Le Premier ministre grec, Antonis Samaras, et son allié socialiste Evangélos Vénizélos, ont de nouveau brandi, avant-hier, la menace d'une sortie de l'euro, si le parlement ne votait pas la semaine prochaine le train de rigueur réclamé par UE et FMI. Les votes cruciaux attendus, demain, sur une loi-cadre détaillant des économies budgétaires de plus de 18 milliards d'euros, et, dimanche prochain, sur le budget 2013, sont la condition pour que le pays "en finisse définitivement et irrévocablement" avec le danger d'un retour à la drachme, a souligné M. Samaras. "Nous devons sauver le pays de la catastrophe, si nous échouons à rester dans l'euro rien n'aura de sens", a-t-il insisté, s'exprimant devant son groupe parlementaire conservateur. Avant de rencontrer en soirée M. Vénizelos, et le chef du parti de gauche modérée, Fotis Kouvelis, M. Samaras, a appelé leurs deux partis, soutenant l'exécutif de coalition mais ébranlés par l'ampleur des sacrifices réclamés, à rester engagés dans la bataille pour "servir les intérêts suprêmes de la nation". "Jusqu'à ce que notre patrie sorte de la crise, nous sommes hélas confrontés à deux choix, dont l'un est très difficile et l'autre catastrophique", a ensuite renchéri M. Vénizélos. En échange de ce train de redressement courant jusqu'en 2016 (contre lequel les syndicats organisent une grève générale et des manifestations aujourd'hui et demain) le pays espère recevoir plus de fonds que la seule tranche de 31,5 milliards d'euros gelée depuis juin et sans laquelle il risque la cessation de paiement mi-novembre, a indiqué M. Samaras.Il a relevé que ce supplément, qui serait tiré sur le reliquat des prêts UE-FMI encore à verser, réinjecterait des liquidités dans une économie totalement à sec, en cinquième année de récession. M. Samaras, qui s'était targué jusque-là d'avoir écarté le menace de la drachme, et M. Vénizélos, ministre des Finances du précédent gouvernement, ont retrouvé ces accents dramatiques au vu des fissures au sein de l'alliance gouvernementale, qui écornent sa majorité parlementaire et la légitimité du sursaut de rigueur. Maigre majorité Le Dimar, fort de 16 députés, a indiqué qu'il voterait contre la loi-cadre par refus de la dérégulation du marché du travail qu'elle prévoit, tandis que l'entrée en dissidence de jusqu'à cinq députés socialistes est à prévoir. Cela exposerait l'exécutif à devoir se contenter d'une maigre majorité, (154 à 159 voix sur 300) calculait, avant-hier, la presse, tablant toutefois sur l'adoption des mesures. Après des concertations avec ses troupes, M. Vénizélos, s'est toutefois targué dans la soirée de la détermination du Pasok à "assumer ses responsabilités" en dépit des "tensions" en son sein. "Nous ne jouons pas avec le sort du pays, nous ne faisons pas marche arrière", a-t-il déclaré, appelant l'autre partenaire de gauche, le Dimar de M. Kouvelis, à "rester dans le schéma gouvernemental". Dans un entretien au quotidien Ethnos, M. Kouvelis avait réitéré son opposition aux réformes prévues du travail, accusant M. Samaras et les bailleurs de fonds d'être responsables de l'"image d'éloignement" de son parti pour être passé outre. Si le Dimar persistait dans ce refus demain, en dépit de son soutien affirmé aux autres mesures d'ordre budgétaire, la cohésion gouvernementale devrait être testée lors du vote suivant, du budget, au caractère de vote de confiance. Vague de grèves pendant une semaine La Grèce va traverser encore une semaine cruciale avec une vague de grèves depuis, hier, dans les secteurs public et privé, en vue du vote crucial demain sur de nouvelles mesures de rigueur réclamées par l'UE et le FMI. Les transports en commun sont les plus touchés. Les employés du métro et du tramway à Athènes ainsi que les taxis ont ouvert le bal hier, selon des communiqués de leurs syndicats respectifs. Les journalistes de tous les médias, écrits, radiotélévisé ou électronique sont en grève pour 24 heures. Le syndicat de la société publique d'électricité (Dei) a annoncé des grèves reconductibles de 48 heures, et ce depuis hier soir. Les hôpitaux ont également tourné au ralenti, hier, ne fonctionnant qu'avec du personnel d'astreinte. La mobilisation prendra de l'ampleur aujourd'hui et demain en raison d'une grève générale de 48 heures à l'appel de deux syndicats du privé et du public, GSEE et Adedy respectivement. Outre des arrêts de travail dans le métro, aucun bus et trolley ne circulera à Athènes tandis les dessertes maritimes vers les îles seront annulées pour cause de la grève de 48 heures du syndicat des marins, Pno. Un arrêt de travail de trois heures des contrôleurs aériens aujourd'hui en fin matinée devrait perturber les lignes aériennes. Des manifestations sont également prévues par les syndicats aujourd'hui et demain dans le centre d'Athènes. Les syndicats protestent contre un projet de loi sur un nouveau tour de vis de rigueur prévoyant des économies de 18,5 milliards d'ici 2016, qui doit être déposé demain après-midi au parlement par le ministère des Finances. Il sera discuté en procédure d'urgence et le vote est prévu pour demain soir, un test sur la cohésion du gouvernement de coalition droite-gauche, dirigé par le Premier ministre conservateur Antonis Samaras. Les nouvelles économies prévoient des coupes dans salaires et retraites, la réduction du nombre des fonctionnaires et plus de mesures sur la dérégulation du marché de travail. Elles viennent s'ajouter à trois lois depuis 2010, qui avaient soumis le pays à une austérité sévère, en échange des prêts UE-FMI pour lui éviter la faillite. Ce train de mesures est une condition préalable pour la poursuite des versements des prêts à la Grèce et plus particulièrement pour le versement d'une tranche de 31,2 milliards d'euros retardée depuis juin et vitale pour le pays dont les caisses sont vides.