Au plus bas depuis 15 ans, le dollar ne risque pas de se revigorer de sitôt. Affecté par les turbulences boursières, causées par la crise des crédits hypothécaires, plus communément appelée la crise des " subprimes "; la monnaie américaine est tombée à un plus bas de quinze ans contre un panier de devises. L'index dollar est passé sous le seuil psychologique de 80,0 et l'euro progressait en vue de son record historique de 1,3850 dollar touché il y a deux semaines. Le repli des marchés financiers, la publication d'indicateurs témoignant d'un ralentissement de la croissance mais aussi le débouclage d'opérations de carry trade créent un environnement négatif pour le billet vert. L'aversion au risque est revenue au premier plan, constate Jeremy Stretch, stratège chez Rabobank. "En conséquence, les investisseurs se débarrassent du risque et fuient le dollar." A l'exemple de Morgan Stanley qui recommande à ses clients de vendre leurs dollars pour acheter des yens ou du franc suisse, précise Laura Ambroseno, une économiste de la banque d'affaires. Pour sa part, l'euro ne cesse de prendre de la vigueur. Celui-ci s'est d'ailleurs stabilisé au-dessus de 1,38 dollar lundi, soutenu par les bons chiffres de l'industrie allemande. Lundi un euro valait 1,3787 dollar contre 1,3775 dollar vendredi vers 21h00 GMT. Il avait atteint 1,3839 dollar pour un euro dans la nuit, s'approchant ainsi de son record historique établi le 24 juillet, à 1,3852 dollar pour un euro. La monnaie unique montait aussi un peu face au yen à 162,78 yens pour un euro contre 162,56 yens vendredi soir. La zone euro a, pour sa part, donné, lundi, un nouveau signe de sa vigueur : alors que le marché tablait sur une baisse, les commandes industrielles en Allemagne ont progressé fortement, de 4,6% en juin. Stuart Bennett, économiste de la banque Calyon, soulignait toutefois que la croissance des exportations provenait uniquement de la zone euro. "Si l'euro continue à se renforcer, le facteur devise pourrait davantage être un sujet de préoccupation pour les décideurs allemands à la fin de l'année", a-t-il ajouté. Cette situation démontre les déséquilibres dont pourraient pâtir les pays qui, comme l'Algérie, exportent en dollars et importent en euros. Ainsi, les pays de l'Opep ont, à maintes reprises, démontré qu'ils préféraient placer leurs liquidités en euros plutôt qu'en dollars. D'ailleurs, la faiblesse actuelle du billet vert réduit les revenus des pays membres de l'OPEP tirés des ventes libellées en dollars et pourrait les encourager à chercher un meilleur prix pour le baril.