La zone euro n'est pas parvenue dans la nuit de mardi à mercredi, à un accord ouvrant la voie à un déblocage d'une aide financière pour la Grèce, et les ministres des Finances se réuniront de nouveau lundi prochain, a annoncé l'Eurogroupe après plus de 11 heures de discussions. Se disant "un peu déçu" par cet échec, le chef de file de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a estimé qu'un accord serait "possible lundi". "Nous sommes tout près d'un accord mais il n'a pas été possible aujourd'hui". "Des progrès ont été faits, mais il en faut encore un peu plus", a estimé la directrice du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde. "L'Eurogroupe a eu une vaste discussion et a fait des progrès en mettant le doigt sur une série d'initiatives crédibles qui devraient considérablement aider à améliorer la soutenabilité de la dette", selon un communiqué. La réunion des ministres des Finances de la zone euro a été interrompue après plus de 11 heures de discussions "de façon à ce que des travaux techniques puissent avoir lieu concernant certains éléments de ce paquet". Les ministres se réuniront de nouveau à Bruxelles, lundi 26 novembre. "Les questions étaient si complexes que nous n'avons pas trouvé de solution définitive", a affirmé le ministre allemand, Wolfgang Schäuble. "Il y a toute une série d'options pour combler le trou de financement" de la Grèce, estimé à 32 milliards d'euros, a-t-il ajouté, sans plus de précisions. Les ministres étaient réunis depuis, avant-hier 6H00 GMT pour se mettre d'accord sur le versement d'un prêt pouvant aller jusqu'à 44 milliards d'euros, et trouver un terrain d'entente avec les autres créanciers publics, en premier lieu le FMI. Ils doivent trouver des solutions pour réduire l'énorme dette grecque, qui menace d'atteindre 190% du PIB en 2014, et combler un trou de 32 milliards d'euros résultant des dérapages des deux premiers plans d'aide et du délai de deux ans dont doit bénéficier le pays pour mener à bien son ajustement budgétaire. De nombreuses options ont été évoquées. Parmi elles, un abaissement des taux d'intérêt des prêts déjà consentis à la Grèce, un allongement des durées de remboursement, ou un rachat par le pays d'une partie de sa dette à prix cassé. A aussi été avancée l'idée d'un geste de la BCE qui pourrait reverser les profits sur les obligations grecques qu'elle a acquises afin qu'ils abondent les caisses grecques. M. Juncker, a souligné que ces questions étaient "complexes" et que des "calculs doivent être faits". Les ministres doivent rendre compte à leurs gouvernements et à leurs Parlements "et les chiffres doivent être très clairs", a-t-il ajouté. La semaine dernière, une divergence était apparue entre Mme Lagarde, et M. Juncker, prêt à repousser de 2020 à 2022 l'échéance à laquelle la Grèce doit ramener sa dette à 120% du PIB. "Nous rapprochons nos positions", a dit M. Juncker. Pour obtenir le feu vert de ses créanciers, Athènes a dû adopter une nouvelle série de mesures d'austérité. Sur ce point, l'Eurogroupe a salué les mesures prises, tant dans le domaine de la consolidation budgétaire, des réformes structurelles, des privatisations et de la stabilisation du secteur financier. "Ces efforts témoignent de l'engagement fort des autorités (grecques) en matière d'ajustement", indique le communiqué de l'Eurogroupe. Les ministres "ont fait l'éloge des efforts considérables réalisées par les autorités grecques et par les citoyens". "Stabilité de la zone euro" menacée par l'absence d'accord Le Premier ministre grec, Antonis Samaras, a mis en garde, hier, les partenaires et bailleurs de fonds du pays contre le risque d'une déstabilisation de la zone euro. Il réagissait, hier, à l'échec de l'Eurogroupe et du FMI à s'entendre dans la nuit sur les moyens d'aider la Grèce. "Nos partenaires et le FMI ont le devoir de faire ce qu'ils ont assumé, ce n'est pas seulement l'avenir de notre pays mais la stabilité de toute la zone euro qui dépend du succès de la conclusion de cet effort ces prochains jours", a déclaré M. Samaras dans un communiqué.La Grèce attendait de ses partenaires, qui ont finalement renvoyé une décision à lundi, sa remise sous perfusion financière et un règlement de son surendettement. "Les éventuelles difficultés techniques compliquant le règlement technique (du problème) n'excusent aucun retard ni insuffisance", alors que la Grèce a de son côté "fait ce qu'elle devait et à quoi elle s'était engagée", a insisté le Premier ministre.