La zone euro s'est donnée, avant-hier, huit jours supplémentaires pour parvenir à un accord sur la Grèce qui ouvrirait la voie au déblocage d'une tranche d'aide de plus de 30 milliards d'euros, mais doit encore surmonter de multiples désaccords notamment sur la trajectoire de la dette. "Nous sommes tout près (d'un accord) et je ferai tout pour qu'une décision en bonne et due forme soit prise le 20 novembre", a déclaré le chef de file de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, au terme d'une réunion consacrée à la Grèce. Les ministres des Finances de la zone euro ont décidé de se revoir la semaine prochaine pour espérer débloquer l'aide à la Grèce, gelée depuis le mois de juin. Avant-hier, ils se sont penchés sur le rapport de la troïka des créanciers publics d'Athènes (UE, BCE et FMI), qui leur avait été remis plus tôt. Ce rapport provisoire comprenait à la fois un examen des mesures mises en place par Athènes, en échange d'aide, et une évaluation des besoins financiers du pays, qui doivent être réajustés compte tenu notamment de la récession plus profonde que prévu traversée par le pays. Sur le premier volet, l'heure a été au satisfecit. La Grèce a fait "des efforts budgétaires gigantesques, on ne peut pas rester indifférents à cela", a affirmé le ministre français des Finances, Pierre Moscovici. De son côté, la directrice du Fonds monétaire international Christine Lagarde a estimé qu'il restait "encore à évaluer quelques engagements de la Grèce". "Mais on y est presque", a-t-elle affirmé. Le délai a un coût qu'il faut financer Mais les créanciers de la Grèce doivent encore trouver des solutions pour permettre à Athènes de mener à bien son ajustement budgétaire, grâce à un répit de deux ans jusqu'en 2016, un principe sur lequel ils sont d'accord, selon plusieurs sources européennes. Cela devrait être formalisé lors du prochain Eurogroupe, selon une de ces sources. Ce délai a un coût qu'il va falloir financer. Selon le rapport provisoire de la troïka, ce trou de financement s'élèverait à 32,6 milliards d'euros, un montant lié notamment à l'explosion de la dette grecque et du retour incertain du pays sur les marchés. "Il faut qu'on cherche des solutions créatives", avait affirmé la ministre autrichienne Maria Fekter à son arrivée à Bruxelles. L'idée est de trouver comment combler ce trou mais à ce jeu, les créanciers se renvoient la balle. La Banque centrale européenne (BCE) refuse d'accepter des pertes sur les obligations grecques qu'elle possède, le Fonds monétaire international (FMI) refuse de remettre au pot et laisse cette responsabilité à la zone euro, qui exclut tout nouveau prêt, synonyme de troisième plan d'aide à la Grèce. Plusieurs solutions sont à l'étude: un abaissement des taux d'intérêt des prêts déjà consentis à la Grèce ou un rachat par le pays d'une partie de sa dette à prix cassés. La question est liée à l'évolution de la dette grecque, un autre sujet polémique parmi les créanciers de la Grèce. Beaucoup d'analystes considèrent qu'il est irréaliste de la ramener à 120% du PIB en 2020, comme prévu jusqu'ici. Pas de cessation de paiement "Il y a une forte probabilité que le délai soit repoussé à 2022" au lieu de 2020 comme prévu jusqu'ici, a déclaré M. Juncker. Une position que ne partage pas le FMI qui garde la date-butoir de 2020. "Nous avons des divergences, nous travaillons et nous tentons de les résoudre", a affirmé Mme Lagarde. En dépit de ces désaccords et de ces retards, Athènes ne sera pas en cessation de paiement à la fin de la semaine, a assuré M. Juncker. "Il n'y aura pas de problème le 16 novembre", a assuré le chef de l'Eurogroupe. A cette date, le pays doit rembourser pour 3,4 milliards d'euros d'obligations à très court terme, a indiqué le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn. Prenant les devants, Athènes a prévu de lancer un emprunt exceptionnel pour rembourser une partie de cette créance. La Grèce a récemment multiplié les efforts pour recevoir à nouveau de l'aide de ses créanciers, en adoptant un programme d'ajustement budgétaire musclé comprenant des économies de 18 milliards d'ici 2016 et un budget pour 2013 imposant 9 milliards d'euros d'économies.