lInde et le Pakistan fêtent,hier et aujourd'hui, le 60e anniversaire de leur indépendance. Après s'être violemment affrontées pendant des années, les deux puissances nucléaires s'attachent aujourd'hui à normaliser leurs relations et sont davantage accaparées par leurs propres problèmes et aspirations. Après 200 ans de domination britannique, la création du Pakistan, à majorité musulmane et de l'Inde, à majorité hindoue, s'était faite dans le sang, le déplacement de dix millions de personnes s'accompagnant de violences qui firent entre 200 000 et plus d'un million de morts. Mais 60 ans et trois guerres plus tard, le climat s'est apaisé entre les deux frères ennemis. Pour l'Inde, le défi est aujourd'hui le partage des fruits d'une croissance exponentielle. Car dans sa course à la puissance économique, elle a laissé de côté nombre de ses 1,1 milliard d'habitants: elle abrite un tiers des habitants les plus pauvres de la planète, qui vivent avec moins d'un dollar américain par jour. La plus grande démocratie du monde L'Inde est une démocratie parlementaire et une République fédérale. Avec son milliard d'habitants, l'Inde se présente comme " la plus grande démocratie du monde ". Depuis son indépendance en 1947, le gouvernement de l'Union indienne a été dirigé principalement par le Parti national du Congrès (Indian National Congress ou Congrès(I), le parti de Gandhi et de Nehru. La vie politique des États a été dominée, quant à elle, par plusieurs partis nationaux, le Congrès, le Bharatiya Janata Party (BJP), le Parti communiste (Indian Communist Party ou CPI-M), le Janata Dal et surtout de nombreux partis régionaux tels que le Davida Munnetra Kazhagam (DMK) au Tamil Nadu. De 1950 à 1990, le Parti du Congrès a bénéficié de la majorité parlementaire hormis pendant deux brèves périodes : entre 1977 et 1980, le Janata Dal remportait les élections en raison du mécontentement populaire provoqué par la proclamation de l'état d'urgence par Indira Gandhi, alors Premier ministre. En 1989, une coalition nationale menée par le Janata Dal allié aux partis de gauche, accéda une nouvelle fois au pouvoir mais ne put s'y maintenir que pour une durée de deux ans. Les années 1996 à 1998 ont vu une succession de partis à la tête du pays, arrivés au pouvoir par la formation d'alliances hétérogènes et qui se sont révélées éphémères. Le BJP, parti nationaliste, a formé un gouvernement en 1996, suivi immédiatement par une coalition nommée Front Uni (United Front). En 1998, le BJP a formé à nouveau avec plusieurs partis régionaux une Alliance démocratique nationale (National Democratic Alliance ou NDA) et est devenu le premier parti non-congressiste à se maintenir au pouvoir jusqu'au terme de son mandat, soit cinq ans. Aux élections de 2004, le Congrès a remporté la majorité des sièges de la Lok Sabha et a formé un gouvernement avec une coalition de partis de gauche opposée au BJP au sein de l'Alliance progressiste unie (United Progressive Alliance). On notera qu'un intouchable, K.R. Narayanan, a pu accéder en 1997 à la présidence, ce qui montre l'ampleur des changements qui ont eu lieu dans la société indienne malgré de très vives résistances. L'actuelle présidente indienne est Pratibha Patil depuis 2007. Mais l'essentiel des pouvoirs est détenu par le Premier ministre Manmohan Singh (depuis 2004). Naissance du Pakistan La Seconde Guerre mondiale constitue un levier pour les nationalistes indiens, face à un gouvernement britannique qui souhaite la coopération indienne pendant le conflit. Gandhi et le Congrès lancent le mouvement Quit India auquel la Ligue musulmane ne s'associe pas formellement. Une période de violence incontrôlée s'ouvre en Inde, attisée par la terrible répression du mouvement de désobéissance civile de Gandhi et