Le géant industriel allemand Siemens, rattrapé par la conjoncture économique morose, a dévoilé, avant-hier, un important plan d'économies de 6 milliards d'euros pour regagner en rentabilité et se recentrer sur ses cœurs de métier. "Nous n'avons pas pleinement réussi à stimuler nos performances par rapport à celles de nos concurrents, comme nous l'avions fait ces dernières années", a admis le patron de Siemens, Peter Löscher. Réalisant environ la moitié de ses activités en Europe, Siemens, qui en début d'année affichait une santé florissante, a été rattrapé au printemps par la morosité conjoncturelle en zone euro et le ralentissement de la croissance des pays émergents. Si, sur son exercice décalé 2011/2012 (achevé fin septembre), le conglomérat de Munich (sud) a réussi à atteindre tout juste ses objectifs avec un bénéfice d'exploitation de 5,2 milliards d'euros (en recul toutefois de 30%), le bilan de l'année écoulée est plutôt négatif avec un bénéfice net en recul de 27% à 4,6 milliards d'euros, malgré une hausse de 3% au dernier trimestre. Grâce à son important plan d'économies, Siemens, qui fabrique aussi bien des trains, des éoliennes que des centrales électriques, veut "accroître sa compétitivité et devenir plus rapide et moins bureaucratique". "Nous avons l'ambition de revenir à une position de leader", a assuré M. Löscher lors d'une conférence de presse. L'objectif est de redresser sa marge bénéficiaire à "au moins 12%" sur l'exercice fiscal 2013/2014 contre 9,5% sur l'exercice qui vient de s'écouler. Mais cela aura un coût de transformation également, pouvant aller jusqu'à 1,5 milliard d'euros sur les deux années, a indiqué M. Löscher. En revanche, la question du coût social a été soigneusement éludée. "Cela aura un impact sur les effectifs, mais il n'y a pas grand-chose à dire de plus aujourd'hui", a déclaré M. Löscher, se refusant à donner tout chiffre. Le directeur financier Joe Kaeser, a pour sa part expliqué que le groupe n'allait pas intervenir sur ces effectifs de la même manière là où il juge le marché affecté par une faiblesse conjoncturelle et là où il doit affronter des problèmes structurels. Avec l'idée de renforcer le "coeur de métier" de ses quatre branches d'activité (énergie, santé, industrie et infrastructures), Siemens veut en parallèle vendre des activités et en acheter d'autres. Il a déjà annoncé la mise en vente de son activité de traitement des eaux, dont les revenus annuels sont d'environ un milliard d'euros. Le marché de cette activité est trop segmenté et elle ne présente pas assez de synergies avec le reste du groupe, a expliqué Siemens. L'industriel a aussi décidé de tourner la page du solaire, pour se recentrer, dans le domaine des énergies renouvelables, sur l'éolien et l'hydroélectricité. A l'inverse, pour dynamiser son activité industrielle, Siemens rachète pour 680 millions d'euros le belge LMS International, spécialisé dans les plateformes logicielles pour systèmes mécatroniques. Dans le détail, sur les six milliards d'euros d'économies prévues, trois milliards devraient provenir d'une "meilleure intégration" des procédés de développement et de production, un milliard d'une meilleure gestion de sa présence mondiale et un autre milliard d'une amélioration "dans l'efficacité et la qualité des procédés" industriels. Les dirigeants de Siemens ont été peu loquaces sur l'avenir de sa filiale d'ampoules électriques Osram, qu'il avait un temps espéré mettre en Bourse. Joe Kaeser a seulement confirmé que le groupe prévoyait de rendre cette activité indépendante, via une spin-off. L'annonce de ce programme d'économies, couplée à la promesse d'un dividende de 3 euros par action, propulsait l'action Siemens en tête de l'indice Dax de la Bourse de Francfort. A 11H29 GMT, elle bondissait de 3,88% à 81,91 euros. Les analystes de LBBW jugent de plus que les performances du quatrième trimestre de l'exercice "n'ont pas été aussi négatives qu'attendu". En attendant les effets pleins de son programme, l'industriel table sur des revenus 2012/2013 "proches" de ceux de l'exercice qui vient de s'achever et sur une croissance "modérée" de ses commandes. Le bénéfice d'exploitation devrait baisser à entre 4,5 et 5 milliards d'euros.