Des dizaines de milliers de manifestants sont sortis hier dans le monde musulman pour protester contre les insultes au Prophète et à l'Islam Au Pakistan de violentes manifestations contre le film anti-Islam ont occasionné la mort de 3 personnes. Des milliers de personnes sont également sorties hier au Yémen, en Afghanistan, en Inde, en Indonésie et dans la plupart des pays arabes. Les violences antiaméricaines et antifrançaises redoutées hier sont restées relativement isolées après la grande prière du vendredi dans les pays musulmans, dégénérant toutefois au Pakistan où au moins 13 manifestants ont été tuées et 200 autres blessées, les mesures de sécurité ayant été renforcées dans le monde pour parer à des représailles au film islamophobe produit aux Etats-Unis et aux caricatures du Prophète publiées en France. Deux cinémas et une banque ont été incendiés à Karachi, ville de 18 millions d'habitants. Des heurts à Peshawar, dans le Nord-Ouest, ont également fait deux morts -un manifestant et le chauffeur d'une équipe de télévision tué d'une balle -, dans des chocs entre policiers et manifestants, qui ont aussi saccagé et incendié deux cinémas. Dans ce pays, cinq personnes ont ainsi péri dans des manifestations antiaméricaines depuis le début de la semaine. Les autorités pakistanaises avaient pourtant appelé au calme pour cette journée fériée baptisée «Jour de l'amour du Prophète» dont le but était de permettre à la population de manifester pacifiquement pour la défense de l'Islam et du Prophète. Les forces de sécurité étaient particulièrement en alerte dans la capitale Islamabad où des barrages avaient été disposés pour éviter tout assaut contre l'enclave diplomatique où sont notamment installées les ambassades des Etats-Unis et de France. Au Bangladesh, environ 10 000 personnes ont manifesté sans heurts contre le film islamophobe et les caricatures du Prophète de l'Islam dans l'hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo, brûlant une effigie du président Obama et un drapeau français à Dacca. «Obama, tu es un tricheur», «Monde musulman! Dénonce le déshonneur à l'égard du Prophète Mohamed!», pouvait-on lire sur des banderoles. En Indonésie, quelques dizaines de membres du parti islamiste Islamic Defenders Front (FPI) ont brûlé le drapeau américain devant le consulat des Etats-Unis à Medan (Sumatra) en brandissant des banderoles sur lesquelles on pouvait lire: «Insulter le Prophète Mohamed (Qsssl) mérite la mort» et «Israël et l'Amérique sont des nations terroristes». Environ 200 personnes ont également manifesté devant le consulat de France à Surabaya (est de Java) aux cris de «Mort à l'Amérique, mort à la France». Des milliers de personnes ont aussi manifesté au Liban en brûlant un drapeau américain alors qu'un imam prônait le meurtre des acteurs du film. La Tunisie, de plus en plus aux prises avec des groupes salafistes violents, avait annoncé qu'elle interdirait toute manifestation pour vendredi. Ailleurs, en dehors du Yémen où des centaines de personnes ont manifesté au cri de «Mort à l'Amérique, mort à Israël» à Sanaâ, aucun mouvement violent n'avait été recensé alors que la grande prière avait pris fin dans la quasi-totalité des pays musulmans. Même à Kaboul, où seuls quelques petites manifestations antiaméricaines et antifrançaises pacifiques ont été recensées. Les Occidentaux, Paris en tête, craignent que la publication des caricatures très crues en France n'attise les tensions nées de la diffusion il y a dix jours sur Internet du film amateur «L'innoncence des Musulmans» produit aux Etats-Unis.