La Turquie a signé avec les Emirats arabes unis un contrat géant d'un montant de 12 milliards de dollars qui doit lui permettre de lancer l'exploitation des gisements de charbon du sud-est turc pour alimenter des centrales électriques et réduire ainsi sa forte dépendance à l'égard du gaz naturel russe. Cet accord intergouvernemental, le plus important jamais signé entre la Turquie et un pays arabe en matière d'énergie, a été paraphé lors d'une cérémonie officielle à Ankara par la compagnie nationale d'énergie émiratie TAQA et l'entreprise publique d'électricité turque EUAS. Il s'agit d'un investissement très sérieux, un investissement substantiel, s'est réjoui le ministre turc de l'Energie Taner Yildiz lors de la cérémonie, c'est l'investissement le plus important réalisé en Turquie après les projets prévoyant la construction de deux centrales nucléaires. L'économie turque se porte très bien depuis des années (...) parce qu'il y règne un climat très propice aux investissements. S'il y existe un climat favorable aux investissements, nous venons et nous investissons, a pour sa part indiqué le ministre émirati de l'Energie Mohammed ben Dhaen al-Hamli. En 2012, le commerce entre les deux pays a atteint un montant de 9 à 10 milliards de dollars, a souligné le ministre, qualifiant l'accord signé entre les partenaires des deux pays de stratégique. Le contrat signé, qui accorde à TAQA le droit de négocier en exclusivité avec EUAS pendant les six prochains mois, vise à exploiter les importantes réserves de charbon du bassin d'Afsin-Elbistan, dans le sud de la Turquie, pour alimenter plusieurs centrales électriques. Dans le cadre de cet accord, une centrale déjà existante d'une capacité de 1 400 mégawatts sera modernisée et plusieurs autres nouvelles construites en différents points du bassin minier. Le gisement d'Afsin-Elbistan est estimé à 4,4 milliards de tonnes, soit 40% des réserves turques de lignite, et doit permettre de faire tourner des centrales d'une capacité totale de production de 8 200 MW. Pour soutenir la forte croissance de son économie, la Turquie produit actuellement l'essentiel de son énergie électrique à partir de gaz naturel pour l'essentiel importé, notamment de la Russie. Le gouvernement islamo-conservateur au pouvoir à Ankara a fait du développement de sa production de lignite l'une de ses priorités pour réduire sa dépendance énergétique vis-à-vis de l'étranger. Le contrat passé avec les Emirats devrait ainsi lui permettre de réduire de 1,2 milliard de dollars le montant de sa facture d'achat de gaz naturel. Les alliés occidentaux de la Turquie la pressent notamment de réduire ses achats de gaz auprès de l'Iran, qu'ils soupçonnent de vouloir se doter de l'arme nucléaire. Mais la Turquie a déjà fait savoir qu'elle continuerait à s'approvisionner auprès de son voisin iranien, qui lui fournit déjà 18 à 20% de sa consommation. Pour doper sa production d'électricité, le gouvernement turc souhaite également construire trois réacteurs nucléaires. La Russie a été désignée en 2010 pour construire le premier d'entre eux à Akkuyu, dans le sud du pays. La Turquie négocie actuellement avec la Chine, le Japon, la Corée du Sud et le Canada pour l'installation d'un deuxième réacteur à proximité de la Mer noire et devrait annoncer le nom du vainqueur de l'appel d'offres d'ici la fin du mois de janvier. Les groupes français Areva et japonais Mitsubishi Heavy Industries ont déjà fait part de leur intention de se porter candidat à la construction du troisième.