Peu après la visite en Iran, cette semaine, du Premier ministre irakien Nouri Al-Maliki, c'était au tour de son ministre du Pétrole, M. Hussein Al-Shahristani, de se rendre à Téhéran. Une visite fructueuse puisqu'elle s'est soldée par la concrétisation d'un accord sur la construction de deux oléoducs pour acheminer en Iran du pétrole irakien. L'accord, signé vendredi soir, prévoit, selon le ministère iranien de l'Energie, un pipeline qui doit transporter du brut du port de Bassorah, dans le sud de l'Irak, au port d'Abadan, dans le sud-ouest de l'Iran et un autre oléoduc qui doit être construit entre les deux villes pour le transport de produits pétroliers. Dans le cadre de cet accord, l'Iran doit également acheter 100 000 barils de brut irakien pour les raffiner dans le port de Bandar Abbas (sud) avant de revendre les produits raffinés à l'Irak. Il est aussi précisé que cet accord n'est pas limité en terme de quantité. L'Irak, qui dispose des troisièmes réserves de brut du monde, souffre toutefois d'un déficit de produits raffinés depuis l'invasion américaine de 2003 et l'attaque de ses infrastructures. Une situation qui oblige le gouvernement irakien à importer des produits raffinés des pays voisins. En août 2006, Téhéran et Baghdad avaient signé un protocole d'accord sur le raffinage en Iran de 100 000 barils de pétrole irakien en échange de la livraison de 2 millions de litres de produits raffinés par jour. Mercredi, lors de sa deuxième visite en moins d'un an en Iran, le Premier ministre irakien, Nouri Al- Maliki, a déclaré que l'Irak voulait utiliser l'expérience de l'Iran dans de nombreux domaines, notamment celui de la transmission d'électricité, l'échange de dérivés du pétrole et la réalisation de centrales électriques. Pour sa part, le premier vice-président iranien, Parviz Davoudi, a déclaré que des techniciens et des entrepreneurs iraniens étaient prêts à contribuer à la construction de raffineries et autres infrastructures en Irak. Le gouvernement irakien qui, apparemment, n'a pas juré fidélité éternelle aux USA, semble décidé à se rapprocher de son voisin iranien. Une éventualité qui n'est pas du goût de Washington. En effet, le président américain George W. Bush lance un avertissement au Premier ministre irakien Nouri al-Maliki, l'accusant de se montrer trop "conciliant" avec Téhéran. "Si le signal qu'il veut lancer est que le rôle de l'Iran est constructif, il va falloir que nous ayons une franche discussion avec mon ami le Premier ministre parce que je ne crois pas que ce soit le cas", a prévenu le président américain. Il convient de rappeler enfin que ce rapprochement entre Téhéran et Baghdad, suivi de mise en garde du président Bush, interviennent au moment où des tensions aiguës sont apparues entre l'armée américaine et le Premier ministre irakien. Dans une situation où le gouvernement Bush est engagé dans un conflit diplomatique, voire peut-être militaire, avec Téhéran, des doutes existent au sein des milieux politiques américains quant à la sagesse de laisser l'Etat irakien entre les mains de Maliki.