Le gouvernement irlandais s'est montré confiant dans le fait de parvenir à un accord avec ses créanciers pour réduire le fardeau de sa dette colossale provoquée par le sauvetage de son secteur bancaire. A l'occasion du lancement de la présidence semestrielle de l'UE, le vice-Premier ministre irlandais, Eamon Gilmore, a souligné devant des journalistes étrangers que son pays avait poursuivi son retour sur les marchés financiers en plaçant avant-hier, pour 2,5 milliards d'euros de titres de dette, à un taux de 3,35%. "Cela montre le chemin parcouru" depuis le plan de sauvetage du pays en 2010, a-t-il dit en rappelant que l'Irlande avait retrouvé le chemin de la croissance et était déterminée à être le premier des pays de la zone euro en difficulté à sortir d'un programme d'aide, avant la Grèce et le Portugal. Mais avec un chômage de 14,6%, le double chez les jeunes, et une dette autour de 120% du PIB, "la reprise est très fragile". "Nous aurons besoin du soutien de l'Europe", a-t-il dit. Outre ses efforts pour favoriser la croissance et la création d'emplois, le gouvernement irlandais demande avec insistance depuis plusieurs mois une aide des Européens pour alléger le fardeau de sa dette. Et il compte bien sur ses six mois de présidence pour faire avancer son dossier, alors que se profile pour fin mars une échéance de remboursement de 3,5 milliards d'euros, soit l'équivalent de la réduction du déficit pour cette année, au prix de nouvelles coupes dans les dépenses et hausses d'impôts. Selon Dublin, cela passe par deux mesures: un allongement de la durée de remboursement et des taux d'emprunts contractés auprès de la Banque centrale européenne; une recapitalisation de manière rétroactive par le MES, le Fonds de secours de la zone euro, des banques sauvées en leur temps par l'Etat et donc par les contribuables irlandais. La première doit être décidée par la BCE, avec laquelle des négociations sont en cours, et la seconde passe par un accord avec la zone euro. L'Irlande "s'est engagée à sauver les banques irlandaises, mais aussi les banques européennes des conséquences d'un effondrement des banques irlandaises", a dit M. Gilmore. "Nous avons colmaté la brèche avec nos mains, et on nous a laissé avec les mains sur la brèche", a-t-il ajouté. Le ministre des Finances, Michael Noonan, a assuré avoir "bon espoir que l'Irlande aboutisse à un compromis" sur les deux mesures qu'elle demande, en mettant en garde, en cas d'échec, contre une remontée des taux d'intérêt dont elle bénéficie actuellement sur les marchés. S'agissant de la recapitalisation des banques, les autorités allemandes ont indiqué à plusieurs reprises cet automne que Dublin constituait un "cas particulier" qui serait traité comme tel, mais sans donner plus de précisions.