Le médiateur international Lakhdar Brahimi et le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon ont reconnu, avant-hier, l'échec de la trêve en Syrie. Un constat qui est intervenu alors qu'un attentat près de Damas a fait au moins six tués. "La crise en Syrie est très, très dangereuse, la situation est mauvaise et empire", a déclaré M. Brahimi, en visite à Moscou pour des consultations avec le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, allié de Damas. "Si ce n'est pas une guerre civile, je ne sais pas ce que c'est. Toute la communauté internationale doit s'unir pour aider le peuple syrien à trouver une issue à cette crise", a ajouté le médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe. M. Lavrov s'est lui aussi montré pessimiste: "Ils se battent de plus en plus en Syrie. L'objectif pour tous les Syriens est de cesser le feu et de se mettre à la table des négociations", a-t-il souligné. "Nos partenaires occidentaux et les partenaires dans la région devraient se faire à l'idée que rien ne pourra être accompli sans un dialogue avec le gouvernement (syrien)", a-t-il toutefois ajouté. "Je suis profondément déçu", avoue BAN Ki-moon "Je suis profondément déçu que les parties en présence ne soient pas parvenues à respecter l'appel à un arrêt des combats", a déclaré de son côté le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon à Séoul, où il a reçu un prix de la paix. "Cette crise ne pourra pas se résoudre par les armes et un bain de sang supplémentaire". Depuis vendredi, plus de 400 personnes auraient été tuées. Une montée des violences qui intervient, alors qu'armée et rebelles s'étaient engagés à cesser les combats pendant les quatre jours de l'Aïd al-Adha qui avait débuté vendredi dernier. L'aviation syrienne a mené des raids considérés comme les plus violents depuis son entrée en action. A la périphérie sud-est de Damas, un attentat à la voiture piégée près d'une boulangerie de Jaramana a fait dix tués, dont des femmes et des enfants, selon la télévision officielle syrienne, qui a montré des devantures d'immeubles ravagées. L'OSDH a également fait part de six tués. Cinquante personnes auraient encore été blessées. Selon un bilan provisoire de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), dont l'authenticité est à prendre avec prudence, les violences ont fait au moins 76 tués, avant-hier, à travers le pays. Le Qatar dénonce une guerre d'extermination Réagissant à une déclaration du médiateur international Lakhdar Brahimi faite à partir de Moscou, le Premier ministre du Qatar, Hamad Ben Jassem Al-Thani, a estimé que le conflit sanglant en Syrie n'était pas une guerre civile mais une guerre d'extermination contre le peuple syrien avec la complicité de la communauté internationale. Ce qui se produit en Syrie n'est pas une guerre civile mais une guerre d'extermination contre le peuple syrien, a affirmé à la chaîne satellitaire Al-Jazeera lundi soir cheikh Hamad, dont le pays avait proposé sans succès le déploiement d'une force arabe en Syrie. Cheikh Hamad a affirmé que cette guerre d'extermination était menée avec un permis de tuer, en premier lieu, du gouvernement syrien, mais en deuxième lieu de la communauté internationale en raison de l'attitude de certains pays du Conseil de sécurité. Nous avons confiance en M. Brahimi mais nous avons besoin qu'il élabore une idée précise pour une solution devant le Conseil de sécurité, afin d'entamer la période transitoire pour un transfert de pouvoir, a encore dit cheikh Hamad. La Turquie exclut un dialogue avec le régime de Bachar Al-ASSAD La Turquie ne dialoguera pas avec le régime syrien qui a continué de massacrer son propre peuple durant la fête de l'Aïd Al-Adha, a déclaré, hier, son ministre des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu. Le ministre turc était interrogé par la presse sur des déclarations de son homologue russe Sergueï Lavrov, qui avait appelé les pays de la région à dialoguer avec le régime du président Bachar Al-Assad. Cela n'a aucun sens de dialoguer avec un régime qui a continué un tel massacre contre son propre peuple durant la fête du sacrifice, a dit M. Davutoglu, ajoutant que son pays ne s'engagerait dans aucune initiative qui pourrait avoir pour conséquence de légitimer le régime en place. La Turquie a rompu avec son voisin syrien, prenant partie pour les rebelles qui combattent le président Assad. Depuis les tirs syriens qui ont tué 5 civils turcs début octobre dans une localité frontalière du sud-est anatolien, l'armée d'Ankara répond systématiquement à tout bombardement en provenance de la Syrie. Violents combats dans le grand camp de Yarmouk à Damas Sur le terrain les combats font toujours rage. Hier, des affrontements ont opposé à Damas des rebelles et des Palestiniens pro-régime épaulés par l'armée régulière à Yarmouk, le camp de réfugiés situé dans le sud de la capitale, où vivent quelque 148 500 Palestiniens, a indiqué une ONG et des militants anti-Bachar. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), de violents combats entre militaires et rebelles dans le quartier limitrophe de Hadjar al-Aswad se sont déplacés lundi soir à Yarmouk. Ils ont opposé jusqu'à l'aube les insurgés aux combattants palestiniens du Front Populaire pour la libération de la Palestine-Commandement général (FPLP-CG) d'Ahmad Jibril, un allié indéfectible et de longue date du régime syrien. Selon des militants du Conseil général de la révolution syrienne (CGRS), l'armée régulière est venue prêter main forte au FPLP-CG. En Syrie, il y a environ 510 000 réfugiés enregistrés à l'UNRWA (Office des Nations-Unies chargé des réfugiés palestiniens). La majorité d'entre eux sont des réfugiés ayant fui lors de la création de l'Etat d'Israël en 1948 et de la guerre qui a suivi, ou leurs descendants. Ils sont répartis dans neuf camps qui étaient totalement contrôlés par des organisations palestiniennes acquises au régime.