Les banques espagnoles, fragilisées par l'éclatement de la bulle immobilière, ont besoin de 59,3 milliards d'euros pour se renflouer mais l'aide que leur fournira la zone euro pourrait être significativement inférieure, selon un audit indépendant publié, avant-hier. Sur les 14 banques testées (90% du secteur), celle qui aura le plus besoin d'argent est Bankia, déjà placée sous tutelle publique et dont les besoins sont évalués à 24,7 milliards, a indiqué cet audit supervisé par le cabinet américain Oliver Wyman, qui servira de base pour chiffrer l'aide de la zone euro. C'est justement Bankia qui, en demandant une aide publique d'environ 20 milliards d'euros en mai, avait précipité l'intervention en juin de la zone euro. Cette dernière a promis une enveloppe maximum de 100 milliards d'euros, une ligne de crédit perçue par le marché comme une étape avant une aide souveraine pour le pays, quatrième économie de la zone euro. Mais il est important de souligner que les besoins en capitaux identifiés dans l'audit ne représentent pas le chiffre final de l'aide publique aux banques, ont insisté le ministère de l'Economie et la Banque d'Espagne en présentant les résultats de l'audit. Cette aide pourrait être significativement inférieure à 59,3 milliards, car une partie de l'argent pourra être trouvée via d'autres biais, comme des cessions d'actifs, ont-ils assuré dans un communiqué. Parmi les 14 banques évaluées, sept, dont les plus importantes du pays comme Santander ou BBVA, n'auront pas besoin de capitaux supplémentaires. Les sept autres ont besoin de 59,3 milliards, une somme qui diminue à 53,7 milliards si l'on tient compte des processus de fusion en cours et de certains effets fiscaux. Outre Bankia, trois autres banques placées sous tutelle publique ont des besoins importants: Catalunyabank (10,8 milliards), NovacaixaGalicia (7,2 milliards) et Banco de Valencia (3,5 milliards). Les besoins en capitaux identifiés sont le résultat d'une analyse très large et détaillée de la valeur des portefeuilles de crédits et d'actifs saisis des banques, ainsi que de leur capacité à absorber les pertes dans les trois prochaines années, dans un scénario très adverse, ont souligné le ministère et la banque centrale. L'Eurogroupe "rassuré" par le montant des besoins des banques espagnoles Le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, s'est dit "rassuré" par le montant des besoins identifiés pour recapitaliser les banques espagnoles et par le fait que le plan d'aide européen sera "plus que suffisant" pour couvrir ces besoins. "Je suis rassuré par le fait que les besoins en capitaux du secteur bancaire espagnol s'avèrent un peu inférieurs à 60 milliards d'euros", écrit M. Juncker dans un communiqué. De son côté, la Commission européenne a "salué" dans un communiqué distinct "une avancée majeure dans l'exécution du programme d'aide financière et dans le renforcement de la viabilité et de la confiance dans le secteur bancaire espagnol". Le montant de cette aide "sera déterminé dans les prochains mois" et "prendra en compte les mesures qui seront prises par les banques, comme la cession d'actifs, d'autres mesures de restructuration et l'appel au financement par les marchés" notamment, explique dans son communiqué la Commission européenne. Elle précise que les banques concernées devront présenter des plans de recapitalisation à la Banque d'Espagne et à la Commission européenne, voire dans certains cas, présenter des plans de mise en faillite ordonnée. Après approbation de ces plans de restructuration, qui devront respecter les règles européennes de la concurrence, "la recapitalisation d'un premier groupe de banques est prévue d'ici novembre", rappelle la Commission. Cette date était celle prévue dans le mémorandum signé par l'Espagne avec ses partenaires de la zone euro. Le FMI se réjouit des résultats de l'audit des banques La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, s'est réjouie des résultats de l'audit des banques espagnoles annoncés par les autorités madrilènes. Je me réjouis de l'achèvement de l'audit du secteur bancaire espagnol annoncé aujourd'hui, indique Mme Lagarde dans un communiqué. Le financement public des besoins en capitaux actuels des banques, qui devrait être inférieur aux montants mis en évidence par les tests de résistance, peut être assuré facilement par le biais du programme de recapitalisation soutenu par les partenaires européens de l'Espagne, ajoute Mme Lagarde. Je soutiens fermement l'engagement des autorités à faire en sorte que les besoins en capitaux des banques soient satisfaits dans un délai convenable et que la question des banques les plus faibles soit résolue efficacement, indique encore la directrice générale du Fonds. Selon elle, ces étapes clef, préconisées par le FMI, contribueront à l'édification d'un système bancaire plus sain, qui, avec le temps, permettra de relancer les flux de crédit et de stimuler la croissance et l'emploi. Forte accélération de l'inflation en septembre, à 3,5% sur un an Le rythme de l'inflation espagnole a nettement accéléré en septembre, premier mois de l'application de la hausse de la TVA, à 3,5% sur un an, son plus haut niveau depuis avril 2011, selon les chiffres provisoires publiés, avant-hier, par l'Institut national de la statistique (Ine). L'Ine ne détaille pas ces statistiques, calculées en données harmonisées avec celles de l'Union européenne, soulignant seulement que ce résultat est la conséquence de la hausse généralisée des prix dans la majorité des catégories de produits. L'inflation renoue ainsi avec le pic atteint en avril 2011, à 3,5%, un plus haut depuis octobre 2008. Elle avait ensuite enchaîné plusieurs mois de recul mais depuis le début de l'été 2012, elle est repartie à la hausse. L'inflation avait atteint 2,7% en août, après 2,2% en juillet. Les chiffres définitifs seront publiés le 11 octobre. Engagé dans un effort historique pour réduire son déficit public, qui a atteint 8,9% du PIB en 2011, le gouvernement espagnol a augmenté la TVA de 18% à 21% le 1er septembre, le taux réduit sur certains produits passant de 8% à 10%. Enfoncé dans la crise depuis 2008, le pays a obtenu en juillet des objectifs de déficits plus souples de Bruxelles, de 6,3% du PIB cette année contre 5,3% annoncé par le gouvernement espagnol, puis de 4,5% en 2013 et 2,8% du PIB en 2014. Mais en échange, il a dû annoncer un nouveau plan de rigueur draconien (dans lequel s'inscrit la hausse de la TVA), qui a provoqué un fort mouvement de grogne sociale. Poursuivant cet effort de rigueur, le gouvernement de Mariano Rajoy, a approuvé la veille un budget 2013 marqué par l'austérité, visant à récupérer 39 milliards d'euros. Exercice d'autant plus difficile que le pays est plongé dans une récession qui va se poursuivre en 2013.