Les cours du sucre ont grimpé la semaine dernière à leurs plus hauts niveaux depuis deux mois à Londres comme à New York, dopés par un regain d'appétit des investisseurs spéculatifs, un affaiblissement du dollar, mais aussi une certaine prudence à l'égard de la récolte en cours au Brésil. Cacao Après un léger sursaut sur les derniers jours de septembre, les prix du cacao ont lourdement trébuché cette semaine, tombant vendredi à Londres à 1523 livres la tonne, un niveau plus vu depuis deux mois et demi, plombés par les bonnes perspectives de la récolte 2012-2013 qui vient de commencer. Ainsi, la production de la Côte d'Ivoire (35% de l'offre mondiale de fèves) devrait "reculer seulement modérément, alors qu'on s'attendait initialement à une baisse sévère en raison de la sécheresse enregistrée cette année", a souligné Carsten Fritsch, analyste de Commerzbank. De son côté, le gouvernement ivoirien s'est appliqué à calmer les inquiétudes suscitées par la mise en place au printemps dernier d'un nouveau système de vente aux enchères des fèves de cacao en amont de la récolte, et dont les conditions avaient suscité en septembre une fronde des négociants. Sur le Liffe de Londres, la tonne de fèves brunes pour livraison en décembre valait 1533 livres sterling vendredi dernier, contre 1635 livres le vendredi précédent vers la même heure. Sur le NYBoT-ICE américain, le contrat pour livraison en décembre valait 2406 dollars la tonne contre 2543 dollars une semaine plus tôt. Café Les cours du café se sont eux aussi repliés cette semaine, pénalisés par la perspective d'une forte production brésilienne inondant le marché mondial. La Conab, agence gouvernementale du secteur au Brésil, s'attend ainsi à un bond de plus de 10% sur un an pour la récolte allant d'avril 2012 à mars 2013, en raison d'une année faste dans le cycle biennal de culture caféière du pays (premier exportateur mondial de café). Or, le marché est déjà abondamment approvisionné: l'année caféière achevée fin septembre s'est avérée à l'échelle mondiale meilleure que prévu, avec une production de 134,3 millions de sacs de 60 kg en 2011-2012, au même niveau que l'année précédente, a indiqué jeudi l'Organisation internationale du café (ICO). Début septembre, l'ICO ne misait encore que sur 132,7 millions de sacs. Mais "le repli de la récolte brésilienne (fin 2011-début 2012, ndlr) a été totalement compensé par une nette augmentation de l'offre dans d'autres pays producteurs, en particulier le Vietnam, le Pérou ou le Honduras", selon le rapport. Les exportations de café dans le monde entre octobre 2011 et août 2012 ont quant à elles enregistré sur un an une hausse de 2,7%, a précisé l'ICO. Sur le Liffe de Londres, le prix de la tonne de robusta pour livraison en novembre valait 2140 dollars vendredi vers 11H00 GMT, contre 2175 dollars le vendredi précédent.Sur le NYBoT-ICE à New York, la livre d'arabica pour livraison en décembre valait 173,90 cents contre 174,35 cents sept jours auparavant. Sucre Les cours du sucre se sont hissés jeudi à 600 dollars la tonne à Londres et 21,77 cents la livre à New York, des sommets qui n'avaient pas été atteints depuis début août. "Ce rebond s'explique principalement par un mouvement de rachat de la part d'investisseurs spéculatifs", qui s'étaient désengagés il y a quelques semaines du marché avec l'objectif d'y revenir une fois que les prix auraient baissé, a souligné Nick Penney, analyste du courtier Sucden. Mais "cette hausse pourrait aussi refléter les inquiétudes sur des pluies tardives de printemps (ces derniers jours) au Brésil", premier producteur mondial de sucre, avançait-il. "Les prix devraient rester soutenus par ce repli potentiel de la récolte brésilienne en raison d'une météo désavantageuse, combiné avec une production terne en Thaïlande et en Inde, alors que la demande indienne (le pays est le principal consommateur de sucre de la planète) grimpe", a expliqué de son côté Christina McGlone-Hahn, analyste de Deutsche Bank. Sur le Liffe de Londres, la tonne de sucre blanc pour livraison en décembre valait 595,70 dollars vendredi contre 574,90 dollars le vendredi précédent. Sur le NYBoT-ICE américain, la livre de sucre brut pour livraison en mars cotait 21,37 cents contre 20,40 cents sept jours auparavant. Les cours de céréales reculent à cause de rendements moins mauvais qu'attendu Les cours des produits des céréales ont reculé la semaine dernière à Chicago, affectés par l'avancée des récoltes du maïs et du soja et par l'anticipation de rendements moins mauvais qu'attendu après la sécheresse qui a frappé les Etats-Unis cet été. "Nous sommes en pleine période de récolte pour le maïs et le soja, et il est habituel de constater à ce moment une baisse des prix de ces produits", a indiqué Bill Nelson, de Doane Advisory Services. Les agriculteurs, qui n'ont pas tous de grandes capacités de stockage, "vont vendre rapidement leur production, ce qui fait pression sur les prix", a expliqué l'analyste. Les cours sont par ailleurs touchés par "l'anticipation de la publication jeudi prochain, 11 octobre, du rapport mensuel de l'USDA (le ministère américain de l'Agriculture, sur la production", a ajouté M. Nelson. Selon les estimations de plusieurs sociétés privées, les autorités devraient notamment "revoir à la hausse leur prévision pour la production de soja", a-t-il noté, soulignant toutefois que la récolte restait "très affectée" par la sécheresse. "Certains estiment que le rendement moyen pourrait atteindre 40 boisseaux par acre", a précisé Paul Georgy, d'Allendale, notant que "les producteurs ont été positivement surpris de cette amélioration due aux pluies de fin de saison". Le cours du maïs est en outre affecté par "une demande vraiment faible en dehors des Etats-Unis", a indiqué M. Georgy, notant que les ventes hebdomadaires américaines des trois dernières semaines "sont 84% inférieures au niveau de l'an dernier". Le prix de la céréale américaine est aussi largement supérieur à celui du Brésil et de l'Argentine, ce qui le tire vers le bas, a ajouté l'analyste. Le blé pâtit de son côté du "sentiment que les réserves sont importantes" et de "prix non compétitifs sur le marché mondial", a indiqué Dewey Strickler, de Ag Watch Market Advisors. Le prix de cette céréale est aussi abaissé par "les pluies qui touchent actuellement certaines régions de l'ouest des Etats-Unis où est actuellement semée la prochaine récolte", a souligné M. Nelson. Enfin selon Michael Zuzolo, de Global Commodity Analytics and Consulting, des mouvements de correction ont de façon générale contribué à la pression sur les produits agricoles "après le rebond des cours vendredi dernier", dû à la publication d'un rapport des autorités américaines agricoles faisant état d'un recul des réserves de grains aux Etats-Unis. Le boisseau de maïs (environ 25 kg) pour livraison en décembre évoluait à la mi-séance à 7,5050 dollars contre 7,5625 dollars la semaine précédente à la clôture Le boisseau de blé à même échéance s'échangeait à 8,6450 dollars contre 9,0250 dollars vendredi dernier. Le contrat sur le boisseau de soja pour livraison en novembre reculait à 15,6300 dollars contre 16,0100 dollars. Il est descendu mercredi à son plus bas niveau depuis fin juin.