Le pétrole a terminé en baisse, avant-hier, à New York et à Londres, reprenant son souffle après une nette progression la veille, dans un marché s'inquiétant des perspectives économiques aux Etats-Unis alors que des négociations sur le budget du pays semblaient piétiner à Washington. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en janvier a lâché 88 cents à 85,89 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier a fini à 107,91 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 1,59 dollar par rapport à la clôture de la veille. Le marché du brut, qui a ouvert en baisse à New York, a accéléré son recul à la suite de commentaires d'élus du Congrès laissant augurer de longues négociations à Washington avant qu'un accord budgétaire crucial pour le pays ne soit conclu. Chaque fois que l'on sent que l'on s'éloigne d'un accord sur le +mur budgétaire+, une cure d'austérité forcée risquant de briser le faible élan de la reprise américaine faute d'accord politique avant 2013, on craint une récession, on s'inquiète pour la demande en brut, a noté Phil Flynn, de Price Futures Group. Or, avec ce que l'on a entendu aujourd'hui à Washington, on sent que l'on n'avance pas beaucoup et cela pèse de manière importante sur le marché, a-t-il souligné. Le négociateur républicain et président de la chambre des Représentants, John Boehner a notamment réitéré sa demande de réductions profondes des dépenses publiques en échange de tout compromis fiscal, à seulement 19 jours de ce mur budgétaire. D'autre part, les cours ont subi une correction technique au lendemain de l'annonce par la Réserve fédérale américaine (Fed) d'un nouveau programme de rachats d'actifs en janvier et du maintien d'un taux directeur quasi nul, qui avaient aidé le marché à nettement s'apprécier. En effet, de telles mesures favorisent les actifs jugés risqués, comme les matières premières, les rendant plus intéressantes pour les investisseurs spéculatifs. Mais le marché digère également la désignation par la Fed de facteurs économiques, tel qu'un taux de chômage supérieur à 6,5%, comme l'une des conditions pour maintenir son taux directeur entre 0 et 0,25%, a relevé John Kilduff, de Again Capital. Le taux directeur de la banque centrale sera également lié aux perspectives d'inflation à moyen terme et aux attentes d'inflation à plus long terme. Identifier de telles cibles, cela montre que la Fed considère déjà à plus long terme un resserrement de sa politique monétaire, ce qui met sous pression les cours du brut, a-t-il ajouté. Des ventes au détail jugées décevantes aux Etats-Unis en novembre, de mauvais augure pour la consommation et la demande en brut, n'ont pas aidé non plus le marché, a noté Bill Baruch, de iiTrader. Autre source d'inquiétude, le Département américain de l'Energie (DoE) a annoncé la veille une hausse inattendue des stocks de brut aux Etats-Unis lors de la semaine achevée le 7 décembre, ainsi que des progressions biens plus fortes que prévu des réserves d'essence et de produits distillés (dont le gazole et le fioul de chauffage). Les réserves de produits distillés du premier pays consommateur d'or noir au monde sont particulièrement scrutées à l'approche de l'hiver. En Asie, les cours du pétrole se repliaient, avant-hier matin, dans un marché déprimé par les prévisions de baisse de la demande de brut au cours des prochains mois, établies par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) réunie la veille à Vienne. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en janvier reculait de 19 cents, à 86,58 dollars, tandis que le baril de Brent de la mer du Nord pour même échéance cédait 15 cents, à 109,35 dollars. Les cours reculent après les déclarations du cartel de pétrole "sur un renforcement des risques de baisse de la demande", a déclaré Sanjeev Gupta, qui dirige le secteur gaz et pétrole pour l'Asie Pacifique chez Ernst and Young.