La violence en Syrie se poursuit. La descente du pays en enfer aussi. De la répression des manifestants aux batailles entre rebelles et armée régulière et en passant par les attentats à la voiture piégée, la Syrie franchit un nouveau pas dans sa guerre sans nom. L'assassinat hier d'un général de l'armée de l'air syrienne, marque une nouvelle étape de cette guerre fratricide, insensée, confirmant par là même les appréhensions de l'envoyé onusien Lakhdar Brahimi : la situation ne fait qu'empirer. Depuis vendredi, date à laquelle armée et rebelles s'étaient engagés à cesser les combats pendant les quatre jours de la fête de l'Aïd Al-Adha, plus de 400 personnes ont été tuées. Deux attentats ont eu lieu à Damas et sa périphérie faisant au moins onze tués et des dizaines de blessés. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est dit «profondément déçu» par cet échec et a exhorté le Conseil de sécurité de l'ONU, les Etats influents du Moyen-Orient et toutes les parties concernées à «œuvrer en faveur d'un cessez-le-feu». Le Qatar, qui soutient activement la rébellion armée, a dénoncé hier une «guerre d'extermination» contre le peuple syrien. Le Premier ministre du Qatar, Hamad Ben Jassem Al-Thani, a estimé que le conflit sanglant en Syrie n'était pas une guerre civile mais une «guerre d'extermination» contre le peuple syrien avec la complicité de la communauté internationale. «Ce qui se produit en Syrie n'est pas une guerre civile mais une guerre d'extermination contre le peuple syrien», a affirmé à la chaîne satellitaire Al Jazeera lundi soir cheikh Hamad, dont le pays avait proposé le déploiement d'une force arabe en Syrie. Le médiateur international, Lakhdar Brahimi, avait affirmé, lundi, à Moscou que la situation en Syrie empirait : «Si ce n'est pas une guerre civile, je ne sais pas ce que c'est», avait-il dit. Cheikh Hamad a affirmé que cette guerre d'extermination était menée «avec un permis de tuer en premier lieu du gouvernement syrien, mais en deuxième lieu de la communauté internationale» en raison de l'attitude de certains pays du Conseil de sécurité en allusion claire à Moscou et Pékin, seuls pays réticents à une intervention armée en Syrie. Interrogé au sujet de la position de la Russie et de la Chine, il a répondu : «Il y a peut-être un veto russo-chinois, mais il y a aussi une conscience internationale et arabe qui se réveille encore plus et qui réalise qu'on ne peut plus se taire sur ce qui se passe en Syrie». «Des membres permanents du Conseil de sécurité ont agi dans plusieurs cas en Europe et dans le monde arabe sans avoir recours à cette instance. Nous ne voulons pas parler d'une intervention militaire, mais nous estimons qu'il faut qu'il y ait une solution dans l'intérêt du peuple syrien», a-t-il ajouté. Hier des réfugiés du camp palestinien de Yarmouk, où vivent 145 800 Palestiniens, ont dû faire opposition à une attaque de la rébellion armée. Des combats ont éclaté, mardi dans un camp de réfugiés à Damas. Sur le plan diplomatique, l'émissaire international Lakhdar Brahimi, était attendu en Chine, après s'être rendu à Moscou lundi. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a lancé un appel aux pays de la région pour ouvrir un dialogue avec le régime du président Bachar al-Assad, une proposition qui a été rejetée par son homologue turc, Ahmet Davutoglu. R. I.