On ne parle plus de gains de productivité. Y en avait-il réellement durant les décennies ou années précédentes? Tout a changé radicalement depuis l'entrée dans le processus des réformes. Même les augmentations des salaires ignorent la productivité, alors qu'elles sont censées y être indexées. Au niveau des augmentations de salaires à consentir, les pouvoirs publics et les entrepreneurs, publics et privés, savent bien jusqu'où celles-ci devraient aller pour ne pas hypothéquer la capacité de l'entreprise à continuer à survivre. Par contre, pour ce qui concerne les travailleurs, ceux-ci ont une idée sur le minimum des augmentations à exiger pour leur permettre de " survivre ". Tout le monde donc parle de minimum de survie. Pas de vie, mais de survie. Où se rencontreront les courbes de leurs propres satisfactions? Comment, en absence de transparence, évaluer les niveaux supérieurs des possibilités de l'Etat à donner entière satisfaction aux revendications des travailleurs, et comment évaluer les niveaux planchers de la fixation par les travailleurs des accords à accepter? Pour les pouvoirs publics (pour le pouvoir politique?) l'Etat a absolument besoin d'un climat social apaisé. La future tripartite devrait ouvrir la main le plus largement possible et même au-delà du possible pour tenter de susciter au moins une confiance même relative des travailleurs. Il leur faudrait, en conséquence, tenir compte, plus particulièrement, de l'idée que les populations se font du pouvoir d'achat, car leur conviction est grande que les augmentations des salaires sont vite rattrapées par celles de l'inflation. Le constat a toujours été que les commerçants anticipent sur ces augmentations salariales et les répercutent sur les prix avant même que les salariés ne voient la couleur de l'argent supplémentaire qu'ils sont censés recevoir. L'Ugta avait raison de faire un zoom sur le pouvoir d'achat, mais le problème est qu'il s'agit de discours non suivis d'effet. Nous n'arrêtons pas d'aborder le pouvoir d'achat sous l'angle des salaires. Depuis longtemps, les salaires sont également revendiqués sous l'angle social. Combien de fois la question est posée par rapport à l'insuffisance de la prise en charge sociale. Longtemps, nous ne comprenions pas si l'Ugta dialoguait ou négociait. Parlait-elle de salaires uniquement, dialoguait-elle seulement, négociait-elle sur la base de nouvelles exigences à satisfaire, parlait- elle de pouvoir d'achat, du social ou des dividendes de la croissance à redistribuer ?