Les créneaux de l'énergie, l'agriculture, l'agroalimentaire, le tourisme, l'environnement, le secteur bancaire et l'infrastructure, sont retenus comme des niches porteuses pour les entreprises maghrébines par l'ensemble des intervenants aux 21es journées de l'entreprise, organisées à Tunis durant ces deux derniers jours. Les participants ont relevé l'absence, chez l'entreprise maghrébine, d'une prise de conscience de l'enjeu maghrebin et de l'existence d'importants intérêts communs. L'entreprise maghrébine, qui est frileuse quand il s'agit d'investir à l'echelle maghrébine, est appelée à se départir de son attentisme de l'initiative politique et à adopter une stratégie plus agressive et plus dynamique en matière d'investissement dans la région, a-t-on relevé au cours de cette manifestation. Les universitaires ont invité à adopter, à tous les niveaux, une stratégie de gouvernance décentralisée fondée sur une décision partagée ou en réseau afin de pouvoir développer des chaînes d'unités à l'échelle de tous les pays maghrébins. Aussi l'entreprise maghrébine est confrontée, selon les intervenants, à plusieurs défis et évolue dans un environnement caractérisé par une faible densité entrepreneuriale, l'absence d'une politique industrielle et un retard en matière de certification de qualité, et ce, même par rapport à certains pays du pourtour méditerranéen tels que l'Egypte et la Turquie. Par conséquent, l'entreprise du Maghreb est aujourd'hui confrontée à des défis liés au sous-encadrement, à la faiblesse du marché boursier et des mécanismes de financement alternatifs, au poids de l'informel et aux pratiques non concurrentielles. Intervenant à partir de Genève par visio-conférence, Mme Valentine Rugwabiza, directeur général adjoint de l'OMC, a souligné l'importance qu'accorde cette organisation aux milieux des affaires précisant qu'il appartient à ces milieux de transformer les accords négociés et signés dans le cadre de l'OMC, en flux d'échange et partant en intégration et en croissance. Elle a ajouté que le secteur privé de la région maghrébine peut apporter un soutien aux négociations, actuellement en cours, sur la facilitation du commerce tant ce dossier recèle d'importantes potentialités pour la région maghrébine. Cette région, a-t-elle dit, est appelée à harmoniser ses législations afin de faciliter les procédures de commerce, précisant que l'amélioration de la chaîne logistique et des services pourrait jouer un rôle de catalyseur pour le secteur privé dans cette région. Elle a en outre affirmé que son intervention par visio-conférence témoigne de la qualité de l'investissement placé par le gouvernement tunisien dans les technologies de la communication. M. Senen Florensa, président de l'Institut européen de la Méditerranée (Iemed) à Barcelone, a évoqué une projection du Maghreb d'ici l'an 2020 avec ou sans intégration maghrébine. Ainsi, en cas de non intégration entre les pays de l'Union, un manque à gagner d'environ 4 600 millions d'euros en terme de pertes à l'export et en investissements directs étrangers serait à déplorer pour les trois pays du Maghreb central (Tunisie, Maroc et Algérie), a-t-il avancé. Il est nécessaire, a-t-il précisé, d'intégrer les économies maghrébines, de poursuivre les efforts de modernisation et de libéralisation et de gagner en taille pour accroître la présence des entreprises maghrébines sur les marchés internationaux. Il s'agit, pour le président de l'IEMED, de construire un espace économique et social intégré dans lequel les entrepreneurs doivent jouer un rôle dynamique. Commentant le processus d'intégration maghrébine, M. Habib Ben Yahia, secrétaire général de l'UMA, a affirmé qu'un travail de fonds a été fait au niveau institutionnel depuis le Traité de Marrakech de 1989 qui a jeté les bases de l'aventure commune. Il a annoncé que l'examen en commission du dossier concernant la création d'une zone de libre-échange maghrébine a été achevé la semaine dernière, formant l'espoir de voir cette zone mise en place dans la perspective de la création d'une grande zone de libre-échange euro-méditerranéenne en 2010. Il faut, a-t-il souligné, que les cinq pays maghrébins unissent leurs efforts pour gagner en compétitivité, indiquant qu'un argumentaire économique sur la nécessaire édification de l'Union maghrébine a été préparé avec l'aide de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI). Enfin, il faut souligner l'enjeu de commencer à parler du Maghreb dès l'école primaire, de favoriser les contacts d'affaires entre les promoteurs maghrébins et de tisser des relations de complémentarité et de partenariat entre les forces vives de la région y compris les organisations non gouvernementales (ONG).