les font et qu'elle a été leur portée ? Dans l'arène de l'image et du son, plus d'une dizaine de films ont vu le jour sans pour autant qu'il n'y ait un, qui retienne l'attention, ou qui fasse sensation dans nos rares salles. Film et téléfilms naissent et meurent comme les papillons dans la même journée ! Tant que les 22 films soutenus dans ce cadre là n'ont pas tous vu le jour, il nous reste l'espoir de voir, dans les jours à venir, un produit cinématographique qui fasse date. Même topo du côté de la chose livresque. La ministre de la Culture, Khalida Toumi a annoncé la publication de 1001 livres, englobant tous les domaines et en trois langues (arabe, français, amazigh). Un chiffre jamais atteint depuis l'indépendance, et jamais rêvé par les maisons d'édition les plus huppées, qui, à longueur de conférence, supplient à ce que les pouvoirs publics soutiennent le livre devenu hors de portée. Hormis la revue de la manifestation éditée par tonne, et façonnée dans un amateurisme absolu, aucun ouvrage n'a encore retenu l'attention. Pourtant télé, radio ne ratent jamais de zoomer sur un produit culturel mijoté dans la grosse marmite d'“Alger capitale de la culture arabe”. Quand on sait qu'au XIe siècle El Mamoun, rejeton de Haroun Errachid, a construit ce qu'on appelle la Maison des sages, (Dar el Hikma) où siégeaient, en toute liberté et en toute opulence, des philosophes et des érudits de tout bord qui ont traduit la totalité des œuvres de la Grèce antique, acquises à prix d'or, l'on est tenté de croire que 1001 livres iront seulement encombrer les étals poussiéreux de nos rares bibliothèques. Un ouvrage tout comme un film ne vaut que par sa portée, les chiffres qu'il engrange. A lui seul, le directeur du Théâtre national algérien, (TNA), M'hamed Benguettaf dirige le montage de pas moins de 12 pièces parmi la quarantaine retenue dans ce cadre là. Y a-t-il une seule pièce qui a tourné à guichets fermés parmi celles qui ont été montées ? Aucune ! Et pourtant, Benguettaf a fait appel à des Tunisiens, des Marocains, payés à coup de devise pour la mise en scène de quelques pièces ! Comme si le TNA, n'avait pas comme vocation première la production de pièces, comme si les artistes algériens ne faisaient pas l'affaire ! Hormis ces productions, nous, journalistes et pas le public bien sûr, sommes allés à la rencontre de semaines culturelles étrangères et locales, célébrant de la façon la plus facile un folklore galvaudé à satiété dans des arènes vides. Dans les capitales du monde, des événements de cette ampleur deviennent carrément une ode à la vie et à la culture ; des lumières éclatent sur les murs, des écrans plasma diffusent à longueur de journée sur les supports de transports publics, sur les places populaires des images qui remplissent les cieux d'espoir ! “ Alger, capitale de la culture arabe 2007 ” a reçu un budget de 4,5 millions de dinars et, en cas de besoin, une rallonge est prévue. Quand les sons du baroud et de la gasba se seront tues en 2008, les Algériens se réveilleront encore une fois, avec à la bouche, le goût amer de ne pouvoir se rendre dans une salle de ciné, de voir un film qui les raconte, de lire un livre qui les émeut, de visiter un musée qui ne sent plus l'air humide et poussiéreux.