Les prix de la pomme de terre ont connu un léger fléchissement depuis la fin de la semaine. L'arrivée sur le marché du tubercule importé est à l'origine de cette baisse, constate-t-on. L'on se souvient des dernières déclarations de M. El-Hachemi Djaaboub, ministre du Commerce, qui disait que pour ramener les prix de la pomme de terre en Algérie à des niveaux raisonnables, il faudra importer pas moins de 400 000 tonnes afin d'inonder le marché et assurer un approvisionnement régulier pour les trois mois à venir, voire jusqu'à la mi-novembre, c'est-à-dire avec l'entame de la campagne de récolte de la pomme de terre locale. Il avait indiqué également qu'il présentera dans les prochains jours devant le Conseil du gouvernement une communication sur les moyens de prise en charge de ce problème. Autrement dit, l'importation reste l'unique solution du moins pour le moment en attendant d'assainir la situation. Car la crise qui secoue la filière pomme de terre est multidimensionnelle. Entre l'indisponibilité de la semence et la mauvaise qualité de celle importée ou encore la maladie du mildiou sans parler de la spéculation, beaucoup de choses doivent être faites pour faire sortir cette filière du gouffre dont elle a été enfouie depuis déjà une année. Des investissements en amont et en aval sont nécessaires pour que les prix se stabilisent. Il faut seulement faire le bon diagnostic pour prescrire le remède. Chercher les véritables raisons de la flambée des prix du tubercule est en soi une partie de la solution. Et dans ce contexte il y a lieu de noter que durant la saison précédente, les producteurs de la pomme de terre ont dû renoncer à l'activité à cause de la cherté des semences. Il faut, avant tout, savoir, à ce propos, que la quasi-totalité de la semence de ce tubercule est importée. Les besoins sont estimés à 120 000 tonnes alors que la production nationale ne dépasse pas les 30 000 tonnes. Il est donc nécessaire d'importer annuellement près de 95 000 tonnes de semences, les principaux pays fournisseurs sont la Hollande, le Danemark, la Belgique, la France et le Canada. La cherté de la semence a fait donc fuir les agriculteurs. Beaucoup d'entre eux ont renoncé à la plantation du tubercule et choisi d'autres créneaux de production. Cela induit forcément une réduction sensible dans la production comparativement aux saisons précédentes, notamment celle de 2005 où la filière a enregistré une surproduction de 500 000 tonnes. En d'autres termes, il faut à tout prix développer la culture de la semence. En réalité, cette question des semences pèse de manière fondamentale sur les prix de la pomme de terre. Certains pensent en effet que les mesures prises par le ministère de l'Agriculture ont braqué les fournisseurs soucieux de préserver un monopole juteux. Apparemment, il s'agit d'étouffer dans l'œuf toute velléité d'une politique encourageant la production de la semence de base en Algérie. L'enjeu porte sur une somme rondelette de plus de 70 millions de dollars. C'est l'argent que l'Algérie consacre à l'importation des semences dont la qualité laisse pourtant à désirer.