La 7ème édition du festival national du théâtre professionnel, qui a pris fin, jeudi dernier, a été marquée par la qualité de la scénographie et l'émergence de nouveaux talents. Durant 12 jours de compétition, le public était au rendez-vous avec les différentes représentations théâtrales inspirées de textes mêlant tragédie et comédie. Le festival a été inauguré par la pièce "Hasla", une comédie sociale sur la spirale du monde du travail écrite par Benamara Mahi et réalisée par Medjahir Haabib. Le théâtre régional de Sidi Bel abbès était présent au festival avec la pièce "Tu fais quoi maintenant ?" écrite et réalisée par Haroun Kilani et qui relate l'histoire de "Djellab", un vieillard qui, à partir de sa baignoire qui lui sert de lit dans un décor macabre, voit les spectres de ses amis morts dans un accident de la route. Par ailleurs, la pièce théâtrale "Nissae bila malamih" (femmes sans traits) de l'association Enawaris des arts, a été présenté lors de cette manifestation culturelle. Adaptée d'une œuvre de l'écrivain irakien Abdelamir Chemkhi, la pièce soulève la problématique de trois jeunes filles unies par une même destinée après avoir été victimes de viol dans une société autoritaire qui les transforme en criminelles. "Imraa Min Warak" (femme en papier) du théâtre régional Azzedine Medjoubi d'Annaba, adaptée d'un roman de Wassini Laaredj, a versé dans la tragédie psychologique à travers un aspect de la souffrance existentielle de l'intellectuel et de l'artiste. C'est l'histoire de l'épouse d'un écrivain qui fait une dépression nerveuse en apprenant que son mari, qui venait de sortir d'un coma, appelait "Meriem" l'héroïne de ses romans. La tragédie et la comédie ont fait la paire à cette 7ème édition. Le public algérois a ainsi pu apprécier des ouvrages dont certains ont brisé des tabous à l'instar de la pièce Wassaa Ettariq (laissez passer) de la troupe égyptienne "Yanayer Theatro" qui s'est livrée a une analyse satirique de la situation de l'après-révolution du 25 janvier 2011. La troupe Masrah El madina du Maroc a gratifié le public de scènes d'humour et de rire avec "Eddok wa sket" (coups et silence) qui traite du conflit conjugal dans la société marocaine. Le "cadavre encerclé", adapté par le théâtre de la Colline de Tizi-Ouzou d'une pièce du même titre de Kateb Yacine revient sur les évènements du 8 mai 1945. Dans une écriture poétique concrétisée dans diverses et riches formes picturales la pièce met en avant la "confrontation" entre la génération ayant vécu ces évènements et celle de la révolution. Selon le metteur en scène Tayeb Dehimi, cette édition s'est distinguée par une importante dynamique qui a favorisé l'émergence de jeunes talents. "Les vocations prometteuses adossées à des choix judicieux ont conféré un niveau de qualité au spectacle", a-t-il ajouté. Contrairement aux représentations hors compétition, présentées dans les dialectes locaux, les œuvres inscrites en compétition étaient en arabe classique ce qui a empêché en quelque sorte le public de bien composer avec les interprètes, ont fait remarquer des observateurs. 17 pièces de différentes régions du pays ont participé à cette édition. En marge de la compétition, des troupes algériennes et étrangères se sont produites à Alger, Tlemcen, Tizi-Ouzou, Médéa, Annaba, Maghnia et Koléa. Un colloque scientifique a été dédié au romancier et écrivain dramaturge Kateb Yacine, revisitant ses œuvres et sa vie.