Faudrait-il faire comme si les positions des grandes puissances pour ce qui concerne l'Afrique, et plus particulièrement le Sahel ne sont pas centrées sur leurs intérêts exclusifs ? Le Sahel pour certains est approché sous l'angle de la géophysique, avec les minerais tels l'uranium, les phosphates, et constitue un couloir pétrolier séparant l'Afrique du Nord et les régions subsahariennes. Les pays occidentaux se réveillent lorsque leurs intérêts sont en péril, ou risquent de l'être même dans le long terme. Ils ne prennent pas de risques et préfèrent prendre les devants bien avant que la menace commence à se dessiner. Bien en avance pour éviter " les mauvaises surprises ", ils tentent de reconfigurer politiquement la région en question y compris par les moyens de déstabilisation que sont les moyens de guerres internes provoquées à dessein. Cela fait depuis longtemps qu'ils ont fait un diagnostic pour savoir dans quelles conditions leurs intérêts sont mis garantis, à savoir s'ils ont besoin d'une Afrique apaisée ou en effervescence et de pays arabes stabilisés ou en proie au chaos. Aujourd'hui que la remise en cause de leurs intérêts risque de devenir une évidence, ils revoient leurs positions et abandonnent ceux qu'ils parrainaient dans ces pays. Ils sont toujours là et continueront à l'être en appuyant ceux qu'ils savent qu'ils continueront à être au pouvoir ou qu'ils seront les nouveaux pouvoirs. Sur le plan du discours, l'Europe plus particulièrement affirme qu'elle a intérêt à e que soient crées les conditions de la stabilité des pays Africains et également des pays arabes. Les intérêts sont liés aux objectifs économiques et également aux questions de sécurité. L'immigration clandestine est devenue un enjeu de pouvoir dans un contexte ou les pouvoirs en place en Europe se lancent dans la surenchère extrémiste pour enlever les voix électorales aux partis extrémistes. On ne sait pas que l'ouverture du marché intérieur aux produits à bas prix concurrencerait ainsi les produits fabriqués localement, amènerait la fermeture ou la délocalisation des entreprises, ferait augmenter le chômage local ? La mondialisation portée par une concurrence sans pitié provoque la ruine et la fermeture des entreprises des pays en développement, alors qu'une guerre sur le plan militaire provoque la destruction des entreprises industrielles. L'effet est donc pratiquement le même. L'Afrique et les pays arabes par exemple, ont besoin de développement et voudraient que s'établisse une politique internationale d'échanges créatrice d'emplois durables et non pas de confrontations sous forme de concurrence impitoyable où les vainqueurs sont connus d'avance. A chaque grande manifestation économique internationale, c'est le même discours portant les mêmes revendications, et c'est la même réponse fournie par les pays interpellés. Des discours portés par ce type de revendications ont été à maintes fois prononcés par les pays en développement sous forme d'appel à l'aide et n'ont reçu de la part des pays industriels que des promesses. Or il y a des urgences qui s'expriment de la part de tels pays. Devant l'accroissement inévitable du chômage et du risque de mouvements sociaux qui tendraient vers la violence, qui donneraient éventuellement des argumentations supplémentaires au terrorisme qui ne manquerait pas l'occasion de faire des campagnes de recrutement pour renouveler leurs effectifs et donc aggraver la situation de sécurité et d'instabilité . Il y a également des risques d'effondrement des industries que ces pays ont mises en place au prix d'un endettement important et donc les risques de faillites des entreprises avec leur inévitable cortège de licenciements et donc de perturbation sur le front social. De tels pays devraient être aidés à protéger leur marché intérieur. Des zones Africaines de libre échange ? Plutôt une zone Africaine de libre échange des produits importés d'ailleurs et vendus sur le marché intérieur Africain et non pas des produits fabriqués en Afrique même. Il n'y aurait ainsi que les pays en développement à ne pas protéger leur marché intérieur. Quand bien même qu'il y ait des accords internationaux tendant à l'ouverture des marchés intérieurs, le patriotisme économique prendrait fatalement le pas sur le sacrifice des engagements internationaux. Quand on dit patriotisme économique, ce sont les pays riches qui y ont recours, alors que ce sont les pays en développement qui nécessitent d'y faire recours. De quelle coopération ont besoin les pays Africains ? Il faudrait bien poser tous les termes de l'équation.