aggravée par une catastrophique famine qui fera deux à trois millions de morts au Bengale en 1943. Partition et indépendance [modifier] Décidés à quitter l'Inde depuis 1945, les Britanniques sont confrontés en 1946 à la multiplication de heurts sanglants entre la communauté musulmane, d'une part, et les communautés sikh et hindoue, d'autre part. La Ligue musulmane, qui continue de réclamer la création d'un État distinct dans les zones à majorité musulmane, remporte la plupart des circonscriptions musulmanes aux élections de 1946. Les Britanniques se décident en faveur de la partition du pays, malgré l'opposition de Nehru et de Gandhi. En vertu de l'Indian Independence Act voté par le Parlement britannique et entré en vigueur le 15 août 1947, le transfert de souveraineté s'accomplit de manière séparée pour l'Inde et le nouvel État du Pakistan le 15 août 1947 à 0h00. Le Pakistan comme l'Inde deviennent des États indépendants, membres du Commonwealth. Le nouvel État est immédiatement divisé en deux régions distinctes, distantes de 1700 km : le Pakistan oriental, qui deviendra le Bangladesh, et le Pakistan occidental composé du Sind, du Panjâb occidental, du Baloutchistan, des provinces frontalières du Nord-Ouest et d'un certain nombre de petits États. La partition avec l'Inde entraîne de gigantesques déplacements de population. Plus de six millions de musulmans indiens se réfugient dans le nouvel Etat pendant qu'un nombre approximativement égal d'hindous et de sikhs quittent le Panjâb pour l'Inde sur fond de violences et de massacres qui font plus de 500 000 victimes. La question communautaire ne sera d'ailleurs pas réglée par ces exodes, un tiers des musulmans continuant à vivre en Inde. Élaboration de l'État et question du Cachemire. Muhammad Ali Jinnah, appelé Qaid-i-Azam (Lumière de la Nation), devient gouverneur général du nouvel État, son Premier ministre est Liaquat Ali Khan. Le Pakistan démarre sa vie nationale sans fonctionnaires qualifiés et sans infrastructures administrative dans la capitale improvisée de Karachi. Il faut pourtant prendre en charge les réfugiés, mettre en route une économie autonome, instituer et entraîner une armée dans un pays géographiquement éclaté. Parallèlement, le dirigeant hindou du Jammu-et-Cachemire, le mahârâja Hari Singh, de la dynastie Dogrâ, demande l'assistance de l'armée indienne : le petit État fait l'objet d'incursions de tribus pathanes venues du Pakistan et appuyées par une partie de la population locale. Le mahârâja décide, le 26 octobre 1947, de se rattacher à l'Inde alors que 78 % de ses sujets sont musulmans. Le Pakistan n'accepte pas cette décision qui marque le début d'un enchaînement de conflits indo-pakistanais alors que l'Inde occupe les deux-tiers du Cachemire. Un cessez-le feu est négocié sous l'égide de l'ONU, il entre en vigueur le 1er janvier 1949. La proposition de l'ONU d'organiser un référendum reste vaine. Une ligne de démarcation temporaire est adoptée, appelée " ligne de contrôle " ou LOC (Line of Control) : les deux-tiers du Cachemire forment l'État fédéré indien du Jammu-et-Cachemire (capitale Srinagar) ; le Pakistan administre le dernier tiers, qui prend le nom d'Azad Cachemire (" Cachemire libre ", capitale Muzaffarabad) et les Territoires du Nord (capitale Gilgit). L'Inde est une démocratie parlementaire et une République fédérale. Avec son milliard d'habitants, les Indiens se présentent comme " la plus grande démocratie du monde ". L'Inde a réalisé d'énormes progrès économiques depuis l'accession à l'indépendance. Il est vrai qu'il fut un temps, la civilisation indienne rayonnait dans l'ensemble de l'Asie. C'est l'époque où l'Inde, à égalité avec la Chine, se situait au tout premier rang mondial, avec 22.6% du revenu de la planète. C'était