Le plan de sauvetage permettra de réduire l'endettement grec à hauteur de 120,5% d'ici 2020. La Grèce va bénéficier d'un nouveau plan de sauvetage sans précédent de 237 milliards d'euros. L'accord est intervenu dans la matinée d'hier au terme d'une négociation marathon entre les ministres des Finances de la zone euro, réunis à Bruxelles (Belgique). Avec ce nouveau plan, la Grèce devrait être en mesure de faire face à une échéance de remboursement de 14,5 milliards d'euros qui tombe le 20 mars et d'éviter ainsi le défaut de paiement. Le plan d'aide comprend, d'une part, un volet d'aide publique – des prêts – à hauteur de 130 milliards d'euros jusqu'à fin 2014. La Grèce avait déjà bénéficié d'un premier programme de soutien (110 milliards d'euros) jugé insuffisant en mai 2010. Pour ce second plan, le FMI devrait y participer mais n'irait pas au-delà de 13 milliards d'euros, selon Wolfgang Schäuble, ministre allemand des Finances. L'autre volet de l'aide porte sur un effacement de la dette de la Grèce détenue par ses créanciers privés. Banques et fonds d'investissement devront accepter une perte de 53,5% au final sur la valeur faciale de leurs créances grecques, soit un effort accru par rapport à l'objectif initial qui était de 50%. Cela devrait permettre de réduire la dette du pays, d'un montant de 107 milliards d'euros, un record dans l'histoire économique mondiale, qui dépasse de loin la restructuration de la dette de l'Argentine au début des années 2000. Athènes avait rempli, sur le papier, sa part du contrat en se pliant aux exigences de ses créanciers publics. Il ya dix jours, le gouvernement grec avait adopté un nouveau plan d'austérité, au prix de violentes manifestations dans la rue et de nouvelles turbulences politiques. Un plan d'économie douloureux de 3,3 milliards d'euros pour cette année a été adopté, prévoyant notamment une réduction du salaire minimum et une limitation des retraites. Au final, le plan de sauvetage permettra de réduire l'endettement grec à hauteur de 120,5% d'ici 2020. En contrepartie, la Grèce fera l'objet d'une surveillance renforcée et permanente de la «Task force» installée par la Commission européenne pour aider les inspecteurs de la troïka (BCE, Commission, FMI) chargés de vérifier ses engagements. Le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, a expliqué que cet accord «de grande ampleur» devait permettre «de garantir l'avenir du pays dans la zone euro». Une «occasion réelle de prendre un nouveau départ» pour la Grèce, a commenté Olli Rehn, commissaire européen aux Affaires économiques. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a considéré que ce plan «ferme la porte au scénario d'un défaut de paiement avec toutes ses graves conséquences sociales et économiques». Le Premier ministre grec, Lucas Papadémos, qui était venu lui-même à Bruxelles réclamer l'aide de ses partenaires, s'est réjoui de cet accord : «On peut parler sans exagérer d'un jour historique pour l'économie grecque.» En dépit des promesses répétées, de nombreux pays doutent de la capacité de la Grèce à réaliser les réformes nécessaires. Le pays est miné par la récession économique, avec cinq années consécutives de recul du PIB, et la population est plus qu'exaspérée par les coupes budgétaires successives exigées par les créanciers. Aussi, nombre d'économistes doutent que le nouveau plan de sauvetage soit le dernier chapitre de la crise grecque et de celle de la dette.