Les spécialistes affirment, par contre, qu'avec la suppression des taxes douanières, le prix ne devrait pas dépasser les 15 DA. Alors qu'El Hachemi Djaâboub, ministre du Commerce a été formel en déclarant que la pomme de terre sera disponible durant le mois de Ramadhan à un prix ne dépassant pas les 25 dinars, voilà que Djamel Ould Abbès, ministre de la Solidarité, «rassure» les citoyens en affirmant que le tubercule ne sera pas cédé à moins de 45 dinars. Décidément, le citoyen-électeur ne sait plus où donner de la tête. 15, 25, 30, 35, 40, 45. Ce ne sont pas les chiffres gagnants du loto, mais bel et bien les différents prix de la pomme de terre annoncés par nos ministres. Cependant, ces chiffres sont contredits par la réalité du terrain puisque le fameux tubercule ne veut pas se laisser prendre à moins de 50 dinars. Pourtant, la décision d'importer de la pomme de terre a été bien accueillie par le consommateur. Il s'attend en fait à une baisse importante des prix qui dépassent actuellement les 60 DA le kilogramme. Mais celui qui a été annoncé hier par le ministre de la Solidarité, Djamel Ould Abbès, n'est pas près de faire le bonheur des ménages. A 45 DA le kilo, c'est toujours cher pour le simple citoyen. L'Etat a prévu l'importation, d'ici à octobre, de 75.000 tonnes de différents pays, entre autres la France, la Belgique, la Hollande et l'Espagne. Une production de 100.000 tonnes de pommes de terre sera suffisante, selon les spécialistes, pour rééquilibrer le marché et mettre fin à la spéculation et à la faiblesse de l'offre. Mais en attendant, les ministres continuent de se refiler la patate «chaude». Le ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub, avait souligné dernièrement la nécessité d'assurer pour les trois mois à venir 400.000 tonnes de pommes de terre. Ils sont 16 importateurs parmi les 18 existants à avoir signé le cahier des charges pour importer 75.000 tonnes. Ils sont exonérés de la taxe douanière et de la TVA à la suite de la décision du président de la République. Une ordonnance présidentielle a été promulguée dans ce sens il y a deux jours. Près de 17.000 tonnes ont été déjà importées, selon le ministre. Par contre, les spécialistes en agriculture avancent des prix tout à fait différents. Ces derniers affirment qu'avec la suppression des taxes douanières, le prix ne devrait pas dépasser 15 DA le kilo. Leur deuxième argument: le prix de la pomme de terre n'a pas bougé sur le marché international. «Il ne faut pas oublier les frais du transport et que la pomme de terre est cédée à pas moins de 30 DA à l'étranger», a justifié, pour sa part M.Ould Abbès lors d'une conférence de presse animée, hier, à l'occasion du lancement de l'opération de solidarité pour le mois de Ramadhan. Pourtant, le ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub, avait bien expliqué récemment le processus d'importation de ce produit. Il a affirmé qu'avec 30% de taxes douanières et 7% de TVA, la pomme de terre arrive au port d'Alger à 38 DA. La guerre des prix persiste. Dans cette controverse sur la disponibilité et le prix de la pomme de terre, c'est la crédibilité du gouvernement de Belkhadem qui risque de prendre un coup bien avant la rentrée sociale. D'ailleurs, ce dernier a mis sur pied un comité ad hoc dont la mission est de suivre au quotidien les tendances du marché. Par ailleurs, le ministre de la Solidarité a assuré les citoyens qu'il n'y aura pas de pénurie des produits de consommation (la pomme de terre et le lait compris) durant le mois sacré. Le sucre, la semoule, la farine et l'huile sont disponibles en quantité suffisante pour inonder le marché, précisera M.Ould Abbès. Il a affirmé également que les prix du sucre et de l'huile ont baissé sur le marché international. Donc, il n'y a aucune raison pour que ces derniers soient augmentés. Pour le lait, le gouvernement s'est engagé à poursuivre son soutien. D'ailleurs, une enveloppe de 20 milliards de dinars a été octroyées aux éleveurs, aux transformateurs et aux collecteurs pour les mois de juillet, août et septembre. «L'Etat continuera à subventionner le lait à 15 DA/litre», a-t-il avancé. Concernant les légumes, il y a une surproduction à en croire le ministre. Chiffres à l'appui, il y a une production de +28% pour la tomate, +27% pour la courgette, +70% pour les oignons, +55% pour le poivron et +32% pour la carotte. Les raisins ont enregistré également une production de +281%. Même constat pour la viande rouge et la viande blanche. Ils sont 25 importateurs parmi les 46 qui se sont engagés à importer 50.000 tonnes de viandes congelées. Près de 12.500 tonnes sont déjà sur le marché. «La directive du chef du gouvernement est d'inonder le marché et d'effectuer un contrôle rigoureux», dira le représentant du gouvernement avant d'insister: «Il faut dénoncer les spéculateurs».