La crise de la pomme de terre qui a depuis quelques mois pris une ampleur assez grave et une source d'inquiétude au sein de la population avec un prix spéculatif du kilogramme oscillant entre 60 et 75 DA, a, devant la pression montante, astreint le gouvernement à réagir en envisageant l'importation de 400 000 tonnes de ce produit pour l'approvisionnement du marché national et ce, notamment à la veille du mois de Ramadhan, période au cours de laquelle la pomme de terre est fortement consommée par les familles algériennes. Il convient de signaler que lors d'une rencontre tenue la semaine dernière dans la ville d'El Khroub (Constantine) en présence du président de la Chambre nationale d'agriculture, les cadres et les professionnels présents ont misé sur l'importation de 100 000 tonnes de pomme de terre pour ramener les prix à des niveaux bas entre 25 et 30 dinars le kilogramme. Cette réaction assez tardive du gouvernement est-elle en mesure de faire baisser les prix dans un marché soumis en permanence à la spéculation et loin de toute régulation. Certes, le marché national va être inondé par cette quantité et ce jusqu'à la mi-novembre. Cependant, d'ores et déjà nombre d'interrogations se font jour quant à une réelle atténuation de la spéculation sur la pomme de terre, sur la manière à travers laquelle sera distribué le quota à chaque wilaya, sur le prix à appliquer à la tarification du transport propre à chaque région du pays, et surtout sur le prix du kilogramme. Le consommateur algérien qui déjà fait face à une éventuelle hausse du prix du litre de lait, ouvre son quotidien sur la pomme de terre devenue depuis un certain temps un produit de luxe. L'instabilité des prix en général affole les petites bourses. Le sujet relève bien plus d'une crise de production due à une mauvaise récolte, conjuguée à une demande croissante. Au niveau du marché mondial et à l'instar de la poudre de lait, la pomme de terre est désormais au cœur des enjeux économiques et environnementaux qui font l'actualité internationale. Au premier rang la crainte est suscitée par la voracité du géant chinois dont la consommation croissante de la pomme de terre est pointée du doigt. Les chiffres confirment cette thèse, en plus d'être le premier producteur mondial, la Chine importe les deux tiers de sa consommation nationale. L'autre cause est imputée au réchauffement climatique, la sécheresse a provoqué de mauvaises récoltes. Tous ces facteurs cumulés ont eu pour effet d'alourdir la facture d'importation de pomme de terre pour l'Algérie. L'Algérie fait également face à la mauvaise qualité des semences de la pomme de terre importée. Le ministère de l'Agriculture importe annuellement l'équivalent de 200 millions de dollars de semence. Au niveau des mêmes services on impute cette hausse des prix à plusieurs facteurs à savoir la diminution de la superficie plantée qui est passée de 50 000 hectares à 35 000 hectares entraînant une baisse de la production estimée à 30%. La deuxième raison invoquée est relative à la maladie du "mildiou" qui est causée par un champignon appelé "Phytophthora infestans ". Le recours des pouvoirs publics à l'importation de la semence lui coûte annuellement 200 millions de dollars soit 80% de ses besoins qui sont estimés à 240 000 tonnes par an.