L'action du gouvernement pour mettre un terme à la crise de la pomme de terre tend à encourager l'importation de ce tubercule, si l'on tient compte des déclarations du ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub, qui a animé hier une conférence de presse au siège de son département. L'Etat ira jusqu'à supprimer le droit de douane et la TVA pour l'importation de la pomme de terre si la crise persiste, a-t-il indiqué. Il a toutefois conditionné le recours à cette mesure extrême, qui ne peut être réalisée que dans le cadre de la loi de finances ou la révision du tarif douanier, que si le prix ne baisse pas à 45 dinars avec les arrivages de cette semaine. Près de 25 000 tonnes ont été importées les mois de juillet et août. El Hachemi Djaâboub n'a pas exclu de confier l'importation de la pomme de terre à l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC). Outre la pomme de terre, le ministre a annoncé hier une série de mesures gouvernementales pour faire baisser les prix des produits alimentaires et éviter à d'autres, tels que le lait et le pain de prendre une courbe ascendante. « Suite à la flambée des prix des produits alimentaires, le gouvernement a décidé de prendre des mesures pour en diminuer l'impact sur le citoyen en régulant le marché et en battant en brèche la spéculation », a-t-il soutenu. Il a signalé que le gouvernement compte intervenir en vertu des articles 4 et 5 de la loi 03-03 qui stipule que l'Exécutif peut prendre des mesures pour faire baisser les prix en cas de situations exceptionnelles. Le ministre a tenu d'emblée à rassurer quant aux prix du lait et du pain qui, a-t-il dit, resteront subventionnés par l'Etat, et ce, malgré la hausse de leur prix sur le marché international. « Le Trésor public va payer la différence à l'Office algérien interprofessionnel des céréales », a-t-il ajouté. Il en est de même pour le lait. L'Etat continuera à verser les 15 DA pour chaque sachet afin d'éviter de revoir à la hausse le prix de cette denrée alimentaire. El Hachemi Djaâboub a indiqué que la régulation de la filière lait devrait être plus efficace avec la mise en place de l'Office national du lait qui a d'ores et déjà été créé et dont le directeur général a été nommé. Il sera opérationnel prochainement, soulignera le conférencier. Il assurera la même fonction que l'OAIC, a-t-il précisé. En attendant, l'entrée en jeu de cet office, une filiale de Giplait va assurer l'importation et la distribution de la poudre de lait et dérivés. M. Djaâboub fera savoir que les pouvoirs publics ont accordé jusqu'à présent 4 milliards de dinars à 90 producteurs de lait. L'autre solution pourrait être l'amélioration de la production nationale, notamment le volet collecte, a-t-il relevé. « Les Algériens consomment chaque année plus de 3,5 milliards de litres. Or nous ne produisons que 2,2 milliards de litres dont seulement 250 millions sont collectés », fera-t-il remarquer. La constitution d'un bon cheptel bovin fait partie des actions que le gouvernement compte entreprendre pour solutionner le problème du lait. « Notre cheptel bovin compte actuellement 900 000 génisses laitières dont les deux tiers ne produisent pas beaucoup. Il y a un projet pour importer des génisses pleines afin d'améliorer notre rendement et réduire la facture de l'importation de lait qui est de 600 millions de dollars », a-t-il confié tout en rappelant que la facture alimentaire n'est toujours pas tombée en dessous des 3,5 milliards de dollars. « Nous importons beaucoup pour le tube digestif », a-t-il ironisé. Pour ce qui est du processus de négociations pour l'adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), M. Djaâboub a révélé que la dernière offre révisée a été élaborée par les experts et les ministres. Elle concerne six pays. Elle sera soumise au chef du gouvernement qui la remettra à son tour au comité gouvernemental chargé du suivi des négociations pour son aval. Elle sera négociée à Genève lors du prochain round. Elle concerne les droits de douane pour les produits importés.