Les bénéfices d'Apple continuent de bondir, mais pas autant que ce à quoi il a habitué le marché, le groupe informatique ressentant les effets du lancement accéléré d'un grand nombre de nouveaux produits dont l'iPhone 5 et l'iPad mini. Le directeur général du groupe, Tim Cook, s'est félicité, jeudi dernier, d'un trimestre "fantastique", évoquant des résultats "record". Le groupe à la pomme a annoncé pour son exercice 2011/2012 clos fin septembre un bond de 60% pour son bénéfice net, à 41,7 milliards de dollars, et de 45% pour son chiffre d'affaires, à 156,5 milliards. Entre juillet et septembre, à la fin duquel Apple a lancé une nouvelle version de son iPhone 5, le bénéfice a progressé de 24% et le chiffre d'affaires de 27%. A Wall Street pourtant, son action a reculé d'environ 2% dans les échanges électroniques après l'annonce des résultats, avant de se reprendre: elle ne lâchait plus que 0,02% à 609,40 dollars vers la clôture. Apple, qui avait habitué le marché à dépasser largement ses attentes, les a cette fois-ci franchement déçues, avec un bénéfice courant par action trimestriel inférieur de 14 cents à la prévision moyenne des analystes, à 8,67 cents. C'est encore pire pour le trimestre en cours: il table sur un bénéfice par action de seulement 11,75 dollars, contre 15,45 espérés par le marché, et un chiffre d'affaires d'environ 52 milliards, contre des attentes à 54,87 milliards. "Apple ne sera pas immunisé contre la faiblesse actuelle au niveau économique", relève Trip Chowdry, analyste chez Global Equity Research, soulignant que les consommateurs "n'ont plus d'argent pour acheter leur gadget favori", en particulier à cause d'une hausse des prix de l'essence. L'analyste voit aussi dans la prévision plus basse que prévu l'effet du report des lancements de nouveaux produits, notamment de l'iPhone 5 sorti le 21 septembre. Tim Cook l'a confirmé en soulignant qu'Apple connaissait actuellement sa "période la plus prolifique", "phénoménale en termes de lancements de produit": outre l'iPhone, Apple a annoncé cette semaine une série de nouveaux produits dont une version plus petite de sa tablette, l'iPad mini. Mais cela pèse sur ses coûts. Le groupe a vendu 26,9 millions d'iPhone au quatrième trimestre, une croissance de 58% sur un an. Sans donner de chiffre, Tim Cook a assuré que la demande était "extrêmement robuste" pour l'iPhone 5, au point d'avoir du mal à y faire face. "La production a été augmenté de manière importante comparé à début octobre, mais il est difficile de prévoir quand l'offre et la demande vont s'équilibrer", a-t-il indiqué. Apple a par ailleurs vendu 14 millions d'iPad, une hausse de 26% sur un an mais 3 millions de moins qu'au trimestre précédent. Si plusieurs analystes espéraient mieux, la direction du groupe a affirmé avoir dépassé ses propres attentes, reconnaissant que "des consommateurs ont différé leurs achats à cause des rumeurs de lancements de nouveaux produits". L'iPad "mini" en faisait l'objet depuis des semaines. Le directeur financier, Peter Oppenheimer, a assuré qu'Apple avait opté pour un prix "agressif" sur ce produit, qui avait toutefois été jugé cher comparé à ceux de produits concurrents d'Amazon ou Google, auxquels il est censé répondre. Les tablettes des concurrents sont aussi plus petites, 7 pouces de diagonale contre 7,9 pour l'iPad mini. "Nous ne ferons jamais" une tablette de 7 pouces, a toutefois assuré Tim Cook, soulignant que l'iPad n'était "pas un produit de compromis". C'est bien le cas en revanche selon lui de Surface, la tablette que sortait, avant-hier, son concurrent Microsoft avec l'intention claire de concurrencer l'iPad. C'est "un produit de compromis, qui prête à la confusion", a jugé Tim Cook, rappelant la nécessité de choisir quand on conçoit un appareil. "Je suppose qu'on pourrait concevoir une voiture avec des ailes et des flotteurs, mais je ne pense pas qu'elle ferait tout cela très bien", a-t-il ajouté.