Acceptant mal le rapprochement entre l'Iran et l'Irak, le président américain a sévèrement mis en garde, jeudi, le Premier ministre irakien, menaçant même de faire payer le prix d'un “travail non constructif”. Le séjour de Nouri Al-Maliki en Iran n'a guère été du goût de George W. Bush, lequel n'a pas tardé à l'avertir des conséquences qui pourraient en découler. Enjoignant au Premier ministre irakien de ne pas se montrer trop conciliant avec Téhéran, le locataire du bureau ovale lui a adressé un sérieux avertissement. “Si le signal qu'il veut lancer est que le rôle de l'Iran est constructif, il va falloir que nous ayons une franche discussion avec mon ami le Premier ministre parce que je ne crois pas que ce soit le cas”, a lancé Bush en direction d'Al-Maliki, à l'issue de la visite de deux jours de ce dernier à Téhéran. “Mon message est que si on vous attrape à jouer un rôle non constructif, il y aura un prix à payer”, a encore ajouté le chef de l'Etat américain sur un ton qui en dit long sur son appréciation de ce rapprochement irako-iranien. Bien que Gordon Johndroe, le porte-parole de la Maison-Blanche à la sécurité nationale, a cherché à atténuer les termes utilisés par Bush, notamment “le prix à payer” en affirmant que cela s'adressait en fait à l'Iran, il faut dire que Nouri Al-Maliki est attendu au tournant. Les Etats-Unis n'ont guère apprécié le geste du Premier ministre irakien, qui a rencontré mercredi les familles de cinq Iraniens arrêtés en janvier par l'armée américaine à Erbil et a promis de tout faire pour obtenir leur libération. Pour information, l'armée américaine détient toujours ces officiers iraniens qu'elle accuse d'appartenir à une force d'élite des Gardiens de la révolution, ce que Téhéran réfute, les qualifiant de simples diplomates. Accusant l'Iran de fomenter une partie de l'insurrection irakienne en soutenant la majorité chiite, Washington n'a jamais caché son aversion pour le régime des mollahs. Le patron de la Maison-Blanche n'a certainement pas toléré que Téhéran rappelle à nouveau qu'un départ de l'armée américaine était le seul moyen de retrouver la stabilité en Irak. “L'Iran veut un Irak indépendant, sûr, stable et développé. Nous pensons que le départ des forces d'occupation permettra d'assurer la sécurité et la stabilité en Irak”, a, en effet, déclaré le vice-président iranien, Parviz Davoudi, lors des cérémonies de départ de M. Maliki. Dans sa conférence de presse, George Bush ne manquera pas d'affirmer : “L'une des principales raisons pour lesquelles j'ai demandé à l'ambassadeur Crocker de rencontrer la partie iranienne, c'est pour dire qu'il y aurait des conséquences pour les gens qui transportent et livrent des EFP (bombes perçant le blindage), des IED (engins explosifs), pour tuer des Américains en Irak.” En effet, l'armée américaine a fait état ces derniers mois de l'utilisation en Irak de bombes sophistiquées qui arrivent à percer le blindage de nombre de véhicules militaires américains lors des attaques de la rébellion visant les forces américaines. K. ABDELKAMEL