Les deux groupes japonais d'industries lourdes Hitachi et Mitsubishi Heavy Industries (MHI) ont annoncé, avant-hier, leur intention de regrouper leurs activités d'équipements pour centrales thermiques, n'excluant pas à l'avenir une fusion de leurs divisions nucléaires. Les deux groupes doivent encore préciser les modalités exactes de ce rapprochement d'ici au mois d'avril 2013, mais prévoient d'ores et déjà de créer une société conjointe en janvier 2014, laquelle développera, fabriquera et vendra des turbines, chaudières et autres moyens requis dans les centrales thermiques ou géothermiques. Les piles à combustible et les équipements visant à limiter la pollution figurent aussi parmi les activités qui seront mises en commun. La concurrence internationale s'accentue, notamment avec la montée d'acteurs étrangers, a justifié le P-DG de MHI, Hideaki Omiya, lors d'une conférence de presse. Cette fusion vise à créer une structure à même de figurer parmi les meneurs mondiaux du secteur, a complété le patron d'Hitachi, Hiroaki Nakanishi. Cela ne signifie pas que nous soyons incapables de lutter seul, mais que nous réfléchissons dans une perspective de 5 à 10 ans, a-t-il ajouté. La nouvelle entreprise, qui devrait être détenue à 65% par MHI et 35% par Hitachi, est censée atteindre une taille suffisante pour concourir dans la catégorie des géants mondiaux du secteur que sont notamment l'allemand Siemens et l'américain General Electric (GE). MHI et Hitachi, déjà partenaires dans d'autres domaines, ont jugé qu'un rapprochement leur permettrait d'aligner une gamme plus complète de turbines et autres équipements, basés sur des technologies de pointe que ces entreprises prétendent détenir et proposer à l'échelle mondiale, notamment aux pays émergents. MHI est un acteur important dans le domaine des centrales thermiques au gaz naturel, avec des turbines de grande envergure à très fort rendement. Il fabrique aussi des équipements pour sites de production géothermique. Dans ces secteurs existe une demande en très forte progression, particulièrement depuis l'accident nucléaire de Fukushima qui a entraîné l'arrêt de centrales atomiques, des retards de projets et le redémarrage ou la construction d'installations thermiques. Hitachi est quant à lui non seulement un gros fabriquant de turbines de moyennes et petites dimensions, mais aussi un acteur important du domaine de l'électronique et de l'informatique, des technologies désormais indispensables dans la gestion des installations de production d'électricité. Les deux groupes sont également complémentaires sur le plan géographique, MHI étant surtout présent en Asie du Sud-Est et au Moyen-Orient tandis que Hitachi est bien implanté en Europe et en Afrique. Le regroupement des activités thermiques n'est pas un pas vers un rapprochement intégral des deux groupes, a affirmé M. Omiya, sous le regard approbateur de son homologue d'Hitachi, mais une union à l'avenir des activités nucléaires n'est en revanche pas exclue. Il est difficile de prévoir ce qui se passera concernant le redémarrage des centrales atomiques du Japon. Toutefois, lorsque la situation sera plus claire je souhaiterais que l'on étudie ce que l'on peut faire ensemble, a-t-il indiqué. Dans le même temps, nous devons tenir compte du fait que nous, MHI, avons un partenariat avec (le groupe français) Areva et Hitachi avec (l'américain General Electric), a-t-il souligné. MHI et Areva sont alliés à plusieurs niveaux du cycle nucléaire, dans le développement de réacteurs de moyenne puissance avec la coentreprise Atmea, et dans la fourniture de combustible avec la société commune Mitsubishi Nuclear Fuel. MHI et Hitachi collaborent cependant déjà en partie sur les technologies liées à l'énergie nucléaire, les deux groupes étant impliqués dans la résolution de la crise à la centrale de Fukushima.