Le fabricant allemand de trains et de turbines Siemens a subi au premier trimestre de son exercice 2011/2012 les effets d'un ralentissement de la conjoncture et de retards dans plusieurs projets, en particulier dans l'éolien offshore, a-t-il annoncé cette semaine. Entre octobre et décembre, son bénéfice net s'est établi à 1,44 milliard d'euros, en ligne avec les attentes mais contre 1,72 milliard d'euros l'année précédente. Outre la retenue de ses clients, Siemens a subi au premier trimestre des charges exceptionnelles, notamment l'une de 203 millions d'euros liée à des retards de connexion de parcs éoliens en mer du Nord au réseau électrique. L'Allemagne connaît actuellement une multiplication des projets de parcs éoliens en mer, destinés en particulier à compenser l'abandon de l'énergie nucléaire. Le raccordement de ces parcs au réseau électrique connaît des ratés, en raison en particulier de la lourdeur des démarches administratives et de réticences locales à la construction de lignes à haute tension. Le chiffre d'affaires de Siemens a grimpé de 3% à 17,90 milliards d'euros mais ses entrées de commandes ont reculé de 4% à 19,81 milliards d'euros. Ce chiffre ne prend en compte que les activités appelées à rester dans le giron du groupe. Il est clair que les conséquences de la crise de la dette en zone euro et les turbulences sur les marchés financiers se ressentent sur l'économie réelle, a expliqué le patron Peter Löscher, lors d'une conférence de presse. Entre juin et décembre 2011, alors que la crise européenne embrasait la zone euro, l'incertitude des clients industriels s'est manifestée par une propension réduite à commander, a renchéri le directeur financier Joe Kaeser. Mais nous partons du principe qu', avec les solutions à l'œuvre, cela va se calmer, a-t-il assuré. Il n'en reste pas moins que 2012 ne sera pas une année facile, a prévenu M. Löscher. Le deuxième trimestre (janvier-mars) sera encore délicat, ensuite il y aura progressivement une amélioration même si les objectifs que nous nous sommes fixés pour 2012 sont devenus ambitieux, a-t-il dit. Pour son exercice 2011/2012 Siemens, qui a réuni cette semaine ses actionnaires en assemblée générale, s'attend à une hausse modeste de son chiffre d'affaires, comprise entre 3 et 5%, et à un bénéfice net hors exceptionnels stable de 6 milliards d'euros. Mais les commandes du premier trimestre font naître des doutes sur le réalisme de cet objectif, relevait Volker Stoll, analyste de la banque LBBW, notant que les marges au premier trimestre ont été largement sous pression. Siemens, qui fabrique des trains et des tramways, des appareils médicaux et des turbines, a accusé au premier trimestre un forte chute de commandes dans sa division Energie (-11%), et un recul plus modéré dans ses branches Industrie (-2%) et Infrastructure & Cities. Dans ces trois divisions, le premier trimestre 2010/2011, très faste, avait profité de grosses commandes. Celles-ci ne sont plus tellement à l'ordre du jour, du moins en Europe où Siemens a observé au cas par cas, et surtout pour les grosses commandes des difficultés de financement de ses clients. Alors qu'une légère récession guette l'Europe, Siemens mise pour les mois à venir surtout sur les Etats-Unis, dont l'économie se porte mieux qu'escompté, et sur les marchés émergents, moteur de croissance selon M. Löscher. Au total, le carnet de commandes du groupe s'élevait à plus de 100 milliards d'euros à fin décembre. Il a aussi une base financière solide, a rappelé M. Löscher. Concernant les chantiers en cours dans un groupe en permanente refonte, M. Kaeser a indiqué que Siemens misait toujours sur une mise en Bourse cette année de sa filiale d'ampoules électriques Osram. L'opération, initialement prévue pour l'an dernier, avait été reportée sine die sur fond de marchés financiers extrêmement volatiles. La filiale vient d'annoncer un grand plan d'économies, se traduisant par la suppression nette de 850 emplois en Allemagne.