en 1700. Un géant de plus d'un milliard d'habitants Aujourd'hui, l'Inde, un géant de plus d'un milliard d'habitants, commence à reprendre sa place dans l'économie mondiale. Le PIB total indien s'élève à 785.5 milliards de dollars (soit le 4e rang mondial en termes de parité de pouvoir d'achat). L'objectif du gouvernement indien consiste à accélérer le développement économique en réduisant la pauvreté, en développant davantage les infrastructures, notamment en zone rurale, et en facilitant l'accès à l'éducation ainsi qu'aux soins pour la population. Elle s'efforce d'approfondir ses relations avec l'Association des nations du sud-est asiatique (ASEAN), de resserrer ses liens avec la Chine et d'accroître ses interactions avec les pays d'Asie centrale, les États-Unis et l'Europe. Le pays traverse aujourd'hui une phase de croissance économique euphorique (plus de 8% en 2006). La classe moyenne indienne compte plus de 350 millions de personnes en constante évolution. Les secteurs qui tirent profit de la conjoncture sont, avant tout, les services et l'industrie manufacturière. Le pays a réalisé de gros progrès dans le domaine de la micro-informatique, l'informatique de haute performance, la télématique et le développement des logiciels. Premier exportateur mondial de logiciels informatiques L'Inde a mis au point des supers ordinateurs (Param 9000), d'une conception dernier cri. À elle seule, la ville de Bangalore, hyper centre des high-techs et de la recherche scientifique indienne compte 150 000 ingénieurs, au moment où la Sillicon Valley américaine n'a que 120 000 ingénieurs. L'Inde est, aujourd'hui, le premier exportateur mondial de service de programmation et de logiciels informatiques. Le taux de croissance annuelle des activités informatiques indiennes s'élève à 50 % et les exportations annuelles en logiciel dépassent les 10 milliards de dollars. La raison essentielle de cette effervescence réside dans le fait que l'Inde s'est lancée depuis les années 1980, dans la formation à grande échelle de chercheurs et de techniciens informaticiens et elle "met sur le marché", depuis plus de dix ans, 500 000 ingénieurs de haut niveau par an. Dans le domaine spatial, le pays a réussi à lancer, en janvier 2007, une fusée transportant une capsule qui a ensuite été récupérée sur Terre, dans le cadre de la préparation d'un vol spatial habité. La fusée indienne PSLV (Polar Satellite Launch Vehicule) a placé sur orbite quatre satellites, une première pour l'Inde, dont deux satellites indiens, un indonésien et un argentin. Aujourd'hui avec neuf satellites géostationnaires opérationnels, le pays a mis à profit son succès technologique spatial pour créer la télé éducation ainsi que des réseaux de télémédecine au service de la population. Le pays compte plus de 3 millions de nouveaux abonnés au téléphone mobile chaque mois. Des jeunes du monde entier viennent étudier en Inde et effectuer des stages dans le pays. Des exportations qui se chiffrent à plus de 2 milliards de dollars. L'Inde est aussi le premier producteur et exportateur de médicaments génériques du monde. La capitale de l'industrie pharmaceutique est Hyderabad. La première entreprise du secteur est Ranbaxy, avec plus de 10 000 salariés et 1,5 milliard de dollars de chiffre d'affaires. Les exportations indiennes se chiffrent à plus de 2 milliards de dollars. La nouvelle coopération que l'Inde est en train de nouer avec Pékin, va montrer que le XXIe siècle sera celui de l'Asie. Désormais plus personne ne peut l'ignorer. En termes de croissance, l'Inde n'aura plus rien à envier à la Chine. D'après une étude de Jean-Joseph Boillot, ancien conseiller financier à la Mission économique de New Delhi, la croissance de l'Inde dépassera celle de la Chine à l'horizon 2010-2015.