Pas de vacances pour les responsables américains qui dessinent à grands traits et surtout avec un effort d'armement rarement atteint, une nouvelle stratégie pour le Proche-Orient. Celle-ci doit être appréhendée sous un double aspect. Il s'agit d'abord, de l'aide militaire US à Israël qui s'élève à trente milliards de dollars pour les dix prochaines années. Et treize milliards de dollars pour l'Egypte pour une période similaire. C'est d'un autre côté, des ventes d'un montant astronomique d'armes à l'Arabie saoudite et d'autres monarchies arabes du Golfe, pour près de vingt milliards de dollars. Très officiellement, il s'agit de faire face à la menace iranienne, sans que l'on sache de quel Iran il s'agit. Est-ce celui sur lequel pèsent de forts soupçons de vouloir se doter et se transformer en puissance nucléaire, ou celui qui dispose encore d'armements conventionnels, qu'il tente de moderniser avec plus ou moins de réussite ? En ce sens, les chefs de la diplomatie et de la défense des Etats-Unis ont débuté, hier, en Egypte, une tournée au Proche-Orient destinée à contrer l'influence de l'Iran dans la région et obtenir un ferme soutien de leurs alliés arabes en Irak. Mme Rice avait déclaré lundi, avant son départ, que ces contrats visaient à contrer les influences « négatives » de l'Iran, d'Al-Qaîda, du Hezbollah ainsi que de la Syrie dans la région. La Secrétaire d'Etat avait accusé l'Iran d'alimenter le terrorisme au Liban, de soutenir les milices chiites en Irak, d'aider le mouvement islamiste du Hamas dans les territoires palestiniens et d'aspirer à se doter d'armes nucléaires. « Il n'y a aucun doute : l'Iran constitue le défi le plus important lancé aux intérêts américains dans la région et au projet de Proche-Orient que nous voulons », a-t-elle ajouté. Réponse presque immédiate de Téhéran qui a accusé lundi, les Etats-Unis de chercher à semer la peur et la zizanie entre les pays du Moyen-Orient par leurs livraisons d'armes. Mme Rice et M. Gates étaient ensemble hier, à Charm el-Cheikh en Egypte puis à Djeddah en Arabie Saoudite, avant de poursuivre ensuite séparément leur tournée. En Egypte, ils devaient rencontrer, outre le président Hosni Moubarak, les ministres des Affaires étrangères du Conseil de Coopération du Golfe (Arabie saoudite, Koweït, Qatar, Emirats Arabes Unis, Bahrein, Oman), de Jordanie et d'Egypte, notamment sur la question irakienne. Bien entendu, et comme pour souligner que la diplomatie s'accompagne aussi du militaire, Washington a dévoilé son programme de contrats d'assistance militaire. « J'ai le plaisir d'annoncer avant mon départ au Proche-Orient avec le secrétaire (à la Défense) Robert Gates, un engagement renouvelé en faveur de la sécurité de nos partenaires stratégiques dans la région », a indiqué Mme Rice dans un communiqué. « Pour soutenir notre engagement diplomatique continu dans la région, nous préparons de nouveaux contrats d'assistance (militaire) avec les pays du Golfe, Israël et l'Egypte », a précisé Mme Rice. Cette mesure « permettra de soutenir les partisans de la modération, ainsi qu'une stratégie plus large destinée à contrer les influences négatives d'Al-Qaïda, du Hezbollah, de la Syrie et de l'Iran », a-t-elle ajouté. La Secrétaire d'Etat a notamment annoncé que Washington, « a entamé des discussions avec le gouvernement d'Egypte sur le renouvellement d'un accord d'assistance militaire d'une valeur de 13 milliards de dollars, d'une durée de 10 ans, qui renforcera la capacité de l'Egypte à répondre aux objectifs stratégiques communs », a-t-elle déclaré. Mme Rice a également confirmé l'accord avec Israël annoncé ce week-end, qui prévoit une aide de 30 milliards de dollars sur dix ans. « Nous allons rapidement conclure un nouveau contrat d'assistance militaire avec Israël. Cet accord prévoit l'octroi d'un total de 30 milliards de dollars pour garantir la capacité d'Israël à se défendre », a-t-elle annoncé. Encore un mythe puisque l'arsenal israélien comporte des armements offensifs utilisés contre les Palestiniens, et les Libanais, comme ce fut le cas pendant l'été 2006 quand Israël avait lancé une vaste agression contre ce pays, utilisant des armements prohibés par les conventions internationales comme les bombes à sous-munitions. Mais d'une manière plus générale, mettre Israël dans la situation de l'agressé, c'est inverser les données du problème, puisque c'est lui qui occupe les territoires palestiniens et arabes.