La justice russe enquête sur une piste terroriste dans le déraillement d'un train de voyageurs survenu lundi soir entre Moscou et Saint-Pétersbourg après l'explosion d'une bombe artisanale. Une soixantaine de passagers et de membres du personnel de l'express, dont plusieurs wagons se sont renversés, ont été blessés sur cette ligne, l'une des plus fréquentées du pays. Le déraillement s'est produit près de la localité de Malaya Vichera, dans la région de Novgorod, à un demi-millier de km au nord de la capitale et à 170 km de Saint-Pétersbourg. "L'accident de train a été provoqué par un engin explosif de fabrication artisanale", a déclaré sur la première chaîne de télévision Sergueï Bednitchenko, procureur en chef du nord de la Russie. "Une enquête criminelle a été ouverte en vertu cde l'article 205, clause 3, relatif au terrorisme." Le directeur du FSB (service de sécurité intérieur, héritier du KGB), Nikolaï Patrouchev a, pour sa part, établi un lien entre l'attentat à la bombe et l'insurrection qui couve aux marches de la Tchétchénie rebelle. Le président Vladimir Poutine a été tenu informé de l'état de l'enquête par les responsables et, selon une porte-parole du Kremlin, il a demandé à être informé de tout nouveau développement dans cette affaire. Le convoi attaqué en pleine nuit est très fréquenté par les hommes d'affaires et les touristes étrangers. D'après une porte-parole de l'opérateur ferroviaire Russian Railways, on dénombre 60 blessés parmi les passagers et le personnel du train, qui transportait au total quelque 250 personnes. Trente-huit des blessés ont été hospitalisés. Le train est sorti des rails peu après avoir franchi un pont enjambant une route, a constaté sur place un photographe de Reuters. D'après des témoins, l'explosion a laissé derrière elle un cratère sur l'ouvrage d'environ deux mètres de diamètre. Le patron du FSB, cité par l'agence de presse Interfax, a affirmé que l'engin contenait deux kg de substances explosives. Selon Patrouchev, cet attentat s'inscrit dans la lignée d'une série d'attaques dirigées contre les forces de sécurité et des responsables du Nord-Caucase, limitrophe de la Tchétchénie. "Nous avons pu réduire de manière importante le (...) nombre d'attaques terroristes", a-t-il déclaré à l'agence Interfax. "Et pourtant, la menace représentée par l'extrémisme et le terrorisme n'a pas été éliminée une fois pour toutes." Le photographe de Reuters a indiqué que la locomotive et la quasi-totalité des wagons ont déraillé. Trois voitures au moins gisent renversées sur la voie. "On a entendu deux déflagrations, puis le convoi a brutalement freiné", a raconté un conducteur de train interrogé par Reuters sous couvert de l'anonymat. "Le train a été secoué et la panique a éclaté. On a brisé les vitres des fenêtres pour aider les passagers à sortir (...). Le wagon-restaurant est le plus touché, c'est là où il y a le plus de personnes blessées". Les rebelles tchétchènes ont eu recours par le passé au plasticage de trains pour tenter de faire avancer leur cause. En 2003, 46 personnes avaient péri dans un explosion à bord d'un train de voyageurs près de Iessentouki, dans le nord-ouest de la Tchétchénie. Deux ans plus tard, un train de passagers reliant Grozny à Moscou avait déraillé à environ 150 km de la capitale russe. Huit personnes avaient été hospitalisées.