Les pays occidentaux redoutaient de nouvelles manifestations de colère des musulmans, avant-hier, jour de la grande prière hebdomadaire. Mais à l'exception du Pakistan, où de violents heurts ont fait 15 morts, les rassemblements ont été dans l'ensemble pacifiques. Dans les autres pays musulmans, les protestations anti-américaines ou anti-françaises, à la suite de la publication de nouvelles caricatures du Prophète Mohamed (QSSSL) en France, sont en effet restées relativement isolées après la grande prière du vendredi. Au Pakistan en revanche, les rassemblements organisés avec l'appui du gouvernement en ce vendredi décrété "Journée d'amour du prophète Mahomet" ont attiré des dizaines de milliers de manifestants à Islamabad, Karachi, Peshawar, Lahore, Multan ou bien encore Mudhaffar Abad. Le bilan en soirée était de 13 morts - onze à Karachi, la mégalopole du sud, et quatre à Peshawar, la plus grande ville du nord-ouest - et d'environ 200 blessés en comptant ceux recensés dans la capitale Islamabad, où les manifestants étaient tenus à distance des ambassades occidentales. Accalmie dans les autres pays En Afghanistan voisin, où la police était entrée en contact avec les chefs religieux et tribaux pour qu'ils calment les esprits, les manifestations organisées à Kaboul et à Mazar Sharif n'ont attiré que quelques centaines de personnes. En Irak, la colère contre "L'innocence des musulmans" a débouché sur une démonstration d'unité rarissime à Bassorah, où des milliers de chiites et de sunnites ont défilé ensemble. Des milliers de personnes ont aussi manifesté au Liban en incendiant un drapeau américain, alors qu'un imam prônait le meurtre des acteurs du film. Au Caire, ils n'étaient que quelques dizaines à s'être réunis à proximité de l'ambassade de France, solidement protégée par la police égyptienne. En Tunisie, encore sous le choc des quatre morts et de la trentaine de blessés lors des affrontements du vendredi précédent devant l'ambassade américaine, le gouvernement dirigé par les islamistes modérés d'Ennahda a interdit tout rassemblement. Le parquet demande des précisions au plaignant contre "Charlie Hebdo" Le parquet de Paris a demandé à l'Association syrienne pour la liberté, qui a déposé plainte contre "Charlie Hebdo" pour la publication de caricatures du Prophète Mohomed(QSSSL), des précisions sur la nature de sa plainte, a indiqué avant-hier, une source judiciaire. Cette plainte vise les délits de "provocation publique à la discrimination, provocation à la haine raciale et religieuse et provocation à la violence nationale", avait indiqué jeudi dernier Mohammed Iriqat, conseiller juridique de l'association. Le parquet, explique-t-on de source judiciaire, demande des précisions formelles sur ces différents points. Le parquet de Paris, par ailleurs, n'a toujours pas reçu la plainte de l'Association des musulmans de Meaux contre "Charlie Hebdo", le parquet de cette ville s'étant dessaisi au profit de celui de la capitale. L'Union des organisations islamiques de France (UOIF) a annoncé qu'elle pourrait déposer plainte en début de semaine prochaine contre l'hebdomadaire satirique. L'attaque de Benghazi était "terroriste", selon Clinton C'est une attaque "terroriste" qui a coûté la vie à quatre Américains dont l'ambassadeur des Etats-Unis en Libye Chris Stevens, le 11 septembre, au consulat de Benghazi (est), a déclaré, avant-hier, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton. "Ce qui s'est passé à Benghazi était une attaque terroriste", a expliqué Mme Clinton devant la presse au Département d'Etat. Les Etats-Unis, a-t-elle souligné, ne ménageront pas leurs efforts pour retrouver les "terroristes" et les traduire en justice. De hauts responsables américains avaient expliqué que Washington soupçonnait un attentat perpétré à l'occasion du onzième anniversaire du 11-Septembre et non une manifestation spontanée contre le film anti-islam "Innocence of Muslims" ("Innocence des Musulmans"). Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA), la branche yéménite du réseau terroriste, a affirmé le 15 septembre, sans la revendiquer directement, que l'attaque vengeait la mort auparavant cette année du numéro deux d'Al-Qaïda, Abou Yahia al-Libi. Des manifestants délogent le principal groupe salafiste de son QG Des centaines de manifestants ont délogé vendredi soir le groupe salafiste d'Ansar al-Charia de la caserne qu'il occupait au centre de Benghazi, dans l'est de la Libye, et ont mis le feu à l'installation militaire. Sous la pression des manifestants, les membres du groupe, qui avait été montré du doigt dans l'attaque du consulat américain, ont tiré en l'air avant de quitter la caserne qui a été envahie par des centaines d'habitants de Benghazi qui protestaient contre les milices hors la loi. Les manifestants sont entrés dans la caserne qui a été saccagée, pillée et incendiée. Cette brigade était un grand problème pour nous et pour tout le monde. Auparavant, des dizaines de milliers de Libyens avaient manifesté à Benghazi contre les milices armées, dix jours après l'attaque du consulat américain du 11 septembre 2012 qui avait coûté la vie à l'ambassadeur des Etats-Unis Chris Stevens et trois autres Américains.