Selon un haut responsable de Sonatrach, le différend qui oppose Sonatrach et l'italien Edison sur le prix du gaz, a été porté au niveau de l'arbitrage international. Mme Yamina Hamdi, vice-présidente commercialisation du groupe Sonatrach, a confirmé à la presse, en marge d'un forum sur l'investissement énergétique en Algérie, que : " Nous avons un arbitrage international avec Edison sur le prix du gaz livré à l'Italie ". Edison, filiale du Français EDF, avait renégocié à la baisse le contrat gazier le liant à son compatriote Eni et avait même réussi à avoir gain de cause dans l'arbitrage international qui l'avait opposé au géant russe Gazprom. Les prix du gaz indexés sur ceux du pétrole que pratiquent les Russes et les Algériens dans le cadre de contrats à long terme ne semblent plus convenir à de nombreux clients européens qui menacent de recourir au gaz de schiste et au GNL qatari, selon des observateurs. A une question sur le taux de réduction revendiqué par Edison, repris par EDF, Mme Hamdi s'est tout simplement abstenue d'apporter des précisions. "Je ne peux pas vous le communiquer. Nous allons défendre notre position", s'est-elle contentée de répondre. Mme Hamdi a indiqué, par ailleurs, que le groupe Sonatrach poursuivait ses négociations pour récupérer quelques centaines de millions de dollars, représentant les créances détenues sur le raffineur suisse en faillite, Petroplus. "Nous utilisons tous les moyens pour récupérer ces créances", a-t-elle répondu à la presse. Exportateurs et importateurs de Gaz doivent partager les risques d'investissement C'est dans ce contexte que le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, a indiqué hier, à Alger, que les pays exportateurs et importateurs de gaz naturel devraient s'entendre sur le développement de cette énergie propre notamment en partageant les risques de l'investissement. S'exprimant à l'ouverture du forum Algeria Future, M. Yousfi a précisé que le gaz naturel, en tant qu'énergie propre, sera appelé à jouer un rôle primordial dans l'approvisionnement énergétique mondial, d'où la nécessité pour les pays exportateurs et importateurs d'assurer un développement harmonieux pour cette énergie. "Les coûts associés à l'industrie du gaz, notamment en ce qui concerne les non conventionnels ou le GNL, seront autrement plus élevés. Exportateurs et importateurs devront nécessairement partager les risques (d'investissement) et s'entendre à son développement harmonieux", a-t-il déclaré à cette conférence de trois jours, organisée par le groupe international CWC, spécialisé dans l'organisation d'événements énergétiques. "Il est à craindre à cet égard que des actions unilatérales, rompant un équilibre déjà délicat, n'entraînent des effets indésirables pour tous", a-t-il dit. L'Algérie défend avec ardeur un prix juste du gaz, une condition minimale pour faire face à l'énorme investissement dans ce secteur. Une position qu'elle maintient avec persévérance malgré les demandes des pays consommateurs de baisser les prix de gaz livré par des contrats à long terme. Cette entente est d'autant plus importante vu les incertitudes qui pèsent sur le nucléaire malgré son réel potentiel, a relevé le ministre. En outre l'accès à cette énergie est limité à un nombre restreint de pays, souligne-t-il. Appuyant son constat, M. Yousfi a estimé que le gaz naturel est en mesure de satisfaire la demande grandissante en énergies fossiles, appelée à augmenter de 20 à 30% pour atteindre 14 milliards de TEP à l'horizon 2030. En plus, les énergies renouvelables, dont le potentiel et le développement avaient nourri de nombreux espoirs au cours de la décennie précédente, risquent de voir leur élan interrompu par les effets de la crise économique, a-t-il fait remarquer. Il affirme même que le doublement de la part des énergies non renouvelables dans la production mondiale d'électricité à l'horizon 2030 ne sera pas un objectif simple à atteindre au cours des deux prochaines décennies. Enfin, le ministre a souligné devant les responsables de compagnies énergétiques internationales présents à ce forum que l'Algérie ne va pas être "spectatrice des bouleversements qui sont en cours sur la scène énergétique internationale", en affirmant qu'elle "a l'ambition de continuer à jouer ce rôle positif et constructif sur la scène énergétique et gazière dans le monde".