Les Etats-Unis vont porter à plus de 30 milliards de dollars sur dix ans leur aide militaire à Israël au moment où ils s'apprêtent à signer d'énormes contrats d'armements avec les pays arabes du Golfe pour contrer l'influence de l'Iran. "Lors de ma dernière rencontre avec le président des Etats-Unis (le 19 juin), nous sommes tombés d'accord pour que l'aide (américaine) s'élève à 30 milliards de dollars durant les dix prochaines années", a affirmé M. Olmert à l'ouverture du conseil hebdomadaire des ministres à Jérusalem. Il a ajouté qu'à partir de 2008, l'aide annuelle américaine serait de trois milliards de dollars. "Cette aide représente une augmentation de 25% de l'aide militaire et de défense des Etats-Unis à Israël", a-t-il souligné. Selon une source gouvernementale, les Etats-Unis ont également accepté de vendre à Israël des avions de chasse de nouvelles générations ainsi que des bombes sophistiquée et des missiles à guidage laser. En 2006, l'Etat hébreu a reçu 2,4 milliards de dollars d'aide militaire américaine, dont les trois-quarts servent à l'achat d'armes à des sociétés américaines. Le dernier quart finance des achats d'équipements militaires auprès de firmes israéliennes. L'annonce de M. Olmert intervient au moment où les Etats-Unis s'apprêtent, selon la presse américaine, à dévoiler une série de contrats d'armement d'au moins 20 milliards de dollars avec l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, le Koweït, le Qatar, le Bahreïn et Oman. Washington entend venir en aide à ces pays face l'influence grandissante de l'Iran, soupçonné par l'Occident de chercher à se doter de l'arme atomique. La secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice et le secrétaire à la Défense Robert Gates entament lundi une tournée au Proche-Orient, et notamment dans le Golfe. Il y a quelques mois, l'Etat hébreu avait fait part à Washington de ses réticences face à la vente d'armes ultra-sophistiquées à l'Arabie saoudite, craignant de perdre son avantage stratégique militaire dans la région. M. Olmert a toutefois indiqué que le président Bush lui avait fourni "un engagement explicite et détaillé pour garantir à Israël un avantage qualitatif sur les autres pays arabes". Selon le New York Times, le Pentagone aurait ainsi demandé aux Saoudiens d'accepter des restrictions sur le type et la taille d'armes guidées de précision ainsi que l'endroit où elles seraient stockées. Le contrat avec Riyad comprendrait notamment des missiles air-air et des JDAM (Joint Direct Attack Munitions), qui transforment des bombes classiques en armes guidées de précision. "Nous comprenons le désir des Etats-Unis d'aider les pays modérés qui font partie d'un front uni avec les Etats-Unis et Israël dans la lutte contre l'Iran", a insisté le Premier ministre israélien. Interrogée sur d'éventuelles réserves israéliennes au renforcement des capacités militaires de Ryad, qui n'entretient pas de relations diplomatiques avec l'Etat hébreu, la porte-parole de M. Olmert, Miri Eisin, a mis en avant le fait que Riyad était l'initiateur d'un plan de paix arabe. "L'Arabie Saoudite soutient une initiative de paix avec Israël et nous espérons qu'elle jouera un rôle plus actif pour favoriser des négociations", a-t-elle dit. Le ministre israélien de l'Intérieur Meir Sheetrit a quant à lui nié l'existence "d'une course à l'armement" au Moyen-Orient. "Il n'y a pas de course à l'armement. L'armement s'améliore constamment mais Israël veille à posséder des armes sophistiquées et à garder son avantage sur les autres pays" de la région, a-t-il dit.