Le gouvernement allemand s'est dit opposé, hier, à une nouvelle restructuration de la dette grecque, soulignant qu'elle serait contraire au droit allemand en matière budgétaire. Une restructuration de la dette grecque "est hors de question de notre point de vue", a déclaré le porte-parole du gouvernement, Steffen Seibert, lors d'une conférence de presse régulière à Berlin. Dans son édition d'hier, le magazine allemand Der Spiegel avait affirmé que la troïka (UE-FMI-BCE) pourrait suggérer que les créanciers de la Grèce, y compris les autres pays européens, acceptent d'abandonner une partie de leur créance, ce qui reviendrait à faire financer le sauvetage de la Grèce par les contribuables de ces pays. Dimanche dernier, le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble avait déjà vertement rejeté l'idée d'un abandon de créances en faveur de la Grèce, lors d'un entretien sur la radio allemande Deutschlandfunk. "C'est une discussion qui a peu à voir avec la réalité des pays de la zone euro", a-t-il dit, soulignant que, d'un point de vue légal, ce n'était pas possible. "Le droit allemand dit qu'un prêt ne peut être accordé que si le risque de défaut passe pour improbable. Lorsqu'un emprunteur ne rembourse pas sa dette, nous ne pouvons pas lui garantir indéfiniment de nouveaux prêts. Nous nous lierions les deux mains avec une telle mesure, cela n'est pas dans l'intérêt de la Grèce", a expliqué M. Seibert. Si Athènes venait à ne pas rembourser ses dettes, "alors il ne serait pas possible de lui accorder une nouvelle tranche d'aide financière". Le gouvernement allemand n'a en revanche pas manifesté d'opposition à l'idée de voir la Grèce racheter sa dette à moindre prix aux détenteurs d'obligation, sans vouloir donner davantage de précisions tant qu'aucun plan concret n'est sur la table. Athènes doit persuader la troïka qu'elle a progressé suffisamment dans la mise en place des réformes pour que celle-ci débloque la tranche de 31,5 milliards de dollars de prêts dont le pays a besoin pour éviter la faillite. La Grèce était déjà parvenue à éviter une faillite incontrôlée au printemps dernier en recueillant l'assentiment d'une majorité de ses créanciers privés pour la restructuration de son énorme dette souveraine.