Le secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon a mis en garde contre l'escalade extrêmement dangereuse du conflit à la frontière entre la Syrie et la Turquie, dans un discours qu'il a prononcé, hier, à Strasbourg. L'escalade du conflit à la frontière Syrie-Turquie et l'impact de la crise sur le Liban sont extrêmement dangereux, a déclaré M. Ban, à l'ouverture du premier Forum mondial de la démocratie, organisé au siège du Conseil de l'Europe. Le secrétaire général de l'ONU a appelé à plus d'aide humanitaire dans la région alors que l'hiver approche. Nous avons besoin que les donateurs répondent de manière plus généreuse aux besoins des populations en Syrie et de plus de 300.000 réfugiés dans les pays voisins, a-t-il dit. La situation en Syrie a empiré de manière dramatique. Elle pose des risques sérieux à la stabilité des voisins de la Syrie et à l'ensemble de la région, a souligné M. Ban. Se disant profondément préoccupé par le flot continu d'armes aussi bien au gouvernement syrien qu'aux forces de l'opposition, il a appelé toutes les parties à abandonner l'usage de la violence, et à se diriger vers une solution politique. C'est la seule voie de sortie de la crise, a estimé M. Ban, très applaudi sur ce point. Je demande instamment aux pays qui fournissent des armes d'arrêter. La militarisation ne fait qu'aggraver la situation, a-t-il martelé. La Syrie montre à quel point les transitions actuelles, qui ont inspiré tant d'espoir et de changement, ont aussi apporté incertitude et peur. Le succès n'est pas garanti. Construire la démocratie prend du temps, a souligné M. Ban. Le président syrien Bachar Al-Assad et les autres dirigeants du monde doivent écouter leurs citoyens avant qu'il soit trop tard , a-t-il répété. Je reste convaincu que nous devons chercher une solution politique au conflit et j'appelle tous ceux qui ont une influence que quelque bord que ce soit en Syrie à en user pour promouvoir une solution politique répondant aux aspirations légitimes du peuple syrien, a encore déclaré M. Ban. Les Nations Unies vont avoir comme priorité dans les années qui viennent d'aider les pays à faire la transition de l'insécurité à la stabilité, et de l'autoritarisme à la démocratie. Ces ceux buts sont la garantie du progrès, a-t-il conclu. L'opposition prête à collaborer avec le parti " Al Baâth " La principale organisation de l'opposition syrienne en exil, le Conseil national syrien, a estimé, hier, que des membres du parti "Al Baâth" au pouvoir pourraient jouer un rôle dans l'avenir politique du pays, s'ils n'ont pas participé à la répression sanglante contre l'insurrection populaire. Le président du CNS basé en Turquie, Abdelbaset Sieda, a déclaré que le CNS se réunira la semaine prochaine au Qatar pour évoquer notamment la possibilité que le vice-président syrien Farouk Al-Charae assure l'intérim en cas de départ du président Bachar Al-Assad. Ankara avait suggéré le nom d'Al-Charae. Ces déclarations apparaissent comme un assouplissement de la ligne dure de l'opposition, qui réclamait le départ de Bachar Al-Assad et de son cercle de proches avant toutes négociations. L'armée bombarde plusieurs quartiers à Alep Sur le terrain, les troupes syriennes ont bombardé, hier, des bastions rebelles à Alep, deuxième ville de Syrie, ainsi que la ville de Karak Al-Charqi, dans la province de Deraa, assiégée depuis trois jours par les forces du régime, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Vingt personnes ont été tuées à Karak Al-Charqi (sud) dans une offensive lancée par l'armée à l'aube, selon l'OSDH. Au moins cinq rebelles figurent parmi les victimes de Karak et parmi elles certaines ont été tuées dans des attaques ayant visé des voitures transportant des blessés vers des hôpitaux, a précisé l'OSDH. Cette ville a été la cible d'offensives répétées et de violents bombardements. Elle est assiégée depuis ces trois derniers jours, les conditions humanitaires y sont très mauvaises et les médicaments manquent, a indiqué l'ONG. Dans cette grande métropole du nord, enjeu d'une bataille cruciale depuis la mi-juillet, 15 personnes, dont cinq enfants, ont été tués dimanche. Dans la province de Homs, dans le centre de la Syrie, le bastion rebelle de Khaldiyeh a été bombardé tôt hier matin, les forces du régime faisant usage d'avions, de chars, et d'obus de mortiers dans une attaque concertée sur plusieurs fronts, a indiqué l'OSDH. Il y a de violents bombardements ainsi que des combats dans cette zone, mais les rebelles résistent aux assauts de l'armée, a indiqué le chef de l'OSDH Rami Abdel Rahmane. Houla, également dans la province de Homs, était aussi la cible de violents bombardements faisant plusieurs blessés. En mars, au moins 108 personnes dont 49 enfants, avaient été tuées lors d'une offensive militaire contre cette ville. Par ailleurs, des bombardements ont visé hier, Douma, au nord-est de Damas, selon l'OSDH, faisant état de la découverte des corps de cinq membres d'une même famille dans la ville de Qoudsaya, au nord-ouest de la capitale. Dimanche, au moins 120 personnes, 54 civils, 27 rebelles et 39 soldats, ont été tuées en Syrie, selon l'OSDH.