Une quarantaine de scientifiques français (Inra, CNRS, Inserm, universités) et étrangers (Canada, Italie, Etats-Unis, Australie, Brésil) dénoncent l'étude de Gilles-Eric Séralini sur le maïs OGM NK 603, dans une tribune parue dans le journal Marianne samedi dernier. Ils révèlent leurs " doutes profonds " sur la fiabilité de cette étude et expriment " leur colère envers l'utilisation que les mécènes en font. " Cette étude doit être considérée plus comme un coup médiatique que comme une révélation de résultats scientifiques ", écrivent les chercheurs, qui rappellent les principales critiques émises à l'égard de l'étude publiée le 19 septembre 2012 : " petite taille des effectifs par lot qui ne permet pas de tirer des conclusions statistiques sérieuses ", " manque de précisions sur la composition de la nourriture donnée aux rats " ou " lignée de rats qui développent spontanément des tumeurs ". Ils se disent également " étonnés " du fait que les pouvoirs publics français, " pourtant habitués à faire du zèle dans ce domaine ", n'aient pas instauré un moratoire immédiat sur le produit concerné. " S'attendent-ils à une invalidation de cette étude par les instances d'évaluation officielles, comme cela a été le cas pour de précédentes études réalisées par le Criigen ? ", poursuivent-ils.Par ailleurs, près de 140 chercheurs, dont une partie est signataire de la tribune, ont signé aussi une pétition lancée sur le site du CNRS qui appelle à " un débat raisonné sur les OGM ". " L'hypermédiatisation, savamment organisée, de cette étude dont certaines faiblesses ont déjà été pointées, le fauchage volontaire et systématique des rares parcelles affectées à l'expérimentation scientifique de long terme conduite par des établissements publics, sont autant d'entraves à un débat serein ", soulignent ces scientifiques, qui appellent à ne pas faire " l'impasse " sur des technologies qui peuvent, selon eux, permettre de répondre à " des défis majeurs " comme le changement climatique et l'accroissement rapide de la population mondiale. " C'est de ce débat dont nous avons besoin, pas d'une opposition stérile, souvent idéologique, et volontairement stigmatisante ", déclarent-ils.