De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali A des prix oscillant entre 75 et 85 dinars le kilogramme, la pomme de terre vient de dépasser le seuil de tolérance des citoyens au pouvoir d'achat très érodé. Cela a commencé pendant le mois de Ramadhan de 2007 lorsque, sous le regard atterré des consommateurs algériens, le prix du kilogramme du féculent avait atteint 100 DA, suscitant un branle-bas de combat à tous les échelons du gouvernement algérien. Depuis, plusieurs mesures plus ou moins heureuses ont été prises pour tenter d'influer sur le coût de la pomme de terre -notamment la détaxe par le Sénat de l'importation du féculent-, qui a précédé l'entrée sur le territoire de 100 000 tonnes qui baissa parfois jusqu'à atteindre 20 ou 25 dinars à certaines périodes de l'année. Aujourd'hui, pour atténuer la flambée des prix de la pomme de terre à Oran, les autorités locales comptent sur les productions de Mostaganem, wilaya limitrophe située à 80 kilomètres de la capitale de l'Ouest. Selon des sources proches de la direction des services agricoles, citées par la presse locale, «sept millions de quintaux de pommes de terre devraient être commercialisées cette semaine pour couvrir les besoins du marché local». Ce qui, selon les prévisions des mêmes services, contribuera à baisser le prix à 60 dinars le kilogramme. Même le ministère de l'Agriculture a annoncé, la semaine dernière, l'arrivée sur le marché de «quantités importantes en provenance de Mostaganem, qui devraient atténuer la flambée des prix de cet aliment […]. Une trentaine de camions, en provenance de l'Ouest et de l'Algérois, se trouvent actuellement dans la région de Mostaganem pour alimenter les marchés de ce produit», a assuré le même ministère. Cette programmation s'appuie sur le fait que la culture de la pomme de terre à Mostaganem s'est nettement bonifiée notamment, souligne-t-on, à Mostaganem, en raison de la bonne pluviométrie enregistrée cette année dans la région, des méthodes modernes d'irrigation saisonnière, et des actions de vulgarisation agricole et des cycles de formation dont les agriculteurs avaient bénéficié. La wilaya de Mostaganem, qui compte une superficie globale de 2 500 hectares, répartis entre 200 exploitants, affiche une production moyenne variant entre 450 et 500 quintaux par hectare. «Si les quantités de pommes de terre prévues ne font pas l'objet de spéculation, il est très possible que les prix baissent sensiblement, et même en deçà des 60 dinars prévus par les autorités», insiste-t-on parmi les légumiers d'Oran. Légumiers pour lesquels la spéculation est la raison majeure de l'explosion éhontée des prix de la pomme de terre comme de tous les produits de large consommation. «Que l'Etat s'occupe plus sérieusement des spéculateurs de tous bords et on verra si la vie ne sera pas moins chère en Algérie», parient-ils. En tout état de cause, l'impact tant attendu de la pomme de terre mostaganémoise sur les prix pratiqués devrait se faire sentir dès cette semaine à Oran. A moins que tout cela ne procède d'un facétieux mais douloureux poisson d'avril…