La Banque d'Angleterre (BoE) a annoncé le maintien de son taux directeur au niveau historiquement bas de 0,50% et a laissé inchangé le montant total de son programme de rachats d'actifs qui vient tout juste d'être épuisé, marquant une pause dans ce dispositif voué à stimuler l'économie. Comme à son habitude, la banque centrale britannique n'a pas fait de commentaire immédiat sur sa décision, par ailleurs largement anticipée par les économistes, qui décortiqueront les minutes de la réunion dont la publication est prévue le 21 novembre. Le montant total (375 milliards de livres sterling, 468 milliards d'euros) du programme de rachats d'actifs, dit d'"assouplissement quantitatif", de l'institution avait été relevé en juillet de 50 milliards de livres, une tranche dont l'utilisation a pris quatre mois. "Jusqu'au mois dernier, les analystes évaluaient à 70% la probabilité d'une annonce d'une nouvelle rallonge des rachats d'actifs, mais ce chiffre est tombé la semaine dernière à 40% du fait d'un rebond du PIB (Produit intérieur brut) du Royaume-Uni au troisième trimestre, de la poursuite de l'amélioration du marché du travail", de signes encourageants sur la croissance économique des Etats-Unis et de la Chine, et d'actions de la Banque centrale européenne (BCE) pour régler la crise en zone euro, a noté James Knightley, économiste chez ING. Mais la décision du Comité de politique monétaire (CPM) de la BoE de maintenir inchangé en novembre le montant des rachats d'actifs malgré leur épuisement devrait avoir été serrée étant donné les doutes qui planent toujours sur la vigueur de la reprise économique britannique. En effet, si le Royaume-Uni a retrouvé le chemin de la croissance cet été, le tableau global de l'économie britannique reste terne, comme l'a par exemple montré le repli beaucoup plus marqué que prévu de la production industrielle en septembre, qui a reculé de 1,7% sur un mois. Ainsi, pour Howard Archer, économiste chez IHS Global Insight, "un nouveau stimulus (monétaire) est possible sous peu". La Banque d'Angleterre avait en mars 2009 abaissé son taux directeur au niveau historiquement bas de 0,50% - auquel il est resté fixé depuis - et lancé son programme de rachats d'actifs, initialement fixé à 75 milliards de livres, afin de soutenir une économie britannique alors en profonde récession. De plus, la reprise économique britannique continue d'être plombée par la crise qui touche la zone euro, comme devrait le confirmer la BoE dans son rapport trimestriel sur les perspectives de l'inflation et de la croissance du pays dont la publication est prévue la semaine prochaine. Ce rapport devrait d'ailleurs avoir été un outil précieux dans la prise de décision du Comité sur le taux d'intérêt de l'institution et ses injections de liquidité. Pour John Zhu, économiste chez HSBC, les observateurs "seront particulièrement attentifs à tout signe sur la position de la Banque sur la nécessité - et l'efficacité - de nouvelles mesures d'assouplissment" monétaire, qu'elles se traduisent par des rachats d'actifs ou par le dispositif de prêts aux banques et établissements de crédit mis en place cet été conjointement par la BoE et le gouvernement britannique. La BoE va faire des versements au gouvernement qui vont alléger la dette Le ministère britannique des Finances a annoncé que la Banque d'Angleterre (BoE) allait lui verser le surplus de trésorerie issu de son programme de rachats d'actifs, ce qui pourrait aider le gouvernement à réduire sa dette alors que cet objectif semblait compromis. Le programme de rachats d'actifs (dit d'assouplissement quantitatif) de la banque centrale britannique, qui a atteint le montant de 375 milliards de livres, a été lancé en mars 2009, afin de venir en aide à l'économie du Royaume-Uni, alors en profonde récession, en injectant des liquidités dans le système financier. La dernière tranche de ce programme (de 50 milliards de livres) a été épuisée début novembre. Comme l'ampleur et la durée potentielle de ce dispositif ont augmenté de façon significative depuis sa mise en place, il fait sens de normaliser la gestion de ses surplus de trésorerie, dont les versements seront désormais réguliers, a expliqué le Trésor britannique dans un communiqué. Selon ses calculs, le dispositif devrait avoir accumulé entre mars 2009 et fin mars 2013 un surplus de 35 milliards de livres, si son montant total n'est pas de nouveau augmenté, qui sera versé à l'Etat en plusieurs fois sur les années fiscales 2012-2013 et 2013-2014. Le Trésor a fait valoir le fait que ce transfert devrait avoir un effet bénéfique sur les finances publiques et réduire la dette du Royaume-Uni. En effet, selon des économistes, cette opération devrait même permettre au gouvernement d'atteindre son objectif d'une baisse du ratio dette-PIB (Produit intérieur brut) en 2015-2016, un objectif qui paraissait jusqu'alors très compromis. Cette annonce pourrait bien avoir résolu le dilemme principal auquel faisait face le ministre des Finances avant le discours sur l'état de l'économie (du Royaume-Uni) du 5 décembre, à savoir resserrer de nouveau la politique budgétaire en annonçant de nouvelles mesures d'austérité ou accepter un revers politique en admettant que cet objectif n'est pas atteignable, a commenté Michael Saunders, économiste chez Citi. L'Office pour la responsabilité budgétaire (OBR), créé en 2010 pour surveiller les finances publiques du Royaume-Uni, a tout de même prévenu que la mise en place de ces versements réguliers de la BoE aura un impact positif à court terme sur les finances publiques mais que cet impact deviendra négatif quand la BoE procédera à un resserrement monétaire. Pour Vicky Redwood, économiste chez Capital Economics, ces opérations ne représentent d'ailleurs qu'un changement comptable et ne modifient pas le tableau d'ensemble d'une économie britannique qui peine toujours à se reprendre. Réduction du déficit commercial en septembre à 8,4 milliards de livres Le déficit commercial du Royaume-Uni a diminué plus que prévu en septembre, a annoncé l'Office des statistiques nationales (ONS). Le déficit s'est résorbé à 8,4 milliards de livres (environ 10,5 milliards d'euros) après s'être fortement creusé à 10 milliards de livres en août, alors que les économistes misaient sur un déficit de 9 milliards. Cette réduction s'explique par une hausse globale de 1,1% des exportations par rapport au mois d'août et une baisse des importations de 3,9%. Dans le détail, les exportations ont été tirées par les pays situés hors de l'Union européenne, alors que le gouvernement Cameron fait tout pour développer les échanges avec ces pays, afin de limiter les effets de la crise de la zone euro sur l'économie britannique. Les exportations vers ces pays ont en effet progressé de 2,4% sur un mois tandis que celles vers les pays de l'UE ont légèrement reculé de 0,1%. Les importations en provenance de ces pays ont reculé de leur côté de 4,3% tandis que celles en provenance des pays européens ont reculé de 3,5%. En termes de secteurs d'activités, les exportations britanniques ont été tirées par les produits chimiques. En incluant les services, habituellement excédentaires au Royaume-Uni, le déficit total a diminué à 2,7 milliards de livres en septembre contre un déficit de 4,3 milliard en août.