Dans le cadre du programme "Euromed Héritage", deux nouveaux sites Internet consacrés aux manuscrits algériens et à l'iconographie de l'Algérie ont été mis en ligne récemment. Le premier est consacré au patrimoine documentaire commun aux régions de la méditerranée, alors que le second renferme des documents iconographiques (photographies, gravures, dessins,...) intéressant l'Algérie. Le site data.manumed.org contient plus de trois cent documents numérisés dont les plus anciens datent du 13ème siècle (multi alphabétiques, écrits, graphiques et sonores). Il est développé dans le cadre du projet "Manumed" (manuscrits de la méditerranée) et financé par les instituts de la région Paca (Provence, Alpes, côte d'Azur) et l'Union européenne. Ce projet a permis de numériser, d'inventorier voire parfois restaurer deux collections entières de manuscrits algériens: "La bibliothèque de manuscrits Lmuhub Ulahbib" (du nom d'un savant de la région de Béjaïa) ainsi qu'une collection de manuscrits de khizanates (bibliothèques traditionnelles de manuscrits) de Boussada. Accessible sous forme numérique avec une notice décrivant minutieusement chaque document, ces deux collections se composent de documents traitant des mathématiques, de la religion musulmane, de littérature et de poésie. L'autre site, icono-algerie.e-corpus.org, met à la disposition des internautes des documents iconographiques d'Algérie, dont certains datent de la fin du 19ème siècle, conservés dans les archives, bibliothèques et universités de la région Paca. En plus de représenter une importante documentation pour les centres de recherche scientifique, ces portails ont permis durant leur réalisation de répertorier et cataloguer des collections de manuscrits détenues par des particuliers et de les protéger du trafic et du vol en rendant possible leur traçabilité. Said Bouterfa, spécialiste en conservation de manuscrits et coordonnateur pour l'Algérie du projet "Manumed", déplore l'état de conservation de "milliers" de manuscrits "menacés" par la dégradation naturelle ou le trafic, alors que l'entretien d'une khizana et la formation des propriétaires à cette fonction "ne coûte pas plus de 400 000 DA par an", a-t-il affirmé. Par ailleurs, le spécialiste a estimé que la nécessaire préservation du patrimoine doit "bénéficier" de "ressources financières" et d'un "statut" instituant la fonction de ce patrimoine pour le protéger d'une dévalorisation pouvant conduire à sa disparition sous ses formes matérielle et artisanale. Un troisième site Internet dédié à la mémoire visuelle patrimoniale de la Méditerranée, réalisé dans le cadre du premier programme culturel du partenariat euro-méditerranéen "Euromed héritage", en collaboration avec plusieurs télévisions méditerranéennes, devrait être mis en ligne prochainement.