Au lieu du désarmement nucléaire, nous assistons à une course à la bombe atomique dans des pays pourtant exsangues. Première cible dans l'histoire de la bombe atomique, Hiroshima a célébré, hier, le 60e anniversaire de l'apocalypse nucléaire alors que les risques de prolifération nucléaire n'ont jamais semblé aussi menaçants. Aujourd'hui, nous sommes tous des Hibakushas, a affirmé le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, en référence au nom japonais donné aux 266 000 survivants irradiés des bombardements d'Hiroshima, le 6 août 1945, et de Nagasaki, trois jours plus tard, attirant l'attention sur l'échec du désarmement atomique que laissait envisagé la fin du monde bipolaire, après la chute du mur de Berlin. “Nous faisons face à une menace réelle de voir les armes nucléaires se propager et sans action concertée, nous risquons d'être confrontés à une cascade de proliférations nucléaire”, devait-il avertir dans un message devant les dizaines de milliers de personnes rassemblées dans le Parc de la Paix à Hiroshima. C'est que deux pays, la Corée du Nord et l'Iran, continuent de s'opposer à la volonté de la communauté internationale d'abolir les armes nucléaires en persistant dans leurs efforts pour développer leurs arsenaux nucléaires, déclenchant, par ailleurs, des crises internationales majeures. Le secrétaire général de l'Onu devra mettre la communauté internationale devant ses responsabilités lors de la prochaine session de l'Assemblée générale des Nations unies, qui débute le 13 septembre à New York. Le maire d'Hiroshima, capitale mondiale du pacifisme depuis soixante ans, avait auparavant accusé les huit puissances nucléaires de la planète : Etats-Unis, Russie, Grande-Bretagne, Chine, France, Inde, Israël et Pakistan, ainsi que la Corée du Nord et l'Iran, qui ambitionnent de faire partie de ce club, de menacer la survie de l'espèce humaine, exhortant les Nations unies à établir un comité spécial chargé d'étudier les moyens de bannir définitivement les armes nucléaires. Les Etats qui ont signé le Traité de non prolifération nucléaire (TNP) n'ont toujours pas réussi à se mettre d'accord sur une révision majeure de cette charte, entrée en vigueur en 1970, qui apparaît de plus en plus obsolète. Outre la Corée du Nord et l'Iran, Israël a toujours tourné le dos aux obligations du TNP, arguant qu'il ne les a pas signées. D'ailleurs, pour de nombreuses nations, ce pays posséderait depuis longtemps déjà ses propres bombes atomiques. Pyongyang n'est pas prêt à jeter le gant. Le négociateur américain aux pourparlers multilatéraux sur le nucléaire nord-coréen a évoqué la possibilité d'un échec, après la énième négociation marathon à Pékin. La Corée du Nord refuse de signer un document approuvé par la Corée du Sud, les Etats-Unis, la Chine, le Japon et la Russie, et qui propose le démantèlement de ses installations nucléaires en échange d'une aide économique et d'une normalisation des relations avec les Etats-Unis et le Japon. Pyongyang insiste sur son droit à développer des programmes nucléaires. L'Iran a la même attitude. Son nouveau président, Mahmoud Ahmadinejad, a déclaré, lors de la cérémonie de sa prise de fonction, que son pays n'accepterait aucune violation de ses droits ni aucune soumission à l'étranger, faisant allusion aux pressions des Etats-unis et de l'Ue pour obliger l'Iran à abandonner sa détermination de maîtriser tous les processus du nucléaire. Téhéran est pourtant plus que jamais sous la menace d'être traîné devant le Conseil de sécurité de l'Onu à cause de ses activités nucléaires. Le Pakistan et l'Inde, quant à eux, cherchent à calmer leurs tensions nées de leurs arsenaux nucléaires. D. Bouatta