Après le commerce informel qui vient de connaître une grande opération pour son éradication voilà venu le tour d'un autre marché interdit à savoir celui des devises. Au square Port Saïd d'Alger ou encore aux environs de Ruisseau le change des devises se fait au vu et au su de tout le monde. Ce qui a donc incité à la remarque suivante : éradiquer ce fléau qui dure depuis des décennies. Mais, pour assurer son éradication, des spécialistes pensent à une opération bien astucieuse qui pourrait contenter tout le monde. D'ailleurs le ministre des Finances Karim Djoudi a été bien catégorique en annonçant à la presse qui l'interpelle sur le sujet : "Le gouvernement va combattre le marché informel de la devise. La loi ne permet pas l'existence d'un marché parallèle de la devise", avait-il déclaré récemment. D'autre part, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Dahou Ould Kablia, avait, lui aussi, récemment estimé que les citoyens "trouvaient leur compte" dans le marché parallèle de la devise et qu'il n'existait pas de raison pour l'interdire, des propos fortement critiqués par les députés et la presse. Les députés avaient vivement dénoncé lundi, lors de leurs débats du rapport de la BA, l'existence tolérée du marché parallèle des changes et se sont interrogés sur les motifs de l'absence de bureaux de change qui activent normalement même dans les pays sous- développés. Et c'est le gouverneur de la Banque d'Algérie (BA) M. Mohamed Laksaci lui-même qui a insisté sur cette solution précisant l'aspect illégal et interdit de ce marché parallèle de change, avant d'annoncer des incitations futures au profit des bureaux de change exerçant en Algérie. "Il ne faut pas confondre entre le marché interbancaire de change et le marché parallèle des changes: le premier étant réglementé et soumis au contrôle de la BA et au contrôle a posteriori des banques commerciales, le deuxième étant illégal et interdit par la réglementation en vigueur", a donc bien tranché M. Laksaci dans sa réponse, hier, aux questions des députés relatives au rapport de conjoncture de 2011 qu'il leur a présenté lundi dernier. M. Laksaci soutient que seules les banques commerciales et les bureaux de change sont autorisés par la loi à vendre et à acheter la monnaie nationale. C'est ainsi que le gouverneur de la Banque d'Algérie condamne les "transactions illicites qui se font au niveau du marché parallèle des devises et qui encouragent la fuite des capitaux et l'évasion fiscale". Et le voilà donc qui annonce, par la suite des "mesures incitatives" au profit des bureaux de change et aux ménages pour les inciter à recourir au marché légal des devises. Seulement, le ministre des Finances avait déjà expliqué que la défaillance en matière des bureaux de change est due au manque d'intérêt pour cette activité. "S'il n'y a pas une multitude de bureaux de change en Algérie, c'est parce que les gens ne veulent pas s'investir dans ce créneau en raison de la (faible) rémunération sur la fourchette entre le coût acheteur et le coût vendeur", expliquait le ministre. Mais, d'autre part, M.Djoudi estime que les ménages profiteront, à titre d'exemple, d'incitations relatives à la "convertibilité courante du dinar", donc au droit de change, a-t-il dit sans donner plus de détails. Quant aux bureaux de change dont l'activité est régie par deux directives de la BA (08-96 et 13-79), ils bénéficieront prochainement d'un "relèvement de la marge de rémunération (sur les commissions) estimée actuellement à 1%", selon le gouverneur. Cette mesure permettra de rendre cette activité "plus concurrentielle", a-t-il avancé sans fournir plus de précisions. A noter enfin que la BA avait accordé 40 autorisations pour la création de bureaux de change depuis 1997 mais certaines autorisations ont été "retirées" en raison d'infractions de change.